Logement étudiant : la feuille de route du député Anciaux

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Quatre ans après sa première mission, Jean-Paul Anciaux a remis le couvert. Le 30 janvier 2008, le député UMP de Saône-et-Loire a remis son second rapport sur le logement étudiant au Premier ministre François Fillon et à la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. Ses buts : identifier les dysfonctionnements du plan Anciaux 1, mesurer le retard accumulé depuis trois ans et proposer de nouvelles mesures.

« Un constat partagé »

C’est assez rare pour le souligner, les conclusions du rapport Anciaux 2 bénéficient d’un vrai consensus auprès des organisations étudiantes. Celles-ci ne tarissent pas d’éloges sur les méthodes de travail du député et sur son engagement sur le terrain. N’a-t-il pas été jusqu’à dormir une nuit cet automne dans une chambre du CROUS de Toulouse ? Son souci réaffirmé de faire du couple CROUS/CNOUS l’opérateur pilote de la politique du logement étudiant en France est sans doute, aussi, pour beaucoup dans ce succès d’estime. Plus objectivement, le rapport Anciaux donne corps aux critiques étudiantes sur les failles du plan logement. En effet, sur les 7 000 réhabilitations et 5 000 nouvelles chambres censées avoir été réalisées chaque année depuis 2004, seuls 17 500 réhabilitations et 6 300 nouveaux logements, au lieu de 21 000 et 15 000, ont effectivement été « livrés ».

Les causes

Elles sont multiples et variées. Il y a d’abord un problème de foncier. Les prix se sont envolés ces dernières années, rendant fort compliqués l’acquisition de terrains constructibles comme l’achat de « bâti ». En outre, observe Jean- Paul Anciaux, « avec des bons de commande déjà bien remplis, les marchés publics ne constituent pas des priorités pour les entrepreneurs en bâtiment ». Autres constats : le manque de coordination entre les différents acteurs, le non-respect des engagements de l’État dans les contrats de plan Étatrégions (CPER) 2000-2006, ou l’évaporation des prêts locatifs sociaux (PLS) dans le logement privé.

Tout est-il si noir ?

La situation du logement étudiant n’est pas uniforme sur tout le territoire. Jean-Paul Anciaux l’a bien compris en isolant dans son rapport le cas difficile de l’Île-de-France. En province, des contrastes existent entre les Pays de la Loire, qui font figure de bons élèves, et par exemple la Lorraine, où les déséquilibres de l’offre sont persistants. Dans d’autres régions, à Montpellier ou à Toulouse, les CROUS ont fourni d’importants efforts, en matière de rénovations notamment (1 617 pour l’une, 1 844 pour la seconde).

Les préconisations

Si le recours à des locations de moins de 9 m2 semble avoir été écarté, le député n’en est pas moins favorable à une diversification de l’offre qui passerait par le développement de l’intergénérationnel et de la colocation. Les bailleurs privés seraient incités à louer davantage aux étudiants grâce à une plus grande sécurisation de la caution. Un guichet unique serait institué. Pour une meilleure coordination de toutes les aides au logement, le rapport plaide pour un « refléchage » de l’APL et de l’ALS (sous tutelle de Christine Boutin) vers le seul ministère du Supérieur. « Ce pilotage unique simplifierait les choses », mais ouvrirait la porte à une remise à plat des aides dans leur ensemble, ce qui n’est pas du goût de toutes les organisations étudiantes, notamment l’UNEF. Jean- Paul Anciaux préconise encore la « sanctuarisation » des crédits des CPER et la constitution d’un comité d’évaluation et de suivi de son plan. « Si au prochain budget, il manque de l’argent pour le logement, il faut pouvoir le dire et tout de suite », remarque l’élu.

Ce qu’en pensent les étudiants

Aussi cocasse que cela puisse paraître, c’est l’UNI qui semble la moins enthousiaste sur le rapport. Elle aurait souhaité que le député aille plus loin dans la diversification de l’offre, en encourageant plus fortement encore le privé. De son côté, si l’UNEF salue le diagnostic du député, elle exprime des « réserves importantes sur les aides au logement » dont elle demande la revalorisation. Elle regrette également qu’aucun chiffrage des engagements publics n’apparaisse dans le document. Si PDE affirme clairement son soutien aux propositions du rapport Anciaux, la Confédération étudiante, prudente, attend les derniers arbitrages pour se prononcer. Au final, c’est la FAGE qui semble la plus enthousiaste. Sur la méthode comme sur les propositions. Reste maintenant à Valérie Pécresse à faire du rapport Anciaux sa feuille de route pour le logement étudiant. Les organisations apprécieraient ce signal, qui leur permettrait un peu d’oublier le vote de la loi LRU. Comme le résume Claire Guichet de la FAGE : « On a bien le droit à notre biscuit après notre café sans sucre. »

GrD

À qui les logements du plan Campus ?

De beaux logements étudiants sur de « beaux campus ». Telle est l’idée du plan lancé par Nicolas Sarkozy en novembre La Lettre n°889-890). Si l’idée recueille – ô surprise ! – l’assentiment de l’UNI, les autres organisations étudiantes sont beaucoup moins enthousiastes. « Ce serait une erreur totale », estime-t-on à la FAGE. « Les missions fondamentales de l’université, ce sont la recherche, l’enseignement, pas les oeuvres sociales. Et puis la loi LRU ajoute déjà tellement d’autres missions », observe de son côté Grégory Golf, de PDE. Bref, les étudiants ne veulent pas de nouvel opérateur à côté des CROUS. Rue Descartes, la solution envisagée pour ne froisser personne serait de laisser la gestion de ces logements, propriétés des facs, aux CROUS.

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