Lettres, langues, sciences humaines et sociales : les doubles cursus sur le terrain des classes prépas

Dossier réalisé par Fabienne Guimont
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Si certaines universités conservent leurs licences classiques en l’état, d’autres ont décidé de s'ouvrir avec la volonté d'attirer de très bons élèves. Les doubles cursus se sont multipliés dans les universités avec la perspective de «recruter» des bacheliers tentés par des prépas ou qui se censuraient pour s’y porter candidat. Et les nouvelles hypokhâgnes et khâgnes ouvertes sont le plus souvent des classes partenariales entre un lycée et une université.



Spécialiste dans cette catégorie, Paris-Sorbonne a ouvert près d’une trentaine de doubles cursus en interne en rapprochant deux disciplines ou en partenariat avec d’autres universités comme Panthéon-Assas, l’UPMC et avec Sciences po Paris. Au total, les étudiants inscrits dans ces doubles cursus représentent désormais 16% des effectifs de licence de Paris-Sorbonne.

Les licences classiques dopées par les doubles cursus


«Les étudiants de ces formations étaient ceux qui demandaient les classes prépas sur APB. Les volumes horaires sont très élevés et ils étudient une ou deux langues. Pour les cursus avec des établissements externes, la troisième année se déroule obligatoirement en mobilité internationale. La maîtrise d’une science humaine et d’une langue est très recherchée sur le marché du travail», détaille Dominique Prévot, déléguée à la pédagogie auprès du président de Paris-Sorbonne et à l’origine de cette diversification de l’offre de formation en licence. «Ce sont des étudiants très motivés. Les taux de réussite dépassent les 75% – voire 100% pour certains cursus externes – contre 54% en L1.»

«Nous n’avons pas eu de baisses d’effectifs en première année dans les licences monodisciplinaires, qui ont été au contraire dopées par les bicursus dont les étudiants suivent les mêmes cours et TD», se réjouit Dominique Prévot. Certaines universités en revanche concèdent être prises en tenaille entre des doubles cursus qui relèvent le niveau et l’attractivité de l’université mais grèvent leurs effectifs totaux. Pour la responsable de Paris-Sorbonne, les avantages l’emportent. «Ces doubles cursus tirent les groupes vers le haut. Cela pourrait inciter les licences monodisciplinaires à modifier leurs contenus en ajoutant des enseignements de méthodologie et à créer de nouveaux masters comme histoire/anglais.»

Des poursuites d’études plus larges

À l’université Paris-Est-Créteil (UPEC), la revalorisation de l’image de la fac est passée par l’ouverture de sept doubles licences accueillant quelque 300 étudiants, avec l’ambition d’offrir des poursuites d’études plus larges en masters et vers les concours de l’ENA, des IEP ou des écoles de journalisme. La huitième double licence qui devrait ouvrir dépasse le périmètre des sciences humaines en mêlant géographie et biologie. Comme Paris 13 avec le lycée Gustave-Monod d’Enghien, l’UPEC a ouvert une prépa lettres en partenariat avec le lycée Léon-Blum de Créteil. Avec toujours l’intention de drainer de meilleurs étudiants vers ses masters.

Transdisciplinarité : stop ou encore ?

D’autres universités misent sur des transdisciplinarités plus originales avec des cursus tridisciplinaires comme à Lyon 3 avec une licence de lettres, philosophie et langues, ou à l’université d’Artois avec une licence de lettres, histoire, droit.

Si l’UNEF prône la mise en place de licences pluridisciplinaires notamment en première année, ces rapprochements trouvent par ailleurs leurs détracteurs. Yves Jean, président de la CDUL (Conférence des doyens et directeurs d’UFR de lettres, langues, arts et SHS), annonçait à EducPros que sa Conférence «a pris position pour rappeler l’importance, dès la L1, d’acquérir la méthodologie autour d’une discipline. C’est la clef de l’apprentissage de l’autonomie de l’étudiant. Sinon, on risque le zapping et l’acquisition de connaissances superficielles.» Dans ces licences pluridisciplinaires lettres-langues-SHS, les taux d’abandons sont d’ailleurs très élevés. Entre la première et la troisième année, les inscrits chutent de 60%. Les universités de LLSHS cherchent la bonne formule «disciplinaire» encore à tâtons.


Lire ou relire les billets de Michel Lussault « Les humanités : pourquoi, pour qui ? ».
Volet 1.
Volet 2.

Dossier réalisé par Fabienne Guimont
Février 2012


Dossier réalisé par Fabienne Guimont | Publié le