Les enseignants-chercheurs en gestion d’entreprise à l’épreuve du confinement

Juliette Chaignon Publié le
Les enseignants-chercheurs en gestion d’entreprise à l’épreuve du confinement
Les enseignants-chercheurs de gestion d'entreprise se sont recentrés sur leurs étudiants pendant le confinement. // ©  Deepol/Plainpicture/Monty Rakusen
Une enquête de la Fnege réalisée auprès de 525 professeurs de gestion d’entreprise s’intéresse à la manière dont les enseignants-chercheurs de cette discipline ont vécu le confinement : une plus grande charge de travail, la découverte de nouveaux outils et une priorité donnée à l’enseignement.

Adapter ses cours pour passer de l’amphithéâtre à un écran d’ordinateur a exigé une hausse de la charge de travail pour 82% des enseignants-chercheurs en gestion d’entreprise. Le questionnaire de la Fnege (Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises) auquel ont répondu 525 professeurs en IAE, à l’université et en écoles de management, proposait d’évaluer l’intensité du travail : “certains répondants auraient aimé indiquer une charge de 120%-130%”, précise Jérôme Caby, délégué général de la Fnege et coordonnateur de cette étude.

De nouveaux outils

A emlyon, Karine Raies, professeure associée de marketing, a revu ses supports de cours. "J’ai ajouté sur les slides ce que je dis d’habitude à l’oral", explique-t-elle. Comme 80% des enseignants-chercheurs interrogés, cette professeure dit avoir progressé dans la maîtrise des outils de communication et de pédagogie à distance. Elle connaît mieux Wooclap, une application pour ponctuer son cours avec des questions auxquelles les élèves répondent en temps réel.

Résultat, des cours "enrichis" et une plus grande attention portée à la "scénarisation du cours, aux variations de rythme". Même si l’enseignement à distance "reste une relation dégradée avec les étudiants", nuance Jérôme Caby.

Des formats d’examens à améliorer

Pour 70% des enseignants-chercheurs, le confinement a remis en question les méthodes d’enseignement, comme les modalités d’examen. A l’évaluation des connaissances pures, Thi Thanh Huong Tran, enseignante-chercheuse à l’EMLV, a préféré des questions jugeant les capacités d’analyse de ses étudiants: "cela réduit les risques de triche et force les élèves à appliquer leurs connaissances théoriques sur des cas pratiques". Seul inconvénient : le temps de correction, plus élevé.

A l’IAE Nancy, Patrice Laroche, professeur des universités en gestion RH, a opté pour des QCM qu’il a édités en ligne. D’après lui, c’est un format mieux adapté au contrôle continu qu’aux partiels : les élèves ont obtenu des notes "bien supérieures" à ce qu’ils obtiennent en présentiel.

Moins de temps pour la recherche

"La priorité des enseignants-chercheurs a été la continuité pédagogique", assure Jérôme Caby. Pour 61% des personnes interrogées, le temps de recherche a ainsi diminué. "Depuis la fin de l’année scolaire, je peux m’y consacrer à nouveau", pondère Thi Thanh Huong Tran.

Patrice Laroche a, quant à lui, trouvé la période "propice à la recherche", avançant plus vite sur ses articles et s’autorisant à ne pas participer à certaines réunions. Mais il regrette l’absence "d’échanges informels sur les recherches avec les collègues, dans un couloir ou à la machine à café."

Des changements conservés à la rentrée

La majorité des enseignants-chercheurs se dit satisfaite de la réaction de leur établissement, tant sur la continuité de l’enseignement (77%) que sur l’administratif (70%). Mais comme les autres professions, ils sont 82% à avoir vu la frontière entre vie privée et vie professionnelle s’estomper.

D’après la Fnege, 60% des enseignants-chercheurs en gestion sont désormais plus réceptifs à l’enseignement à distance. A emlyon, par exemple, les cours au format "blended", soit des séances en présentiel et d’autres à distance, pourraient se faire plus nombreux pendant qu’à Grenoble, l’école de management GEM envisage le 100% numérique en septembre et octobre, avant un retour progressif vers le présentiel, d’ici janvier 2021.

Juliette Chaignon | Publié le