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Dans les établissements du supérieur, les réseaux de diplomés diversifient leurs missions

Camille Jourdan Publié le
Dans les établissements du supérieur, les réseaux de diplomés diversifient leurs missions
L'objectif des associations d'alumni est de maintenir le lien entre les diplômés d'une école. // ©  Adobe Stock/ImageFlow
Alors que la plupart des écoles sont dotées d'un réseau de diplômés, on peut s'interroger sur le rôle de celui-ci à l'heure des réseaux professionnels comme LinkedIn. Dans ce contexte, les associations d'alumni diversifient leurs actions, depuis plusieurs années.

"Aujourd'hui, l'écrasante majorité des écoles ont une association d'alumni", affirme Nicolas Glady, vice-président de la CGE (Conférence des Grandes Écoles), en charge de la commission Formation et Carrières.

Juridiquement indépendantes ou intégrées aux services des écoles, ces associations poursuivent un même objectif principal : maintenir le lien entre les diplômés. À l'université aussi, de telles structures se développent. Mais quelles sont leurs actions, à l'heure des réseaux professionnels en ligne ?

Utiliser les réseaux professionnels comme appui

"Historiquement, l'annuaire [des diplômés] était un argument majeur d'adhésion, car il contenait les adresses postales et les coordonnées de tous les membres", observe Théophile Cantelobre, délégué général adjoint bénévole de Mines Paris Alumni.

Aujourd'hui, ces annuaires sont dématérialisés, et enrichis de moteurs de recherche. L'une des activités principales des réseaux d'alumni reste donc de tenir à jour ces bases de données, même à l'heure de LinkedIn.

"Les réseaux comme LinkedIn nous ont déstabilisés, reconnaît Stéphane Pusateri, cofondateur et vice-président de l'association des diplômés de l'IEP de Grenoble. Mais nos réseaux sont complémentaires ; le nôtre est plus homogène, et donne accès à des données vérifiées et précises."

Paul Casamatta, chargé des relations alumni à TSM (Toulouse School of Management), considère LinkedIn "comme un outil". "C'est notre principal canal de communication pour et entre alumni. Il présente plusieurs avantages […], notamment d'être connu de tous et utilisé par une grande partie des professionnels à l'échelle mondiale."

À TSM, les diplômés peuvent ainsi rejoindre des groupes LinkedIn dédiés à des zones géographiques, des secteurs, ou à la création d'entreprises.

Au delà de l’annuaire, le lien humain

Mais la constitution d'un carnet d'adresses est loin d'être la seule activité des associations de diplômés, réseaux sociaux ou non.

Organisation de conférences, mentorat, publication d'offres d'emplois, clubs professionnels ou de loisirs… "Il y a beaucoup de lien humain et d'entraide", résume Théophile Cantelobre.

"De plus en plus de réseaux d'anciens adoptent des 'raisons d'être", ajoute Nicolas Glady. Une façon de donner du sens à leurs actions et de "fédérer les alumni autour d'une vision commune", précise Géraldine Fonty, déléguée générale de CentraleSupélec Alumni.

Ce sont les alumni qui font la réputation d'une école (N.Glady, vice-président de la CGE et directeur de Télécom Paris)

Parmi les thèmes inscrits dans ces "raisons d'être" : les questions sociétales, sociales et environnementales. "Nous pensons que nos alumni ont des choses à dire sur ces débats, estime Théophile Cantelobre, c'est pourquoi nous organisons aussi des événements ouverts au public, qui permettent à nos talents de rayonner en dehors de l'école."

Un triptyque école, fondation et réseau d'alumni

"Ce sont les alumni qui font la réputation d'une école", confirme Nicolas Glady. La force du réseau d'une formation est d'ailleurs un critère de sélection pour les étudiants. "Nous nous appuyons donc sur les alumni dans nos réflexions stratégiques", ajoute celui qui est aussi directeur de Télécom Paris.

Ainsi, les diplômés sont souvent intégrés aux conseils d'administration de l'établissement dont ils dépendent, même s'ils sont parfois conviés à titre d'observateurs, comme à l'IEP de Grenoble : "Les diplômés sont d'une telle richesse, ils pourraient être associés davantage", remarque Stéphane Pusateri.

D'autres fois, une réelle "gouvernance croisée" est mise en place : "Pour construire son nouveau plan stratégique 2024-2028, la direction de l'école a mobilisé des alumni, à travers des ateliers, illustre Martin Barbier, délégué général d'EDHEC Alumni. Et je valide avec l'école les options de notre association, pour qu'elles soient cohérentes avec ce plan stratégique."

Des alumni sollicités pour les levées de fonds

Les associations de diplômés entretiennent également des liens forts avec les fondations, ou fonds de dotation, de leur établissement. "Lors des levées de fonds, on s'appuie sur les réseaux d'alumni, qui servent de relais aux fondations", expose Nicolas Glady.

"Le mécénat augmente, car la culture du mécénat croît en France, complète Théophile Cantelobre. Dans un contexte de coupes budgétaires, la fondation est là pour faire face aux imprévus. Les alumni sont de plus en plus sollicités, mais sont attristés par le fait qu'il faut dépendre de l'argent privé pour subvenir aux besoins des étudiants."

"L'enjeu principal des associations d'alumni reste de mobiliser les diplômés, et notamment les jeunes", analyse Nicolas Glady.

"Souvent, les alumni rejoignent l'association quand ils ont un accident de carrière, observe Géraldine Fonty, mais l'objectif serait de leur montrer la puissance d'un tel réseau pour la valeur de leur diplôme, tout au long de leur parcours professionnel."

Camille Jourdan | Publié le