"Le développement durable n'est pas une mode, mais un mouvement qui s'inscrit dans la durée. Les ingénieurs sont les mieux placés pour pouvoir changer les choses, c'est notre devoir de les former à ces pratiques au quotidien, pour qu'ils les appliquent ensuite dans leurs entreprises", affirme Daniel Boulnois, directeur de l'École des mines de Douai. L'établissement a reçu, en février 2015, le prix "Engagement durable" des Trophées des campus responsables. Il récompense six années d'efforts pour limiter l'empreinte écologique du campus.
économies d'énergie = économies financières
En 2009, suite à une augmentation des prix de l'eau, l'école décide de s'engager dans une démarche de développement durable. La consommation d'eau du campus a, depuis, été divisée par deux et permis d'économiser 100.000 euros. Celle d'électricité a baissé de 10% et celle de papier de 40%.
"Entre 2012 et 2014, notre dotation de l'État a baissé de 46%, les économies d'énergie permettent également de faire des économies financières qui viennent à point nommé", admet Kader Amara, pilote de la démarche développement durable. En temps de disette budgétaire et de prélèvements sur fonds de roulement, le développement durable apparaît aussi comme un moyen sain de faire des économies.
objectif zéro carbone
En 2014, l'école passe à la vitesse supérieure et met en place un groupe de travail "Campus zéro carbone" pour réduire encore plus les consommations et utiliser des énergies renouvelables, d'ici une dizaine d'années. En octobre 2015, des compteurs devraient être installés dans tous les bâtiments pour mesurer les consommations en temps réel. Un ingénieur zéro carbone a aussi été embauché en mars 2015, pour pérenniser cette démarche.
La machine à laver de la cantine a été remplacée par une qui consomme moins, deux véhicules électriques ont été achetés, des systèmes de recyclage d'eau ont été installés dans les laboratoires, les visioconférences ont augmenté pour limiter les déplacements...
La résidence étudiante Lavoisier de l'école devrait aussi devenir plus verte. Après avoir réalisé 110.000 euros d'économie sur le chauffage par rapport à 2013, l'école installera bientôt des lumières LED. Le projet de réhabilitation, qui permettra aux étudiants d'avoir leurs sanitaires individuels et une isolation renforcée, coûtera 11 millions d'euros, dont moins de la moitié sera financée par les Mines de Douai.
Les ingénieurs sont les mieux placés pour pouvoir changer les choses, c'est notre devoir de les former à ces pratiques au quotidien. (D. Boulnois)
formation et recherche impactées
Mais le développement durable n'est pas seulement une manière de faire des économies, la démarche irrigue toute l'école. Kader Amara cumule le poste de secrétaire général avec celui de pilote de la démarche développement durable. "Comme je gère le budget, je suis au carrefour de la vie de l'école, cela permet d'impulser des choses dans tous les domaines", se félicite-t-il.
Actions du club écologiste pour obtenir des poubelles de tri individuelles dans la résidence, nouveaux convertis au vélo, ou encore mordus d'innovation verte, les étudiants trouvent leur compte dans la politique de l'établissement. "La majeure énergétique est la plus demandée par les élèves, qui choisissent ensuite entre l’application au monde industriel ou au bâtiment. En formation initiale, ils ont tous 88 heures de tronc commun et 348 heures optionnelles dédiées aux problématiques du développement durable.
Dans toutes les spécialités c'est une thématique qui se décline, dans la formation comme dans la recherche. Efficacité énergétique des procédés industriels, nouveaux modes de combustion, valorisation des déchets, usage des techniques numériques pour une meilleure gestion des ressources... Aujourd’hui, 75% des enseignants-chercheurs participent à des travaux sur le développement durable.
L'école s'est aussi dotée d'un incubateur technologique généraliste, APUI, dont 60% des projets de création d'entreprise sont depuis 2003 dans l'environnement et l'énergie. Sur une cinquantaine de projets incubés aujourd'hui, on peut citer une entreprise qui récupère les marcs de café pour en faire des bûches combustibles. Ceux-ci sont d'ailleurs mis de côté à cet effet dans le service. Il n'y a pas de petit geste.