Grenoble École de management teste la salle de classe du futur

Cécile Peltier
Publié le
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La salle de classe du futur selon GEM - DR
La salle de classe du futur selon GEM - DR
GEM abrite depuis décembre 2012 le premier point relais SMART Technologies pour l’enseignement supérieur. Un véritable laboratoire pédagogique pour l’école de management.

Au revoir tableaux blancs, feutres effaçables, rétroprojecteur et professeur qui «diffuse son savoir du haut de sa chaire». Bienvenue espaces vitrés et modulables, tableaux numériques interactifs et pédagogie interactive. La salle de classe nouvelle génération est là ! Grenoble École de management, qui teste depuis un an les solutions collaboratives de SMART Technologies, a inauguré fin 2012 le premier point relais SMART pour l’enseignement supérieur de France. La salle, équipée par l’entreprise pour un montant d’environ 25.000 euros, servira de showroom aux écoles de l’académie de Grenoble et aux entreprises du bassin.

Former les enseignants

De son côté, l’école de commerce utilisera cet espace vitré de 18 m2 pour former et accompagner ses enseignants dans leur pratique quotidienne des techniques numériques et des logiciels pédagogiques. À leur disposition : trois tableaux numériques interactifs (TNI), «qui combinent la simplicité d'un tableau blanc classique et la puissance d'un ordinateur», une dalle interactive à stylet, un câble de lancement automatique et bientôt une imprimante 3D, qui permet de créer des objets. «Les enseignants qui le souhaitent doivent pouvoir les essayer afin d’en mesurer les potentialités», explique Jean-François Fionira, directeur de l’ESC Grenoble.

Le TNI devrait par exemple permettre aux enseignants de sauvegarder l’ensemble de leur cours au fur et à mesure qu’ils le déroulent, puis de le stocker sur un espace partagé ensuite accessible par l’étudiant. À l’ère des MOOC (Massive Online Open Course) et des réseaux sociaux, un moyen bien entendu de développer l’enseignement à distance. Via ces outils, les professeurs auront également accès aux logiciels de réunion à distance et de création de ressources pédagogiques. «L’objectif est d’expérimenter afin d’optimiser les cours qui dépassent le cadre de la classe en faisant de l’élève l’acteur de sa formation, pas d’imposer ni de tout bouleverser», rassure Jean-François Fiorina.

Une salle de classe accessible 24h/24

Choisis chaque année en raison de leur appétence pour l’innovation, les 40 étudiants de première année du programme grande école du TD «Innovation» sont chargés d’essayer et d’évaluer les nouveaux concepts : Ipad, serious games, nouveau cours de management pratique de l’information, etc. Mais tous les étudiants auront également la possibilité de manier ces outils qu’ils «rencontreront de plus en plus en entreprise».

L’objectif est d’expérimenter afin d’optimiser les cours qui dépassent le cadre de la classe en faisant de l’élève l’acteur de sa formation


Le labo préfigure «la salle de classe du futur», plus proche du concept que du vieux cube en béton : «Accessible vingt-quatre heures sur vingt-quatre via une tablette, un smartphone devra, de n’importe quel point de la planète, être avant tout un lieu d’interactions», commente Marc Humbert, directeur du centre e-learning de l’école. «Elle sera la plus transparente possible afin de favoriser les échanges qui permettent l’apprentissage», ajoute Marc Humbert, qui rêve de pouvoir écrire sur les murs en 2015.

Toutes les salles équipées d’ici trois ou quatre ans


Pour l’instant, cinq salles de classe comprennent ce type d’outils. «D’ici trois à quatre ans, l’objectif est que toutes les salles soient équipées», indique Jean-François Fiorina. Pour cela, l’école devra surmonter des difficultés de trois ordres : pédagogique (les matières se prêtent plus ou moins à ces nouvelles pédagogies), logistique (difficulté d’équiper les grandes salles) et financier. Un équipement d’une telle ampleur représente un investissement de plusieurs centaines de milliers d’euros. Mais Jean-François Fiorina a déjà des idées : «On peut imaginer pas mal de formules de partenariat avec des équipementiers ou avec des entreprises qui sont très friandes de ce type de nouvelles technologies pour leurs salariés.»

Une soutenance de stage «on stage»
GEM, qui intègre depuis une quinzaine d’années dans sa réflexion pédagogique la notion de développement personnel, propose depuis 2011 aux étudiants de l’ESC de troquer la soutenance de stage classique par l’écriture d’une pièce de théâtre. À chaque fois, le principe est le même : écrire une saynète d’une quinzaine de minutes, abordant les principales problématiques rencontrées en entreprise. Souvent poussés à la «caricature», les thèmes mis en scène sont variés : difficulté de l’entreprise à attirer des candidats, (non)-considération du stagiaire, difficultés de management, jargon professionnel…

Le jour J, les étudiants se produisent par groupe de deux ou trois devant le professeur de théâtre et parfois du maître de stage lorsqu’il fait le déplacement. Yann Roche, professeur à l’initiative de l’opération, loue les «vertus» de l’écriture théâtrale sur le plan académique : «Pour donner vie aux personnages, elle force l’étudiant à prendre en compte la réalité de l’entreprise dans toute sa diversité, technique, psychologique, sociale et à relier ces différents niveaux entre eux.»

Les étudiants qui tentent l’aventure semblent apprécier : «Dans une soutenance classique, l’expérience est individuelle. Avec cette mise en scène, on est dans l’échange, on travaille ensemble, c’est plus intéressant», témoigne Marianne, étudiante à l’ESC. «On repère des choses dans l’entreprise qu’on ne verrait pas sans ça», ajoute Natacha. Ceux qui se sentent davantage la fibre littéraire peuvent opter pour la rédaction d’une nouvelle. Au total, une trentaine d’étudiants ont testé l’une ou l’autre des deux formules.

Cécile Peltier | Publié le