À Saclay, le projet de dissolution de la Comue suscite l'inquiétude

Laura Makary Publié le
À Saclay, le projet de dissolution de la Comue suscite l'inquiétude
C'est autour de l'université Paris-Sud et de l'UVSQ que se cristallisent les inquiétudes des représentants syndicaux. // ©  EPA Paris-Saclay / OMA
Dissoudre la Comue Paris-Saclay afin de créer un nouvel établissement public : c'est la piste de travail suivie par le "groupe des 7", les sept établissements favorables à davantage d'intégration. Un document de travail a circulé parmi les membres du personnel de ces établissements. Résultat : des inquiétudes exprimées par les syndicats dans l'attente d'une communication officielle.

"La Comue Université Paris-Saclay doit être dissoute au moment de la création de l'uPSaclay", un "nouvel établissement créé sous la forme d'un EPSCP [établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel], expérimental ou dérogatoire". C'est la proposition d'un document de travail du "Groupe des 7" de l'université Paris Saclay, daté du 10 mars 2017, qui a, depuis sa création, circulé dans la presse et au sein des établissements.

Le "groupe des 7" rassemble sept directeurs et présidents d'écoles, d'universités et d'organismes de recherche, établissements intéressés pour figurer dans le "premier cercle" de l'Université Paris-Saclay. Leur objectif ? Travailler sur l'intégration. Y prennent part Hervé Biausser, directeur général de CentraleSupélec, Vincent Berger, directeur de la recherche fondamentale au CEA, Alain Fuchs, président du CNRS, Philippe Mauguin, PDG de l'Inra, Julien Pouget, directeur de l'Ensae ParisTech, Sylvie Retailleau, présidente de l'université Paris-Sud, ainsi que Pierre-Paul Zalio, président de l'ENS Paris-Saclay.

Intégration ou convention d'association

Dans ce document de travail qu'EducPros a consulté, il est précisé que le nouvel établissement rassemblerait "dans leur totalité les établissements actuellement membres de la Comue qui remplissent des critères d'éligibilité et qui ont exprimé, au niveau de leur conseil d'administration, leur volonté de faire partie de l'uPSaclay".

Les autres, notamment Polytechnique et Ensta ParisTech, qui ne souhaitent pas pour le moment aller vers plus d'intégration, concluraient une convention d'association. La marque "Université Paris-Saclay" serait gérée par l'EPSCP et en ferait "bénéficier les établissements de l'écosystème sur certaines actions communes". Et c'est elle qui assurerait "le portage institutionnel et le pilotage stratégique de l'Idex Paris-Saclay".

Disparition de l'Université Paris-Sud ?

Des points qui inquiètent les membres du personnel, "au sein du groupe des 7". Au premier chef desquels le devenir de l'université Paris-Sud, pourtant présente dans les grands classements internationaux, comme celui de Shanghai. "Dans cette université cible, seule l'université Paris-Sud perd son identité morale et juridique. Ce ne sera pas le cas des écoles d'ingénieurs. Cet arrangement paraît bien déséquilibré", souligne l'intersyndicale (SES CGT-Paris-Sud, SNTRS-CGT Paris-Sud, Snesup Cachan et UVSQ, FSU Paris-Sud, SNPREES-FO 91) dans un communiqué diffusé le 29 mars 2017 à l'ensemble des personnels et des enseignants de l'université Paris-Sud. 

Patrick Boumier, représentant SNTRS-CGT, dresse le même constat. "Ce qui se profile, c'est la disparition de Paris-Sud en tant que telle, pour laisser place à des pôles, qui, au mieux, auront le périmètre actuel des UFR. Et tout cela comporte des risques pour les membres du personnel, avec des craintes de suppressions de postes et des questions sur nos conditions de travail", détaille-t-il.

Si l'université intégrée obtient l'Idex, en fera-t-elle profiter ceux qui n'ont pas pu et ceux qui n'ont pas voulu l'intégrer ?
(H. Gispert)

Quid de l'UNIVersité d'ÉVRY et de l'UVSQ ?

Mais les appréhensions sont partagées au-delà du "groupe des 7". Hélène Gispert, enseignante-chercheure et élue FSU à l'université Paris-Sud, s'interroge : "Quels seront les critères pour rejoindre les sept établissements du premier cercle ? Est-ce que cela signifie la sortie de l'université d'Évry et de l'UVSQ ? Si l'université intégrée obtient l'Idex, en fera-t-elle profiter ceux qui n'ont pas pu et ceux qui n'ont pas voulu l'intégrer ? "

"Nous ne pouvons pas accepter que les universités d’Évry et d’UVSQ soient exclues du dispositif parce que pas assez excellentes. Par ailleurs, cette sélection par l’excellence laisse planer le doute sur l’intégration de morceaux d’Évry ou de l’UVSQ, qui seraient considérés comme excellents, ou au contraire, sur la non-intégration de composantes de Paris-Sud qui ne le seraient pas assez", souligne le même communiqué.

une communication qui tarde à venir

Du côté de Versailles-Saint-Quentin également, l'incertitude domine, comme le pointe Brigitte Chauvin, représentante FSU à l'UVSQ. "Nous entendons des choses dans la presse, ou via nos collègues d'autres établissements, mais rien ne nous est dit officiellement par la présidence de l'université. Un conseil d'administration devait se tenir, mais il a été annulé pour des raisons techniques. C'est bien dommage, car cela aurait été l'occasion idéale pour que la présidence nous explique la situation et ses positions", déclare-t-elle.

Résultat, un conseil d'administration extraordinaire a été demandé par les représentants des membres du personnel. "Nous sommes dans le flou total : est-on exclu de cette intégration ? Va-t-on fusionner ou finir dans un EPSCP ? Sous quelles conditions ? Quid de nos valeurs universitaires ? Il y a un grand manque de communication et cela attise tous les fantasmes", regrette Brigitte Chauvin.

Prochaine étape pour calmer les esprits : une communication conjointe du groupe des 7, qui devrait faire part de l'avancée de leurs réflexions d'ici quelques semaines. Pour le moment, la présidence de l'université Paris-Saclay ne souhaite pas s'exprimer sur le sujet.

Laura Makary | Publié le