"Après plusieurs années dans l'enseignement, j'ai eu envie d'envisager une autre manière de voir l'éducation", explique Marc de Falco. Depuis septembre 2023, cet enseignant de mathématiques et informatique en classes préparatoires a intégré l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (Igésr).
Il fait partie des douze premiers inspecteurs et inspectrices nommés sur emploi fonctionnel depuis la mise en place de la réforme de l'encadrement supérieur de la fonction publique de l'État, en janvier 2023.
"Depuis la réforme, les profils recrutés sont extrêmement divers : des enseignants, des personnels administratifs, quelques conservateurs… Cela permet une diversité de regards, un partage d'expériences", explique Caroline Pascal, directrice de l'Igésr.
Avant 2019, l'Inspection générale de l'Éducation nationale (IGEN), l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR), l'inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS), et l'inspection générale des bibliothèques (IGB) constituaient autant de corps séparés. Les inspectrices et inspecteurs accédaient alors à leur poste pour une durée indéterminée.
Depuis 2023, ces derniers sont recrutés et nommés pour un mandat de cinq ans maximum, renouvelable une fois. "Il y a un renouvellement plus important des personnels. Cela nous permet d'ajuster nos recrutements à nos besoins en termes d'expertise", précise Caroline Pascal.
Des missions d'expertise pour les nouveaux inspecteurs de l'Igésr
Désormais, l'Igésr est un service d'inspection placé sous l'autorité des ministres chargés de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Jeunesse et des Sports.
"Il couvre ainsi tout le parcours de l'élève, depuis l'enseignement maternel jusqu'en master, en passant par le périéducatif", détaille Caroline Pascal.
Un élargissement du champ d'intervention qui implique que les inspecteurs et inspectrices soient experts dans un domaine donné (comptabilité, enseignement du russe, gestion administrative…) mais aussi adaptables.
"Nous échangeons toute l'année avec les cabinets de tutelle afin d'établir un agenda des rapports à mener. Nous lançons un appel à candidatures à destination des inspecteurs", explique Caroline Pascal.
"On attend de nous que nous nous positionnions sur des rapports qui dépendent de notre expertise, mais que nous sachions nous diversifier, être curieux d'apprendre", abonde Valérie Rainaud, inspectrice générale depuis septembre 2023, après avoir été sous-directrice des programmes budgétaires auprès de la direction générale de l'enseignement scolaire.
"Il faut faire attention à gérer son temps, car on peut être tenté de participer à de nombreux rapports", met en garde Marc de Falco. Au-delà de missions au long cours, les inspecteurs généraux possèdent également des tâches permanentes.
Doté d'un profil plus "pédagogique", puisqu'il a notamment participé à la mise en place de l'agrégation d'informatique, Marc de Falco est ainsi préposé à la validation de sujets d'examens, au suivi des enseignants de classes préparatoires en mathématiques et informatique…
Faire preuve d'écoute sur des terrains parfois sensibles
Afin de produire leurs rapports, les inspecteurs sont régulièrement présents sur le terrain, auprès d'acteurs variés. "Nous rencontrons aussi bien des élèves, des familles, des chefs d'établissements, des services déconcentrés, des partenaires, etc.", explique Valérie Rainaud.
"Il faut savoir être à l'écoute sans prendre parti, savoir s'adresser aussi bien à des familles qu'à un directeur d'université, complète Caroline Pascal. Il arrive aussi aux inspecteurs d'intervenir sur des missions de contrôle, de gestion de crise [sur les questions de violences sexistes et sexuelles, comme dans les IEP ou à l'ENS Lyon]. Dans ce cas, on fait face à des environnements chamboulés. Il faut savoir se montrer rassurant."
Une expérience sur le terrain ou dans les rouages des décisions politiques et de leur mise en application qui permet aux inspectrices et inspecteurs de développer des compétences techniques et une connaissance fine des institutions.
"L'Igésr propose un programme de formations riche pour continuer à se perfectionner au cours de notre mandat", précise Valérie Rainaud.
Car depuis la réforme, se pose la question de "l'après Igésr" pour ces nouveaux inspecteurs. "Nous construisons une cartographie des postes que pourront occuper après leur mandat les inspecteurs nommés à partir de 2023. Ils pourront intervenir en administration centrale, dans des services déconcentrés, en interministériel", liste Caroline Pascal. Valérie Rainaud abonde : "Tout est possible à condition de s'y préparer".