Universités perdantes à l'IDEX : "On s'y attendait un peu"

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Avaient-ils vraiment des chances de gagner la compétition des Initiatives d'excellence ? Les perdants de l'IDEX : Lille, Montpellier, UEB-Unam [Université européenne de Bretagne - Université Nantes Angers Le Mans], Paris-Est, Bourgogne Franche-Comté, et Nanterre (présent seulement en seconde vague), n'en sont pas totalement convaincus, à l'heure où les derniers candidats à l'Initiative d'excellence déposent leurs dossiers, le 8 décembre 2011.

L’excellence est partout ! Chez les plus grands comme les plus petits. Valérie Pécresse , alors ministre de l’Enseignement supérieur, avait donné cette assurance , lors du lancement de la compétition des Investissements d’avenir, visant à labelliser l'excellence dans l'enseignement supérieur français.

Une règle qui, selon les candidats malheureux aux deux vagues de sélection de l’IDEX, ne se vérifie pas forcément, en tout cas pour la brique "suprême" du Grand emprunt.

"Si c'est une question de densité scientifique, les dés sont pipés !"

La taille et le potentiel scientifique auraient en effet pénalisé le regroupement lillois, le PRES Paris-Est ou encore le projet de Bourgogne Franche-Comté, selon leurs porteurs.

"Notre dynamisme et nos immenses progrès sur le potentiel scientifique nous laissaient penser que le jury pourrait soutenir un petit projet"

"Nous avons environ 1.500 doctorants, nous produisons 250 à 300 docteurs par an. C’est évidemment bien en retrait par rapport aux établissements parisiens présents dans les projets retenus", confie Bernard Saint-Girons , à la tête du PRES Paris-Est.

"Si c’est une question de densité scientifique, comme cela semble être le cas vu les notes du jury, les dés sont pipés ! s'énerve Pierre Mathiot , directeur de Sciences po Lille. Quel que soit notre projet, nous ne pouvions résoudre un problème historique de sous-dotation de la Région en chercheurs."

"Notre dynamisme et nos progrès nous laissaient penser que le jury pourrait soutenir un petit projet"

La présidente de l’université de Bourgogne et du PRES Bourgogne Franche-Comté, Sophie Béjean , espérait néanmoins convaincre grâce à des arguments supplémentaires.

"Avec notre taille moyenne, nous savions que nous n’étions pas spécialement attendus dans cette compétition, reconnait la présidente. Mais notre dynamisme et nos immenses progrès concernant le potentiel scientifique nous laissaient penser que le jury pourrait soutenir un petit projet", admet la présidente.

"Je m’y attendais un peu : notre projet est totalement en dehors des canons actuels"

Bien que la liberté de se structurer de la manière la plus adéquate avait également été affirmée au départ, certains voient dans cet échec une question de gouvernance, non conforme au format attendu par le jury.

"Nous n’avons pas su convaincre sur la gouvernance, avec des lieux d’excellence disséminés sur le territoire. Je m’y attendais un peu : notre projet est totalement en dehors des canons actuels, qui veulent des concentrations ou des fusions d’établissements. Nous, nous les mettons en réseau", juge Yves Lecointe , président de l'université de Nantes (projet UEB-Unam).

Les règles ont changé en cours de route

"Les autres briques remportées montrent que nous ne sommes pas exclus du Grand emprunt, comme on pouvait le craindre au départ"

Le président de l’université de Montpellier 1, à la tête du PRES, Philippe Augé , affirme quant à lui que les règles ont changé en cours de route. 

"Lorsque l'appel à projet avait été présenté, il avait été dit qu'il fallait obtenir d'abord des briques, comme les Labex et Equipex, et que les IDEX, "chapeau" de l'édifice, iraient aux sites les plus reconnus par ces appels à projets précédents. Entre temps, cette logique a évolué vers un outil de regroupements de structures", commente le responsable.

Un changement de cap qui jouerait en défaveur du projet montpelliérain, bien doté sur les autres appels du Grand emprunt, mais dans une situation plus compliquée concernant le rapprochement des établissements

Lot de consolation : les autres appels d'offre du Grand emprunt

Ces autres appels à projets ont toute leur importance pour les ex-candidats à l'IDEX. "Ces briques remportées montrent que nous ne sommes pas exclus du Grand emprunt, comme on pouvait le craindre au départ, lors de la publication des premiers résultats Labex-Equipex avec une carte très inquiétante ", juge Yves Lecointe.

"Il y a de l’excellence chez nous, insiste Sophie Béjean, j’espère bien qu’elle sera valorisée. C’est le cas pour l’instant avec les autres briques du Grand emprunt, mais ce n’est pas suffisant". La présidente compte bien rebondir avec les seconds rounds des autres appels à projets en cours.

Lire aussi : Grand emprunt : il y a une vie après l’IDEX

Sur les blogs EducPros

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