Viva Espana !
3 millions : c’est le nombre d’étudiants que le Parlement souhaite voir participer au dispositif Erasmus en vue de doubler l’effectif d’ici à 2013. C’est aussi – effet du hasard... – le nombre de spectateurs ayant vu L’Auberge espagnole, qui contribua largement à la popularité de ce programme de mobilité. À ce jour, 240 000 Français se sont « repassé le film ». L’Espagne étant d’ailleurs leur destination préférée, adoptée par 24 % des 22 500 jeunes qui sont partis en 2005-2006, juste après le Royaume-Uni (20 %) et l’Allemagne (13 %).
Sur place, ils restent en moyenne sept mois et perçoivent une bourse dont le montant moyen mensuel était de 124 € en 2005-2006 (110 € l’année précédente), sans tenir compte des autres aides possibles (notamment celles octroyées par les collectivités locales). Cette somme justifie sans aucun doute le recours au système D pour vivre à l’étranger, comme l’illustre le film de Cédric Klapisch, et fait surtout dire à la Commission européenne qu’il faut ouvrir Erasmus « à davantage d’étudiants, en particulier à ceux qui ne font pas partie des privilégiés ».
Une enveloppe à partager
La Commission a également demandé que le montant minimal de la bourse Erasmus atteigne 200 € avant 2013. « C’est déjà le cas dans certains pays de l’Union européenne, mais la France est en bas du tableau », rappelle Valérie Houvert, responsable du programme Erasmus en France. Le budget alloué est conséquent – 370 millions d’euros à l’échelle européenne en 2007,dont 40 millions environ pour la France –, mais sans doute pas assez élevé pour répondre aux nouvelles ambitions.
Les 429 établissements d’enseignement supérieur qui ont utilisé Erasmus en 2005-2006 seront-ils, dans les années à venir, pris en tenaille entre le souci de faire partir plus de monde avec moins d’argent ou vice versa ? « Ces derniers reçoivent une enveloppe globale à chaque rentrée universitaire qu’ils répartissent eux-mêmes, explique Valérie Houvert. Pour un séjour étudiant, par exemple, ils ont le choix entre ne pas délivrer de bourse ou en donner une, avec un seuil de 50 € au minimum et un plafond de 300 € au maximum. »
Toujours plus d’Erasmus
À compter de la prochaine rentrée universitaire, les moyens affectés devront aussi être utilisés pour les nouveaux champs d’action d’Erasmus adoptés par le Parlement. Au premier rang figure le financement des stages étudiants en Europe, auparavant inclus dans le programme Leonardo. « Dans ce cadre, le montant minimal de la bourse est de 500 € », précise Valérie Houvert. Autre nouveauté : les personnels techniques et administratifs, ainsi que des salariés d’entreprises européennes, pourront aussi prétendre au dispositif.
Quant aux enseignants (2 134 en France sont partis en 2005-2006), ils pourront désormais solliciter un financement Erasmus pour se former ou participer à un colloque, et non plus seulement pour enseigner. Selon Valérie Houvert,« l’objectif des trois millions d’étudiants sera sans aucun doute atteint en 2013.Erasmus a connu des débuts confidentiels, mais, en France, nous avons une croissance d’environ mille nouveaux étudiants par an. Il paraît plus difficile d’accroître le montant des bourses avec le budget actuel. »