
Comment améliorer l'admission en master ? Peut-on trouver un nouvel équilibre entre les formations les plus en tension et celles qui ne remplissent pas ? Dans le cadre du classement 2025 des masters, EducPros fait le point.
En 2024, plus de 85% des candidats éligibles ont reçu une proposition d'admission en master, soit une hausse de 6% par rapport à 2023. De plus, le nombre de saisines a été réduit de 28%. Ces améliorations sont en grande partie dues à la mise en place de la plateforme unique de candidature Mon Master, à la rentrée 2023.
30.000 étudiants sans proposition sur Mon Master
Pour autant, ce sont près de 30.000 étudiants qui n’ont rien obtenu sur la plateforme en 2024. Pour ces étudiants, le droit à la poursuite d’étude est difficilement applicable. Les 6.385 saisines déposées en 2024 ont donné lieu à seulement 2.000 propositions d’admission complémentaire.
Ces propositions se font souvent dans d’autres mentions que celles visées. Dans les faits, certains étudiants sont ainsi contraints de se réorienter, surtout pour les filières en tension.
En effet, des disciplines comme le droit, la psychologie, les STAPS ou encore l’éco-gestion, reçoivent en effet bien plus de candidatures qu’ils n’ont de places à offrir. En parallèle, d’autres formations peinent à remplir leurs capacités d’accueil.
"Mieux articuler l’offre et la demande"
"Il faut être vigilant à mieux articuler l’offre et la demande", conclut Virginie Laval, présidente du Conseil de la formation, de la vie étudiante et de l'insertion professionnelle de France Universités. "Par exemple, de nombreux étudiants veulent aller vers le droit privé. A l’inverse, nous n’arrivons pas à remplir notre capacité d’accueil dans le droit public alors qu'il y a des débouchés", illustre-t-elle.
Pour encourager les étudiants à envisager diverses possibilités, elle estime qu'il faut travailler à une meilleure information en licence, notamment sur les débouchés professionnels.
Ainsi, la licence de psychologie offre par de nombreuses autres possibilités que psychologue, dans le marketing ou encore l’ingénierie pédagogique. "Il ne s’agit pas de les faire changer de projet mais de leur montrer les autres voies possibles", précise-t-elle.
"Nous pourrions aussi demander à des étudiants de venir témoigner de leur parcours. Certains s’épanouissent malgré le fait qu’ils n’aient pas obtenu la mention qu’ils souhaitaient initialement", ajoute-t-elle.
Redistribuer les places vacantes
Cette année marquera peut-être une nouvelle amélioration car les universités mettront en place des procédures internes de recrutement, à l’issue de la phase complémentaire de Mon Master. Elles pourront ainsi redistribuer les places restées vacantes après l'appel des candidats sur liste d’attente.
"Il ne faut pas se voiler la face, on ne retrouvera pas les masters en tension dans cette phase. Mais ce sera l’occasion de réorienter les étudiants vers une autre mention au sein de leur domaine", assure Virginie Laval.
La répartition des étudiants vers les masters disponibles se fait également lors des saisines. Le rectorat propose à l’étudiant un master en lien avec son projet, mais pas nécessairement dans la mention visée.
Ces réorientations restent cependant limitées. Les étudiants qui sont entrés en licence de droit pour devenir avocat ou en licence de psychologie pour exercer comme psychologue ne peuvent en effet se tourner vers ces possibilités : un psychologue doit obligatoirement passer par un master de psychologie.
"Une répartition complètement marginale"
"C’est une répartition complètement marginale", estime, quant à elle, Caroline Mauriat, co-secrétaire générale du Snesup-FSU.
"On ne peut pas réorienter les étudiants des filières en tension vers celles qui ont des places vacantes, ce n’est pas réaliste. Certes, il y a des besoins en électronique, mais un étudiant en licence en psychologie ne va pas s'y inscrire".
Il s’agit selon elle d’amener les jeunes à aller vers ces formations dès la licence, avec des initiatives au collège et au lycée, pour donner l'envie d'étudier les matières scientifiques.
Créer 50.000 places en master
En 2024, à la fin de la phase de candidature, on dénombrait 227.100 candidatures pour 174.400 places disponibles. Selon le syndicat, les calculs sont simples : ce sont près de 50.000 places en master qui manquent. La solution se trouverait donc de ce côté.
Le Snesup-FSU plaide ainsi pour l’ouverture de places supplémentaires en master. "Tout étudiant de licence doit pouvoir continuer dans un master de sa spécialité", affirme Caroline Mauriat.
Assurer l’insertion professionnelle
Pas si facile, objecte Virginie Laval. "Il est plus compliqué de créer des places en master qu’en licence, dans la mesure où le critère d’insertion professionnelle est essentiel". Elle souligne également que 2.700 places nouvelles places ont été ouvertes en 2024.
"Une formation universitaire assure une insertion. Nous n’avons pas besoin d’être adéquationnistes. Il est important de former les étudiants jusqu’en master s’ils le souhaitent, plutôt que de mettre l’insertion comme premier critère", conteste Caroline Mauriat.
Selon elle, cette politique conduit à exclure les étudiants restés sans master de l’université. Une situation qui profite aux formations privées, dont la qualité de la formation n’est pas toujours aux rendez-vous, et que de nombreuses familles ne peuvent se permettre de payer.