2004-2014 : le palmarès des villes qui attirent le plus les étudiants

Pierre Falga, Philippe Mandry (infographie) Publié le
2004-2014 : le palmarès des villes qui attirent le plus les étudiants
Paris, Lyon et Toulouse confirment leur attractivité étudiante. // ©  Phovoir
À l’occasion des 10 ans du palmarès des villes de l’Etudiant, EducPros analyse l’évolution, par site, des effectifs étudiants entre les rentrées 2004 et 2014. Résultats ? La hausse nationale du nombre d’étudiants ne touche pas toutes les agglomérations de la même manière.

Chaque année, le nombre d'étudiants français franchit un nouveau record historique. Lors de la rentrée 2014-2015, ils étaient 2.471 millions, soit près de 200.000 étudiants supplémentaires en dix ans. Mais toutes les villes universitaires n'en profitent pas de la même façon, selon l'analyse d'EducPros.

En croissance relative, Troyes détient la palme : près de 32 % de hausse en dix ans, devant Nîmes (+ 31 %) et La Rochelle (+ 30 %). Mais ces trois villes sont de petits centres universitaires, de création récente, et, si leurs campus sont en plein développement, leurs effectifs restent limités et compris entre 8.000 et 13.000 étudiants.

Président de la CPU (Conférence des présidents d'université), Jean-Loup Salzmann relève "les belles performances des universités récemment créées. À de rares exceptions près, elles bénéficient d'une logique de proximité et de facilités pour le logement de leurs étudiants. De plus, elles ont souvent su se positionner sur des créneaux originaux, très pointus, à l'exemple de La Rochelle, dans le domaine du développement durable, ou d'Avignon, sur les thèmes de l'art et de la culture."

50.700 étudiants de plus en dix ans à Paris, 27.600 à Lyon

"En masse", l'évolution est plus spectaculaire. Malgré les difficultés persistantes de logement et de transport, Paris demeure une destination phare pour les étudiants français, attirant 50.000 nouveaux étudiants en dix ans. Ils étaient 586.000, ils sont désormais 637.000. En valeur relative toutefois, sa progression (8,6 %) est moins forte que la moyenne nationale (9 %).

Brillant second, Lyon affiche 27.600 étudiants de plus en dix ans – ce qui représente une hausse de près de 23 %, la quatrième plus forte dans tout l'Hexagone – et approche le seuil des 150.000 étudiants. "Lyon profite à la fois de la dynamique démographique favorable de sa région, souligne François Rio, délégué général de l'Avuf, (Association des villes universitaires de France), et d'une offre d'enseignement privé qui a explosé ces dernières années."

Pour David Kimelfeld, premier vice-président (PS) de la Métropole de Lyon, l'embellie révélée par les chiffres "tient à plusieurs facteurs : la qualité des formations dispensées, bien sûr, mais aussi le dynamisme général de la métropole lyonnaise. Quand un jeune vient étudier à Lyon, il sait qu'il a toutes les chances d'y trouver un job d'étudiant puis ensuite un poste, cela compte beaucoup. Enfin, il y a ici une très forte capacité à travailler ensemble, entre les élus, les chefs d'entreprise et les universitaires. Lyon offre une vraie communauté, qui transcende les différences entre public et privé, et contribue à ce que tous les acteurs locaux choisissent de développer ses atouts universitaires."

Quand un jeune vient étudier à Lyon, il sait qu'il a toutes les chances d'y trouver un job d'étudiant puis ensuite un poste, cela compte beaucoup.
(D. Kimelfeld)

Bordeaux, Lille, Toulouse : un dynamisme économique attractif

Avec de 11.000 à 14.000 étudiants supplémentaires, trois villes se distinguent ensuite : Bordeaux, Lille et Toulouse. Puis viennent Montpellier, Nantes, Rouen, Angers, Strasbourg et Rennes, six grandes villes universitaires qui ont vu leurs effectifs grossir de 5.000 à 10.000 étudiants.

Jean-Luc Moudenc, le maire (LR) de Toulouse, insiste non sur la politique volontariste mise en place pour accueillir les étudiants mais sur les atouts économiques de sa ville : "C'est ici que le dynamisme de l'emploi est le plus fort en France, les étudiants savent qu'à l'issue de leurs études, ils ont toutes les chances de trouver un emploi sur place."

Isabelle Pellerin, vice-présidente (PS) de Rennes Métropole, énumère les atouts de la capitale de la Région Bretagne : "Des conditions de logement favorables, des transports faciles et un dynamisme associatif et culturel reconnu."

Parmi les autres villes universitaires qui se différencient par leur dynamisme, "Nantes et Angers, mais aussi Rennes, Brest et Le Mans, bénéficient du rattrapage du taux de scolarisation après le bac qui s'opère dans tout l'Ouest de la France, analyse François Rio, de l'Avuf. Montpellier fait preuve d'une réelle attractivité, dont Nîmes profite aussi, beaucoup de nouvelles universités ont réussi leur entrée et ont convaincu de la qualité de leur offre. C'est le cas pour La Rochelle, Troyes, Le Havre et Avignon mais aussi pour Albi ou Belfort-Montbéliard, qui ne figurent pas dans votre tableau."

Beaucoup de nouvelles universités ont réussi leur entrée et ont convaincu de la qualité de leur offre.
(F. Rio, Avuf)

Aix-Marseille, Nice, Grenoble marquent le pas

Dans ce paysage où la progression des effectifs étudiants domine, quelques villes marquent le pas : Nice (42.000 étudiants, mais seulement 3.000 de plus en dix ans), Grenoble, pourtant première du palmarès 2016 (58.000 étudiants, + 2.200), Nancy, Clermont-Ferrand, Dijon et Caen stagnent, tout comme Aix-Marseille.

La métropole du sud-est comptait 89.200 étudiants en 2004-2005 et seulement 500 de plus dix ans plus tard. Interrogé sur le phénomène, Yvon Berland, le président d'Aix-Marseille Université, préfère souligner la progression de ses effectifs depuis la fusion des trois entités.

Parmi les causes, l'image de la métropole marseillaise. "Lorsqu'ils doivent choisir leur lieu d'études, les étudiants de Kedge sont 1,5 fois plus nombreux à opter pour Bordeaux, nous confie un bon observateur du milieu. Et ceux du concours commun de l'école d'ingénieurs Centrale préfèrent eux aussi Lille et Nantes à Marseille."

Toulon, Mulhouse, Perpignan... Huit villes perdent des étudiants

Enfin, huit villes sur 43 voient leur nombre d'étudiants reculer ces dix dernières années : Toulon, Mulhouse, Besançon, Orléans, Poitiers, Metz, Douai-Lens et Perpignan. Orléans paie sans doute sa proximité avec Paris, Metz a du mal à lutter contre l'appel des entreprises du Luxembourg tout proche. Besançon, comme d'autres villes de l'est de la France (Dijon et Nancy, notamment), doit composer avec un réservoir de jeunes qui diminue plus vite qu'ailleurs. La carte universitaire française se recompose lentement mais sûrement.

Pour consulter les données brutes, cliquez sur l'onglet "évolution brute".
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Aller plus loin
- Retrouvez tous les résultats du palmarès 2016 des villes où il fait bon étudier sur letudiant.fr
- Le programme de la conférence EducPros du 28 septembre 2016 "Écoles, universités, collectivités : 10 solutions pour mieux travailler ensemble"

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