Sommaire du dossier
- « Palmarès et classements : la formation et la recherche sous tension » (Michel Lussault)
- « Étude de la mondialisation des classements universitaires » (Susan L. Robertson et Kris Olds)
- « Faces visibles et cachées des classements internationaux : une tentative de modélisation des tensions dans le supérieur » (Jean-Marie de Ketele)
- Interview de Jean-Marie de Ketele, professeur émérite de l’université catholique de Louvain : « Les effets pervers du publish or perish apparaîtront tôt ou tard »
- Webometrics 2010 : les universités africaines dominées par l’Afrique du Sud
- PISA : la France a aussi instrumentalisé ses résultats
- « Revue internationale d’éducation » : en savoir plus
Selon les deux auteurs, le succès des classements internationaux repose sur trois grandes explications : comme projet intrinsèque visant la responsabilisation et la transparence, comme partie d’un ensemble de stratégies de compétition et transformations des universités, et enfin comme manifestation d’un processus plus large de mondialisation qui affecte l’enseignement supérieur. Ces trois thèses développées plus longuement constituent les trois parties de l’article. C’est dans la dernière partie consacrée à la transformation du savoir au sein de la société que se trouve la réflexion la plus nouvelle sur ces questions.
Les classements : un enjeu économique lourd
Kris Olds y aborde la question de l’enjeu économique de la collecte des données pour les sociétés spécialisées dans la fabrication des classements. Il s’interroge sur le manque d’intérêt général ou d’informations collectées auprès des principaux acteurs des rankings, ceux qui les produisent, à savoir les entreprises privées comme Elsevier (créateur de Scopus), Thomas Reuters (ISI Web of Knowledge) ou encore Quacquarelli Symonds (QS) et TSL Education. Pourquoi ces sociétés introduisent-elles une logique de classement annuel là où les gouvernements réalisent des enquêtes sur des intervalles plus longs ? Réponse de Kris Olds : ces données, de plus en plus nombreuses et lourdes à gérer pour les universités (70 champs de données à remplir pour le classement de QS), nourrissent des bases de données qui peuvent alimenter le développement de services supplémentaires payants. L’objectif des entreprises « consisterait donc à utiliser les résultats des classements internationaux annuels pour mettre à jour des bases de données payantes et consolider l’expertise interne desdites entreprises. »
Émergence de réseaux
En conclusion, les auteurs mettent en évidence l’émergence de réseaux de pouvoir et d’expertise et l’effet de démultiplication de l’influence des classements (ou amplification de la vague pour rester dans le modèle de Walby), dans la mesure où ces derniers rassemblent et connectent réseaux et institutions sociales au sein d’un assemblage nouveau en continuelle évolution.
Mathieu Oui
7 octobre 2010
Fabienne Guimont et Mathieu Oui | Publié le
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