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Les effectifs des classes préparatoires en hausse après une baisse observée depuis 2018

Mathilde Grandadam-Nicot Publié le
Les effectifs des classes préparatoires en hausse après une baisse observée depuis 2018
Les effectifs des classes préparatoires sont en hausse depuis la rentrée après une baisse observée depuis 2018. // ©  elen31/Adobe Stock
Après un essor important au début des années 2000 suivi d’une forte période d’instabilité ces dernières années, les classes prépas semblent rebondir enfin en 2023-2024. Alors que l'Etudiant publie son classement 2025 des meilleures classes prépas, tour d’horizon d’un secteur de l’enseignement bousculé.

Fin d’un modèle, baisse de régime... tels sont les constats que l’on entend ces dernières années au sujet des CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles). Et si ce n’était pas le cas ? Les prépas connaissent une évolution contrastée ces dernières années.

Après une période de croissance constante amorcée en 2004-2005 interrompue seulement en 2010-2011 (-1,6%), les effectifs ont connu une baisse significative de 6,3% entre 2018 et 2023 selon un rapport du SIES.

La réforme du baccalauréat en cause

La réforme du baccalauréat, mise en œuvre en 2018 et effective pour la session 2021, a profondément modifié l'organisation des études secondaires. Elle a supprimé les filières traditionnelles (S, ES, L) au profit d'un système de spécialités permettant aux élèves de personnaliser leur parcours.

Ces changements ont eu un impact significatif sur les CPGE, notamment sur la filière ECG (économique et commerciale, voie générale). Nicolas Thibault, professeur de SES au lycée Janson de Sailly, souligne que la disparition des mathématiques comme matière obligatoire a désorienté certains élèves : "Les mathématiques sont un prérequis pour toutes les classes préparatoires sauf pour les CPGE littéraires. Les élèves n’en avaient pas conscience. Ils choisissaient selon leur goût mais ça leur a fermé des portes".

La concurrence des bachelors

Par ailleurs, les écoles de commerce intensifient leur présence sur Parcoursup en proposant des bachelors qui puisent dans le même vivier d’élèves que les prépas ECG. Cependant, Serge Maraval, proviseur adjoint en charge des CPGE au Lycée Thiers à Marseille, relativise cette concurrence en affirmant que ces formations s'adressent à des profils différents.

Il met en avant les avantages des classes préparatoires : "leur gratuité, leur prestige et leurs débouchés". Selon lui, ce sont les prépas BPCST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) qui sont les plus en tension à cause de l’ouverture des prépas intégrées dans les écoles vétérinaires. "Ils recrutent des milliers d’élèves, ce qui est dommage pour nous", confie-t-il.

Un rebond inattendu à la rentrée 2023-2024

La rentrée 2023-2024 a marqué un rebond inattendu avec une hausse de 1,5% des inscriptions.

En première année, les effectifs ont progressé de 3,9%. Serge Maraval constate ce phénomène : "Cette année, il y a eu un regain d'intérêt pour les classes préparatoires. On s'est fait surprendre sur Parcoursup, on a même dépassé la jauge." Il ajoute que cette situation n'est pas isolée, notant que ses collègues à Toulouse "ont dû ouvrir une nouvelle classe".

Evolution des effectifs en classe prépa entre 2004 et 2024

Les garçons, toujours majoritaires en prépa

Malgré la hausse récente des inscriptions en CPGE, des disparités de genre persistent. En 2023-2024, la filière scientifique, représentant 63% des effectifs totaux, compte 72,6% d'hommes contre 30% de femmes.

La baisse globale des effectifs s'est accompagnée d'une diminution plus marquée chez les étudiantes. En 2023-2024, le nombre de femmes en CPGE a diminué de 0,4%, avec une baisse particulièrement prononcée de 1,6% dans la filière scientifique. Depuis quelques années, Serge Maraval observe cette tendance en ECG : "On a du mal à recruter des filles dans cette filière, ce qui n’était pas le cas avant. Cette année, sur 43 élèves, nous n'avons que 8 étudiantes."

La filière littéraire est mieux perçue

Face aux prépas économiques et scientifiques, la filière littéraire est celle qui a le plus petit effectif. En revanche, c’est la seule qui voit son nombre d'élèves augmenter depuis ces trois dernières années, avec 3,3% d’évolution annuelle en 2023.

Nicolas Thibault explique que "c’était la seule filière accessible pour accéder aux prépas quand les élèves n'avaient pas pris de spécialité maths". Selon Serge Maraval, la filière littéraire "est moins dénigrée qu’avant".

Les CPGE restent peu diversifiées

La composition sociale des CPGE reste peu diversifiée, avec 50,1% des élèves issus de familles de cadres ou de professions intellectuelles supérieures. Nicolas Thibault explique que la "sélection sociale se fait en fin de 3e et en fin de seconde", des moments déterminants dans le parcours d’un élève. Selon lui, "les filières du supérieur sont assises sur un vivier restreint socialement".

Malgré tout, l’ouverture sociale se développe avec les classes préparatoires ouvertes aux bacheliers technologiques et professionnelles.

Mathilde Grandadam-Nicot | Publié le