Laurence Parisot investit le secteur de l'éducation

Camille Allain Publié le
Laurence Parisot investit le secteur de l'éducation
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Le forum Education-entreprise organisé le 18 mars au Medef a dressé un bilan des actions communes menées par les professionnels de l’éducation et les chefs d’entreprise. Pour l’enseignement secondaire, les signataires de la convention Découverte professionnelle (DP3) ont réaffirmé leur volonté de travailler ensemble. Pour les universités, la patronne du Medef, aux côtés de Valérie Pécresse, a déclaré placer beaucoup d’espérances dans la loi LRU.

Est-ce pour oublier les soucis actuels du Medef ? Laurence Parisot a en tout cas fait du rapprochement entre les entreprises et le monde éducatif son nouveau cheval de bataille. Après sa venue au Salon de l’Etudiant le 14 mars, la présidente de l’organisation patronale a rappelé, lors du forum Education-Entreprise organisé le 18 mars au Medef, sa volonté « de réconcilier les deux univers. Plus que s’insérer, les jeunes doivent s’épanouir dans leur emploi. Pour cela, l’école et l’entreprise doivent apprendre à mieux se connaître. » Un gage d’ouverture en réponse aux propos de Jean-Louis Nembrini, le directeur général de l’enseignement scolaire rue de Grenelle. De son côté, le représentant de Xavier Darcos insistait sur le fait que « la mission de l’éducation est de former mais aussi de donner un diplôme pour s’insérer. » Devant tant de sollicitudes, les acteurs de l’éducation – recteurs d’académie, professeurs, parents d’élèves – et les chefs d’entreprise ne pouvaient qu’afficher leur bonne volonté à l’idée de travailler ensemble. Ce qu’ils font déjà dans le cadre notamment de la convention Découverte professionnelle (DP3), du nom de cette option proposée en classe de troisième.

La découverte professionnelle en troisième doit rester une option

Mise en place en 2005, cette option facultative en classe de troisième devait être rendue obligatoire si l’on en croit le rapport Lunel remis à François Fillon en mars 2007. Un projet apparemment édulcoré puisqu’en novembre Xavier Darcos avait déclaré « vouloir que cette option - non obligatoire - soit implantée dans tous les collèges. » Un avis partagé par une représentante de la FCPE. « Nous aimerions que la DP3 soit généralisée. Elle n’est pas toujours proposée à tous les élèves. » Une proposition qui fait bondir le recteur de l’académie de Nantes : « La pire des choses serait que la DP3 devienne un cours comme les autres. Il ne faut jamais imposer ni refuser à un élève de souscrire à cette option. » Même point de vue pour Henri Lachmann, porte-drapeau de l’initiative et président du conseil de surveillance de Shneider Electric. « Il y aurait plus de 900000 gosses à intégrer chaque année. Je ne pense pas que les entreprises soient prêtes. » La DP3 a gagné son pari, selon les participants, en s’ouvrant à tous les élèves, et pas seulement à ceux qui se destinent à des études courtes. « Il ne faut pas penser que cette option soit réservée aux élèves en difficulté. Nous avons réussi à tirer ces classes professionnelles vers le haut », se félicite Jean-Paul de Gaudemar, recteur de l’académie d’Aix-Marseille, particulièrement attaché à l’option DP3.

Vendre la loi LRU aux entreprises

En bonne VRP, Valérie Pécresse est venue clore le débat en présentant le contenu de sa loi sur les libertés et responsabilités des universités. De son côté, Laurence Parisot, qui s'était déplacé à l’université Paris-Dauphine, dans le cadre des Grands Entretiens, a indiqué que la loi LRU donnait aux entreprises « pas mal d’espérances ». Selon la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, les universités ont besoin des entreprises. Et notamment de leur mécénat. Les entreprises vont-elles jouer le jeu ? « Oui, car les conditions fiscales leur sont favorables », répond Michel Pébereau, président de l’Institut de l’entreprise et ex-PDG de la BNP. Marie-Laure Bach, directrice de Agency Partners, spécialisée dans les ressources humaines, estime que le mécénat « facilitera le recrutement par la visibilité qu’il apporte. On pourra repérer les profils dans l’université et assurer une meilleure intégration. » Un intérêt également stratégique car « le recrutement coûte cher à l’entreprise. »


Voir aussinotre dossier sur les relations entre les fédérations professionnelles et le monde éducatif

Camille Allain | Publié le