JobIRL : de véritables rencontres 2.0 entre jeunes et pros

Cécile Peltier Publié le
"Qui mieux que vous peut parler de votre métier ?" C’est le slogan, depuis un an et demi, de l’association JobIRL qui, via son site, propose aux élèves et aux étudiants des rencontres "In Real Life" avec des professionnels. Objectif : les aider à construire leur orientation.

nullDe son propre aveu, Christelle Meslé-Génin a l'engagement associatif dans le sang. Cette "marketeuse" et communicante, habituée des grands groupes, n'a jamais cessé le bénévolat : auprès des sans-abri, des chercheurs d'emploi longue durée, des jeunes défavorisés puis en tant que présidente de la Fondation General Electric pour la France.

"Dans ce cadre, je travaillais sur des projets de soutien scolaire et me suis dit : 'Il y a 25% de jeunes au chômage et 200.000 emplois non pourvus à Pôle emploi. On pourrait aussi leur parler de métiers'." Mais comment faire ? Sur un marché hypermouvant, impossible, même pour un conseiller d'orientation, de connaître 800 métiers.

le partage d'expériences "in real life"

Forte de son expérience de présidente de la fondation, Christelle Meslé-Génin avait découvert que de nombreux salariés étaient prêts à donner gratuitement de leur temps à du soutien scolaire. Pourquoi n'en feraient-ils pas autant pour parler de leur métier ? JobIRL était née : une association à but non lucratif qui mise sur l'orientation par le partage d'expériences. Concrètement ? Une plate-forme Web pour mettre en contact les 14 à 25 ans (de la troisième à la fin des études) et des professionnels à travers une rencontre "In Real Life".

Accueilli de juillet 2011 à juillet 2013 par Antropia (l'incubateur social de l'Essec), le site créé par Christelle Meslé-Génin est officiellement lancé début 2013. Mi-juin 2014, il a franchi la barre des 10.000 membres : 9.000 jeunes (du CAP au doctorat) et plus de 1.200 professionnels, du vétérinaire à l'assistante maternelle en passant par l'ingénieur. Une jolie performance liée au soutien d'un réseau de bénévoles et de professionnels (professeurs, DRH, dirigeants d'entreprise...), puis au bouche-à-oreille et, aujourd'hui, à un référencement efficace.

Une nomenclature de plus de 800 métiers

Sur le site, le jeune effectue sa recherche par ­centre d'intérêt (écrire, les sensations fortes...), par secteur ou par métier. L'association a mis au point sa propre nomenclature, organisée autour de 47 secteurs d'activités et plus de 800 métiers.

Une liste qui s'allonge au fur et à mesure des nouvelles inscriptions : "Cette semaine, on a rajouté 'consultant en fusion-acquisition' et 'responsable innovation'." Une fois le profil renseigné, l'échange avec le(s) pro(s) – validé par un community-manager – peut commencer. Les questions posées par écrit portent sur la formation, le parcours, le métier, etc.

"80 % des professionnels s'inscrivent à titre individuel, en dehors des entreprises partenaires, estime la fondatrice. On trouve des actifs heureux de partager sur leur métier et pas mal de parents d'élèves. La plupart jouent le jeu et font des réponses extrêmement détaillées."

Pas toujours facile de répondre à la demande

Souvent, ces échanges se prolongent par un contact téléphonique, et plus rarement par une rencontre physique – une heure sur le lieu de travail.

"Les jeunes sont vraiment dans l'univers du Web...", remarque Christelle Meslé-Génin. Finalement, la plupart des entrevues classiques ont lieu de manière collective via les speed datings avec des classes, organisés en entreprise (les laboratoires Lilly, la Police nationale...), ou lors de salons auxquels participe l'association.

Une vingtaine de sociétés "partenaires" soutiennent financièrement JobIRL. Elles en retirent des bénéfices sur le plan de la RSE et de la marque employeur. Certaines disposent ainsi d'un espace perso payant qui leur permet notamment de poster leurs offres de stages et d'alternance. De même, une dizaine d'établissements ont choisi les "pages écoles" pour communiquer sur leur offre de formation.

Ces recettes représentent un peu moins de deux tiers des ressources financières de l'association. Combinées à la taxe d'apprentissage et diverses subventions publiques, elles lui assurent, pour l'instant, les moyens de son développement. Mais, pour combien de temps ?

"Il n'est pas toujours facile de répondre à la demande...", reconnaît Christelle Meslé-Génin. Heureusement, la structure qui emploie deux salariés, un stagiaire et des consultants peut compter sur le soutien d'un groupe de "bénévoles hyperactifs" qui ne demande qu'à s'étoffer !

L'ambassadeur métier
JobIRL mise, depuis fin 2013, sur les jeunes – collégiens, lycéens et étudiants – pour développer la communauté JobIRL autour de leur établissement. Après avoir sondé les besoins de leurs camarades en matière d'orientation, les "ambassadeurs" sont chargés de dénicher des interlocuteurs parmi parents d'élèves et anciens de leur école pour organiser une rencontre (un "Happy JobIRL").
À partir de septembre 2014, l'association s'attaque aux pros avec les "ambassadeurs métier ". Objectif : trouver par métier un référent capable de parler de sa profession.

 

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Cécile Peltier | Publié le