Enseignement supérieur : pourquoi il faut miser sur les Junior-Entreprises

Jean Chabod-Serieis Publié le
Pour un établissement d’enseignement supérieur, la présence sur son campus d’une Junior-Entreprise représente une opportunité : pédagogie, communication, relations entreprises, insertion professionnelle des étudiants... Voici des exemples d’initiatives pour tirer d’une JE le meilleur parti.

Des chiffres, pour commencer : on compte 160 Junior-Entreprises (JE) en France, dont plus de 80 implantées dans des écoles d'ingénieurs, 40 dans des universités et le reste dans des écoles de commerce. En France, le concept naît en 1969. "Sur le modèle des cabinets de conseil, la JE réalise des études correspondant aux domaines de compétences de son établissement pour des clients très variés : des TPE et PME aux groupes multinationaux en passant par les institutions", résume le site de la Confédération nationale des ­Junior-Entreprises (CNJE). Près de 15.000 étudiants interviennent sur les missions des JE et 2.800 en sont administrateurs.

Dans une JE, tout ressemble à une entreprise : les propositions commerciales, les devis chiffrés, les rendez-vous clients, les rapports d'études et même les 8 millions d'euros de chiffre d'affaires (CA) qu'elles totalisent chaque année. Sauf que la JE est d'abord une association étudiante. Cela signifie que ses buts sont non lucratifs et qu'elle fait partie de la vie associative du campus.

Par conséquent, ses moyens et son développement dépendent beaucoup de l'établissement qui l'accueille, même si elle en est juridiquement indépendante.

Des atouts pédagogiques

Prenons maintenant les choses à l'envers pour considérer que les établissements dépendent eux aussi – ou plus exactement bénéficient – de la présence d'une JE sur le campus. Après tout, le but des JE est officiellement pédagogique et économique : grâce à elles, les étudiants s'initient en accéléré aux mécanismes de la gestion d'une entreprise.

Selon une enquête réalisée en 2012 par la JE de Sciences po à la demande de l'association Jeunesse et Entreprises, "74% des entreprises jugent la connaissance de l'entreprise par les étudiants faible, voire très faible, les PME et les TPE étant les plus critiques dans leurs avis". "Si l'objectif de l'université est de former les jeunes, remarque Daniel Marquié, directeur du SUIOIP (Service universitaire d'information, d'orientation et d'insertion professionnelle) à Toulouse 3, alors la JE sert cet objectif : elle les forme différemment pour qu'ils soient plus opérationnels et pour augmenter leur insertion."

Le campus de Toulouse accueille la JE Upsilon depuis trois ans. "Nos étudiants sont des scienti­fiques. Au sein de la JE, ils vont réaliser des missions de commerciaux ou d'ingénieurs d'affaires, ils vont se frotter aux business plans, au management de projet et travailler la communication. C'est une valeur ajoutée à la formation."

Certaines écoles profitent de la JE pour nourrir directement leurs cours. "Quand j'étais à l'école de commerce, se souvient Julien Combret, le président de la CNJE, j'ai choisi un cours optionnel d'une semaine dédié à la JE de l'école. D'une part, cela donnait aux étudiants un cas entreprises intéressant ; d'autre part, cela aidait la Junior puisqu'il s'agissait d'améliorer sa communication." À l'école d'ingénieurs EFREI, la Junior est mobilisée lors des conseils de perfectionnement. "Ces conseils réunissent le directeur, le secrétaire général, le directeur des études, le conseil d'administration de l'école et nous, explique Pierre Narce, président de la JE Sepefrei. Ils se tiennent une fois par an pour discuter de l'évolution du cursus pédagogique et des rapprochements avec les entreprises. Nous sommes sollicités pour notre lien avec les entreprises et la connaissance que nous avons de leurs besoins. Par ailleurs, nous invitons des enseignants à animer des formations – en gestion de projet ou en négociation, par exemple. Cela apporte un vrai plus à nos intervenants."

Mais, selon Hugo Garnier, le président de la JE de l'ESSEC, la place pédagogique de la JE est à relativiser : "Les enseignants ne nous sollicitent pas pour des études de cas dans leur cours ; ils ont leurs propres études de cas, tirées de leur activité professionnelle."


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