Le plan de relance de Valérie Pécresse apaisera-t-il les universités ?

Fabienne Guimont Publié le
Le plan de relance de Valérie Pécresse apaisera-t-il les universités ?
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731 millions d’euros pour l’enseignement supérieur et la recherche sont prévus dans le plan de relance. Au lendemain du début du mouvement de grève des enseignants-chercheurs dans les universités, qualifié de "perturbations sporadiques" par Valérie Pécresse, la ministre a décliné les projets qui seront financés. La répartition de cette enveloppe avait déjà été donnée en grande partie lors de la présentation du Plan de relance en faveur de l’économie, doté au total de 26,5 milliards d’euros, le 4 décembre 2008. Vrai bonus pour les campus et la recherche ou communication opportune du ministère ?

« L’enseignement supérieur et la recherche est un secteur ultra-prioritaire pour préparer le rebond de l’économie ». Rue Descartes, devant la presse réunie le 3 février 2009, la ministre Valérie Pécresse a aligné les chiffres et les projets pour démontrer la justesse de son propos.

Investissements sur l'immobilier universitaire et les cités U

Sur les 731 millions d’euros d’investissements, 398 doivent être consacrés à la construction et à la réhabilitation de bâtiments universitaires (facultés de médecine parisiennes, bibliothèques, équipements sportifs…). La recherche est créditée de 286 millions d’euros en grande partie affectés aux projets scientifiques concernant les technologies de défense, les nanosciences et l’environnement. Enfin, 47 millions d’euros sont alloués au logement étudiant.

Comme ce qu’avait déjà annoncé le président de la République début décembre 2008, 75 millions d’euros seront avancés aux 12 sites de l’Opération campus pour financer « les études nécessaires à une mise en chantier rapide ». « Les premiers PPP [partenariats public-privé] devraient être bouclés dans les 18 mois », a rappelé Valérie Pécresse.

Bonus ou crédits anticipés ?

Le crédit impôt recherche (CIR) de 3,8 milliards d’euros prévu dans le budget pluriannuel sur 2009, 2010 et 2010 sera versé en totalité cette année aux entreprises, à 90% des PME, conformément au vœu présidentiel et rappelé par Valérie Pécresse.  

Comme pour le CIR, les crédits annoncés dans ce plan de relance ne sont pas tous des ressources nouvelles ajoutées aux budgets des universités. Une grande partie des 731 millions d’euros sont des avances sur les crédits que l’Etat s’était engagé à verser aux établissements dans le cadre des CPER (contrats de projet Etat-Région) qui s'étalent sur sept ans. Les recteurs ont donc inventorié les projets les plus avancés dans chacune des régions et qui pourront bénéficier tout de suite de crédits programmés sur plusieurs années. Prime donc aux établissements entreprenants qui ont su présenter des projets prêts à être lancés rapidement, ceux par exemple dont les opérations foncières et les études préalables étaient déjà bouclées.

"Du CPER réchauffé"

A Besançon, la construction de l’UFR de médecine - dont la Région avait avancé la première phase de réalisation - pourra ainsi continuer avec les crédits que l’Etat s’était engagé à verser dans le CPER. « C’est du CPER réchauffé, en quelque sorte », ironise Antoinette Gillet, vice-présidente chargée de la recherche, de l’innovation et de l’université au conseil régional de Franche Comté. En revanche, les crédits de mise en sécurité pour son UFR de SHS seront versés en sus de ceux inclus dans les budgets des universités. De manière générale, ces mises en sécurité n’avaient pas fait l’objet de dépenses de la part de l’Etat depuis plusieurs années.

Le Snesup dénonce un plan de relance en forme de "leurre", "sans emplois, sans recherche, sans formation". La suite du mouvement de grève dans les universités dira si la ministre aura su apaiser les esprits avec ce plan de relance essentiellement fondé sur la remise en état du patrimoine immobilier et sur des grands projets de recherche. Un effet "relance" pour ses réformes sur le statut des enseignants-chercheurs et sur la mastérisation de la formation des enseignants sévèrement chahutées ?

L’autonomie immobilière relancée ?

Le document présentant le plan de relance de l’enseignement supérieur indique que le transfert de la compétence immobilière « pour quelques universités » pourrait se faire dès 2009-2010. Un signe lancé aux universités comme Pierre et Marie Curie et Pascal Paoli qui en avaient par exemple fait la demande dans le cadre du passage de leur établissement à l’autonomie. Ils n’avaient jusqu’à présent pas reçu de réponse positive du ministère, Bercy estimant ce transfert aventureux. Reste toujours à définir les modalités exactes de ce transfert de compétences entre l’Etat et les universités notamment pour les campus où les locaux sont très dégradés.

Fabienne Guimont | Publié le