L’UPEC mise sur les parcours différenciés

Isabelle Dautresme
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L'Upec a mis en place des parcours différenciés pour s'adapter aux différents profils d'étudiants, notamment ceux issus de bacs pro.
L'Upec a mis en place des parcours différenciés pour s'adapter aux différents profils d'étudiants, notamment ceux issus de bacs pro. // ©  Upec
Les bacheliers professionnels sont de plus en plus nombreux à franchir les portes de l’université alors que leurs chances d’y réussir sont très faibles : moins de 5% décrochent une licence en trois ou quatre ans. Face à la chronique d’un échec annoncé, certains établissements réfléchissent à des dispositifs permettant d'accompagner ces étudiants tenus éloignés des enseignements conceptuels. Zoom sur deux bonnes pratiques.

Des parcours différenciés. Telle est l’organisation que l’UPEC (université Paris-Est Créteil) compte adopter, dès la rentrée 2014, dans quatre composantes pour commencer : économie, gestion, sciences et lettres. L’objectif : répondre à l'hétérogénéité des publics de l’université.

"Ici, on accueille des bacheliers généraux dont certains ont décroché une mention TB, mais aussi des bacheliers professionnels pour qui l’enseignement universitaire ne va pas de soi" souligne Yves Palau, vice-président au CEVU (Conseil des études et de la vie universitaire) de l’UPEC. D’où la nécessité d’individualiser le plus possible l’offre de formations en licence. Pour répondre à cet impératif, l’université a mis au point six parcours.

Pédagogie inductive

Aux bacs généraux plutôt les parcours "sélectif" et "classique". Et pour ceux que les cours magistraux et théoriques déstabilisent, au premier rang desquels figurent les bacheliers professionnels et technologiques, l’UPEC a imaginé le parcours “inductif ou inversé”. L’idée est de partir de cas pratiques, puis de monter progressivement en théorie au cours des deux premières années de licence. Soit, le contraire de ce qui se fait traditionnellement à l’université.

Si cette démarche “inversée” offre l’avantage de faciliter la transition entre le lycée et l’université, elle se révèle très coûteuse, les cas pratiques étant plus gourmands en heures que les cours magistraux. Sans parler des enseignants qui ne voient pas toujours d’un très bon œil l’introduction de pédagogies jugées chronophages. “Raison pour laquelle ce parcours ne sera mis en place que dans quelques composantes et sur la base du volontariat”, tient à préciser Yves Palau.  

Cap sur la réorientation

Autres dispositifs prêts à être lancés par l'université : les parcours de réorientation. “Sur le principe, ça n’a rien de nouveau. Ce qui l’est davantage, en revanche, c’est de les institutionnaliser”, expose le vice-président. Réorientation vers les IUT pour les bacheliers technologiques et vers les STS pour ceux issus de la voie professionnelle.

Chaque année, à la Toussaint, des places se libèrent dans les filières courtes de l’enseignement supérieur. L’idée est de les proposer très rapidement à nos étudiants, ceux-là même qui s’étaient vu refuser leurs dossiers en terminale”, fait valoir Yves Palau. Un travail mené de concert avec les directeurs d’IUT et le rectorat de Créteil. Ce dispositif ne devrait concerner chaque année qu’une ou deux dizaines d’étudiants sur les 273 bacs pro qu'accueille l'UPEC.

Professionnalisation rapide

Enfin, les étudiants de l’UPEC les plus en difficulté pourraient se voir proposer une formation très professionnalisante, d’un ou de deux ans, sanctionnée par un diplôme d’université reconnu par les branches professionnelles.

Néanmoins, si ce dispositif a pour objectif de permettre une insertion professionnelle rapide, “il n’exclut  pas pour autant la poursuite d’études vers une licence professionnelle, voire généraliste”, insiste le vice-président.

Deux mois pour décider

Pour que chaque étudiant de L1 trouve le parcours qui lui convient le mieux, l’UPEC prévoit de mettre en place, à la rentrée 2015, l’opération baptisée “les 60 premiers jours”. “Il s'agit de se laisser deux mois pour repérer et diagnostiquer les différents profils”, explique Yves Palau.   

Quid du coût de ces dispositifs ? Le vice-président se veut rassurant : “L’idée n’est pas d’ajouter des heures supplémentaires ni d’augmenter les moyens mais de réfléchir à d’autres manières d’enseigner, ce qui ne peut être que profitable !” Et bénéficier, in fine, à l'ensemble des étudiants.


Isabelle Dautresme | Publié le