L’EIGSI fait grandir son école de Casablanca

De notre envoyée spéciale au Maroc, Sylvie Lecherbonnier Publié le
Ouverte en 2006, l’EIGSICA, petite sœur marocaine de l’école d’ingénieurs rochelaise, compte actuellement une quarantaine d’étudiants. Retour sur une expérience qui conjugue ambition et modestie.

Y aller doucement mais sûrement. C’est un peu le credo de l’EIGSI (Ecole d’ingénieurs en génie des systèmes industriels) de la Rochelle qui laisse grandir progressivement sa petite sœur de Casablanca, l’EIGSICA. Lancée à la rentrée 2006 avec sept étudiants, elle en compte cette année 38 et espère en accueillir une centaine à la rentrée 2008. « Nous avons eu l’autorisation du gouvernement marocain de créer l’école en août pour une ouverture en septembre. Nous n’avons pas eu le temps de faire beaucoup de publicité mais il nous semblait fondamental de lancer la formation à la fois pour roder le système et pour être crédible vis-à-vis de nos interlocuteurs locaux », souligne Sylvain Orsat, directeur général de l’EIGSI. 

L’école a d’abord partagé pendant un an les locaux du campus marocain de l’ESIEA avant de s’installer dans une coquette villa d’un quartier résidentiel de Casablanca. L’été prochain, nouveau déménagement dans des locaux plus grands et plus fonctionnels au cœur du quartier des affaires. Et pourquoi pas une école en propre dans quelques années ?

Une formation sous contrôle du gouvernement marocain

L’idée d’installer un campus au Maroc est venue d’un double constat : un nombre croissant de candidatures d’étudiants marocains pour intégrer l’EIGSI et la volonté d’industriels comme Valéo, EADS ou Alstom de s’installer dans le Royaume de Mohammed-VI.  A cet état des lieux, s’est ajouté un atout décisif : Youssef Ben El Mostafa, professeur de mécanique à l’EIGSI. D’origine marocaine, cet homme affable s’est emparé du projet. Il a quitté La Rochelle pour s’installer à Casablanca et devenir directeur de l’EIGSICA.

Le projet est d’abord passé sous les fourches caudines du gouvernement marocain. A un moment où le Royaume cherche à renforcer l’adéquation entre formation et emploi, la présence peu habituelle au Maroc de stages dans le cursus a fait la différence. Mais la vigilance reste de mise. Comme pour tout autre établissement d’enseignement supérieur, une commission pédagogique vient contrôler chaque semestre le respect du cahier des charges. « Le ministère ne veut pas de formation au rabais », confirme Dominique Brunin directeur général de la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc.

Aucune subvention

L’EIGSICA n’a reçu aucune subvention pour se développer. Elle compte uniquement sur les frais de scolarité des étudiants, de l’ordre de 4 000 euros par an. 200 000 euros d’investissements ont été réalisés au départ et le point mort devrait être atteint avec 100 élèves. « Comme pour les locaux, nous investissons dans le matériel au fur et à mesure de la croissance des effectifs. Pour les gros équipements de type centre d’usinage, nous allons passer des conventions avec des universités locales pour utiliser leurs machines », confie Youssef Ben El Mostafa.

Mêmes programmes, mêmes cours, mêmes examens à la même heure que leurs camarades rochelais. Les étudiants marocains, plutôt de bonnes familles, sont attirés par la formation française. Au bout de trois ans d’études, ils ont la possibilité de rejoindre l’EIGSI pour deux ans et d’obtenir un double diplôme. Des étudiants français devraient également venir à Casablanca pour un ou deux semestres à partir de l’année prochaine. A terme, l’école espère faire habiliter son implantation marocaine par la CTI (Commission des titres d’ingénieur).

Car, si l’EIGSICA grandit petit à petit, elle ne manque pas pour autant d’ambitions. Des négociations sont en cours pour qu’elle devienne le campus d’Ingéfrance au Maroc, du nom du réseau qui regroupe, outre l’EIGSI, HEI Lille, l’EPF à Sceaux et l’ESIGELEC à Rouen. L’école pourrait alors compter 500 étudiants.  

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