Facile de publier dans les meilleurs journaux ? Loin de là, à en croire Rodolphe Durand, professeur de stratégie à HEC depuis quinze ans. Le chercheur a beau avoir publié de manière répétée dans des journaux d'excellence, il a aussi connu quelques moments difficiles, comme il en témoigne lorsqu'on l'interroge sur son expérience : “Il m'est déjà arrivé d'avoir trois articles rejetés le même mois au troisième tour, c'est dur.”
Avec des taux de rejet allant de 70 à 95% dans les meilleures revues, publier est un sport de haut niveau. “C'est un travail laborieux et artisanal, nous explique ainsi le professeur d'HEC. Si on arrête à un moment, c'est presque impossible de revenir dans la course, car on aura interrompu ce processus de sans cesse relancer de nouvelles idées et collaborations.”
Cette opinion n'est pas un cas isolé. René Garcia, de l'Edhec, la partage. À ses yeux, les chercheurs n'ont rien à envier aux athlètes. “Comme pour Lavillenie, qui essaye de passer six mètres à chaque sortie, cela demande énormément d'effort. Il y a le talent, mais surtout le travail.”
Si on arrête à un moment, c'est presque impossible de revenir dans la course.
(R. Durand)
Une course de fond
Tous les chercheurs sont d'accord : il est difficile de travailler sur plus de cinq ou six articles en même temps. Entre la collecte de données, l'écriture et les nombreux tours de relecture, publier prend toujours énormément de temps, comme s'en amuse Louis Eeckhoudt, professeur à l'Ieseg. “Comme exemple extrême, j'ai publié en 2013 un papier très court de cinq pages que j'avais mis cinq ans à écrire.”
Une durée qui fera sourire René Garcia, habitué aux cas les plus cocasses : “Entre le moment de l'idée du papier et celui de publier l'article, il peut se passer trois ou quatre ans. Mais parfois, c'est beaucoup plus long. Quand j'étais étudiant en thèse, j'ai écrit un article que je n'ai pas réussi à passer et que j'ai dû laisser de côté. Dernièrement, la thématique est revenue à la mode, je l'ai ressorti, retravaillé et enfin publié, plus d'une vingtaine d'années plus tard."
Qui sont les profs stars des écoles de commerce ?
Enseignant | 2013 | 2012 | Total | École |
EECKHOUDT Louis | 3 | 2 | 5 | IESEG |
THESMARD David | 3 | 1 | 4 | HEC |
ARREGLE Jean Luc | 2 | 2 | 4 | EM Lyon |
LELEU Hervé | 3 | 1 | 4 | IESEG |
DURAND Rodolphe | 1 | 2 | 3 | HEC |
FOUCAULT Thierry | 1 | 2 | 3 | HEC |
VIEILLE Nicolas | 3 | 0 | 3 | HEC |
LIOUI Abraham | 2 | 1 | 3 | EDHEC |
MARTI Ignasi | 2 | 1 | 3 | EM Lyon |
ZHOU Wei | 2 | 1 | 3 | ESCP Europe |
DUBOIS David | 0 | 2 | 2 | HEC |
DUSSAUGE Pierre | 1 | 1 | 2 | HEC |
HEGE Ulrich | 1 | 1 | 2 | HEC |
PACHECO DE ALMEIDA | 1 | 1 | 2 | HEC |
PEYRACHE Eloïc | 2 | 0 | 2 | HEC |
ROSENBERG Dinah | 2 | 0 | 2 | HEC |
TOMALA Tristan | 1 | 1 | 2 | HEC |
VALTA Philip | 0 | 2 | 2 | HEC |
BOEHMER Ekkehart | 2 | 0 | 2 | EDHEC |
GARCIA René | 0 | 2 | 2 | EDHEC |
LOPEZ DE SILANES Florencio | 2 | 0 | 2 | EDHEC |
MELLA-BARRAL Pierre | 2 | 0 | 2 | EDHEC |
PALOMINO Frederic | 2 | 0 | 2 | EDHEC |
MILLER Toyah | 2 | 0 | 2 | EM Lyon |
LE GRAND François | 1 | 1 | 2 | EM Lyon |
OLIVEIRA Fernando | 1 | 1 | 2 | ESSEC |
KRESTENS Kristiaan | 1 | 1 | 2 | IESEG |
CAYLA Julien | 1 | 1 | 2 | KEDGE |
BEL Roland | 1 | 1 | 2 | KEDGE |
BODAS FREITAS Isabel-Maria | 2 | 0 | 2 | GRENOBLE EM |
DE BODT Éric | 1 | 1 | 2 | SKEMA |
SCHUMACHER Ingmar | 0 | 2 | 2 | IPAG |
Nombre d’articles publiés dans des revues de catégories 1 et 1* en 2012 et 2013 par professeur. Données recueillies dans le cadre du palmarès des grandes écoles de commerce de L’Etudiant.
Afin d'évaluer la recherche dans les domaines de la gestion et du management, les milieux académiques ont mis au point des "classements" des revues. En France, les listes les plus connues et utilisées sont celles de la Fnege et du CNRS. Elles comptent chacune cinq catégories allant de la note 4 (la plus faible) à la note 1 (la plus forte) auxquelles s'ajoute une catégorie spéciale, notée 1* ou 1eg, selon la liste, et qui réunit quelques journaux d'excellence. Ces listes sont notamment utilisées par la CEFDG pour attribuer le grade de master, et par les différents organismes de presse pour classer les écoles. À l'international, la liste FT ("Financial Times") répertorie les meilleures publications et est prise en compte pour le classement du journal. Autre classification reconnue outre-manche, celle de la fameuse London Business School.
En France, de nombreuses écoles se servent de ces listes pour attribuer des gratifications financières et des grades à leurs professeurs afin de les inciter à la recherche. Certaines institutions ont même créé leur propre liste, comme HEC, dont les revues cibles sont notées A et A+. L'EM Lyon valorise plus de 700 publications dans des champs autres que le management, telles les très connues "Nature" et "Sciences".