Les CPAG et les IPAG anticipent la réforme des concours administratifs

Sylvie Karsenty Publié le
Les CPAG et les IPAG anticipent la réforme des concours administratifs
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Le projet de réforme des concours administratifs entraînera des changements majeurs dans les formations proposées au sein des vingt-huit IPAG et CPAG. Dans l’attente de la parution des arrêtés officiels, les directeurs de ces établissements naviguent à vue, mais opèrent déjà des changements dans leur offre de formation sur la base du rapport remis à Éric Woerth par Corinne Desforges, inspectrice générale de l’administration, en février 2008.

« Les concours doivent être modernisés pour promouvoir une sélection moins académique, moins centrée sur les connaissances que sur les compétences et les aptitudes professionnelles », écrivait en septembre 2007 Éric Woerth, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, dans la lettre destinée à Corinne Desforges, chargée d’une mission de réexamen du contenu des concours. « Cette orientation est gage d’efficacité (ne pas réexaminer les connaissances validées par l’université est en soi gage d’efficience) et d’ouverture à la diversité (les connaissances académiques sont moins généralement répandues dans les différentes couches de la population que les aptitudes professionnelles) », spécifiait-il.

Quelques mois plus tard, le rapport Desforges entre les mains, le ministre du Budget laissait entrevoir son projet de réforme portant sur l’organisation et le contenu des concours de l’État. « L’objectif pourrait être de recentrer les recrutements autour d’un nombre réduit de grands concours professionnalisés, en lieu et place des milliers de procédures annuelles qui existent actuellement. Il s’agira aussi de modifier substantiellement les épreuves des concours pour les rendre plus adaptées à la recherche des compétences et pour permettre l’égalité réelle des chances entre tous les candidats », déclarait-il.

Plus de cours pratiques dans les préparations

Des propositions qu’approuvent les directeurs des vingt-quatre IPAG et quatre CPAG qui préparent chaque année quelque 4 000 étudiants aux concours administratifs. Au sein de la Conférence nationale des directeurs d’IPAG-CPAG, ils ont désigné trois chargés de mission « statistiques » pour fournir des chiffres sur l’origine des étudiants de leurs établissements et sur leur réussite aux concours, ainsi qu’un chargé de mission sur la réforme des concours. « Nous rejoignons les conclusions du rapport Desforges, observe Éric de Mari, directeur de l’IPAG de Montpellier et président de la Conférence. Nous plaidons aussi pour un nombre plus restreint de concours et une mutualisation des épreuves, mais souhaiterions être plus associés à cette réforme. »

D’autant que certains concours ont déjà été modifiés, alors que la réforme n’est pas bouclée (elle devrait être annoncée en Conseil des ministres fin septembre 2008). Sur l’intranet des directeurs, les discussions vont bon train sur la nécessité de modifier rapidement le contenu des formations. Seuls les IPAG issus de la dernière vague de contractualisation ont pu remanier complètement leurs diplômes comme à Strasbourg (voir encadré). D’autres IPAG ont décidé, dès la rentrée 2008, d’introduire de nouvelles matières dans leurs formations non diplômantes (et donc non soumises à l’habilitation périodique). Celui de Montpellier proposera, par exemple, des cours de science administrative et des conférences de méthode pour préparer les étudiants par petits groupes aux oraux professionnalisants.

Faut-il supprimer la culture générale ?

« L’expectative pose un réel problème à tous nos établissements, explique Pascal Jan, directeur de la préparation aux concours de l’ENA à Sciences po Bordeaux,  La réforme pourrait entraîner des changements majeurs dont quatre au moins auraient un impact direct sur nos formations : la suppression des épreuves de culture générale dans certains concours, le remplacement de la dissertation par une note de synthèse, la suppression des épreuves de finances publiques dans les concours de catégorie B (qui avantagent les étudiants au détriment des bacheliers qui n’abordent pas cette matière pendant leur cursus). Enfin, les oraux deviendraient des entretiens de recrutement, ils ne porteraient plus sur des sujets d’ordre général, mais viseraient à mieux cerner la personnalité et les motivations des candidats. Je suis très favorable à ce dernier point et plutôt favorable aux deuxième et troisième points. En revanche, je suis opposé à la suppression de la culture générale, celle-ci me paraissant indispensable à de futurs fonctionnaires qui devront s’adapter à de nouveaux contextes et changer plusieurs fois de métier. Pascal Jan a été auditionné par la commission Desforges et chargé de mission sur la réforme des concours au sein de la Conférence.

Une nouvelle maquette de LAP à Strasbourg

L’IPAG de Strasbourg, concerné par la dernière vague d’habilitation périodique des diplômes, a revu la maquette de sa licence d’administration publique (LAP). « Nous avons introduit des cours de management et de droit privé, commente Francesco de Palma, directeur de l’IPAG. Chaque étudiant devra aussi mener, tout au long d’un semestre, un projet professionnel qui le conduira à découvrir un métier de la fonction publique. Tutoré par un professionnel, il consacrera de vingt à trente heures à des rencontres, à des lectures et à la rédaction d’un rapport. » Ces changements interviendront à la rentrée 2009.



Sylvie Karsenty | Publié le