Les serious games constituent-ils de bons outils pédagogiques pour l'enseignement supérieur ? C'est peu ou prou la question que se sont posé l'École nationale supérieure des mines, Grenoble École de Management, le Groupe INSEEC et Renault, rassemblés par Nathan Académie le 13 mars 2014. La tenue de cette conférence est révélatrice d'une tendance de fond timidement amorcée il y a cinq ans : les "jeux sérieux" s'imposent peu à peu dans les universités et les écoles. Il était temps ! Les entreprises, elles, les ont adoptés depuis une quinzaine d'années et attendent que leurs futures recrues y soient initiées. "Elles nous informent des besoins en formation liés au comportement plus qu'à la théorie. Au savoir-être plutôt qu'au savoir-faire : faire preuve d'empathie, prendre des décisions éthiques... ", explique Hélène Michel, professeur en management de l'innovation à GEM.
Les jeux vidéos proposés par les éditeurs comme Nathan Académie, Interaction Games ou encore Serious Factory ont un large spectre : management, techniques de vente, innovation, risques juridiques... Bref, toutes les armes pour réussir ses missions au sein de l'entreprise. Mais quid de l'insertion des étudiants sur le marché de l'emploi ? Les entreprises, elles, se sont depuis longtemps saisies des serious games pour recruter : "Reveal" de L'Oréal, "Moonshield" de Thales ou encore le serious games d'Accenture, dont l'objectif est de dynamiser les sessions de recrutement. Endossant le costume de consultant, les étudiants sont testés sur leurs capacités d'analyse, de synthèse, d'adaptation et d'écoute. Des qualités difficiles à cerner sur un CV ou lors de l'exercice formel d'un entretien de motivation.
Dynamiser les sessions de recrutement
Problème, peu d'établissements ont intégré cette dimension "sourcing" dans la formation par les serious games. Une carence que reconnaît Hélène Michel. Celle-ci estime qu'"en faisant jouer les étudiants, on leur montre l'intérêt et le fonctionnement des jeux sérieux. Charge à eux de s'en saisir ensuite dans des situations d'entretien de recrutement".
De fait, il est facile d'imaginer qu'un jeune diplômé qui a déjà expérimenté un jeu sérieux sera moins déstabilisé qu'un candidat qui y est confronté pour la première fois. Qui plus est dans la situation de stress que représente un entretien d'embauche. "Si la question de recrutement par le jeu se généralise, nous pourrons être amenés à adapter les serious games à nos formations", admet Hélène Michel.
Des jeux conçus pour un véritable apprentissage
Les Mines de Saint-Étienne, elles, ont sauté le pas en recourant à un jeu sérieux spécialement conçu pour reproduire les situations d'entretien d'embauche et d'entretien annuel d'évaluation. Un investissement d'une quarantaine d'euros par an et par élève dont le chargé de recherche, François Jaujard, se félicite : "Avant d'opter pour ce jeu, nous devions organiser des face-à-face pour 80 étudiants sur une session de deux jours non stop avec une quinzaine d'intervenants." Un vrai casse-tête organisationnel.
Le serious game permet à chacun de bénéficier d'un entretien personnalisé d'une heure mêlant recrutement et évaluation. "La situation virtuelle pousse les étudiants à prendre des risques, à argumenter avec plus de force qu'ils le feraient devant un interlocuteur qui pourrait devenir leur employeur. Nous les poussons à être assertifs sans être agressifs", poursuit-il.
Revers de la médaille, les étudiants ne sont pas confrontés aux réactions des intervenants, comme un froncement de sourcil ou des remarques du type "Vous auriez pu faire un effort vestimentaire", qui leur permettent d'ajuster leur comportement. Un point que François Jaujard relativise : "Il faut tout de même avoir conscience que certains intervenants sont là pour repérer des talents et ne font pas forcément de réels efforts de pédagogie. Les jeux, eux, ont été conçus pour un véritable apprentissage."
Consulter le blog d'Hélène Michel, professeur en management de l'innovation à Grenoble École de Management, consacré aux Serious Game.
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