Autrefois boudée par l'industrie high-tech, New York connaît depuis six ans un vrai dynamisme dans ce secteur. Depuis la crise financière de 2008, les maires Michael Bloomberg, puis Bill de Blasio ont soutenu de multiples initiatives pour promouvoir les start-up, et réduire la dépendance de la ville vis-à-vis d'une industrie financière très sensible à la conjoncture économique. Des start-up florissantes comme Gilt, Kickstarter, Etsy, Tumblr, Buzzfeed, Warby Parker incarnent ce renouveau. La ville a vu sa part dans l'ensemble des investissements en capital-risque aux États-Unis doubler en dix ans.
Ce que ces start-up viennent chercher à New York, c'est sans doute ce que la Silicon Valley ne peut leur offrir : un univers qui n'est pas seulement dédié à la "tech" mais qui se situe à l'interface avec les médias, les industries créatives, la mode, la finance, les arts... Un écosystème plus varié et plus multiculturel que celui de la Californie.
Parmi ces start-up, des dizaines se sont focalisées sur l'enseignement supérieur. Notamment pour profiter de l'immense richesse qu'offre la ville en la matière : 500.000 étudiants répartis dans 110 universités.
Ainsi, Grockit, Noodle, Codecademy, 2U, Knewton, Grovo ou Neverware sont nées et basées à New York. Deux incubateurs dédiés aux EdTech, celui de l'entreprise Kaplan et un autre baptisé Socratic Labs, ont ouvert. Côté universités, Flatiron ou General Assembly incarnent ce que pourrait être l'enseignement supérieur de demain, tandis que le projet de campus de Cornell sur Roosevelt Island, à New York, promet de placer la ville à la pointe de la recherche en sciences et technologies.
Cognotion : de la formation continue sur mobile
Parmi les jeunes start-up new-yorkaises qui font bouger les EdTech : Cognotion. Le mobile est l'avenir de la formation : cette jeune pousse en est persuadée. Cette start-up conçoit des cours qui ciblent les générations X et Y, à suivre sur un téléphone portable. Elle les vend à des entreprises (Gap, Starbucks...) souhaitant former et retenir leurs jeunes salariés. La particularité de Cognotion, c'est de se concentrer sur les emplois de "premier niveau" (réceptionnistes d'hôtel, serveurs, vendeurs), typiquement occupés par des jeunes sans qualification.
Ses modules s'inspirent des jeux vidéo, des séries, des émissions de télévision : Cognotion a embauché des scénaristes spécialisés dans ces domaines. Les vidéos sont au centre de ces cours, et sont augmentées par des textes, quiz, jeux. Le tout avec de l'humour. Objectif : créer une forme d'"addiction" à la formation. Le résultat, que l'on peut apercevoir sur différentes démos, est bluffant.
"Nous utilisons le levier émotionnel pour faire comprendre à de jeunes vendeurs pourquoi ils doivent faire certaines choses, afin qu'ils ne les fassent pas seulement pour obéir à leur patron. Par ce biais, la personne améliore sa vision d'elle-même, et se met dans une bonne dynamique pour évoluer. Pour les employeurs, ce type de motivation améliore la productivité de ses employés", nous explique Joanna Schneier, fondatrice de Cognotion.
L'entreprise emploie 8 personnes, et a levé 2,1 millions de dollars depuis sa création. Elle affirme que 60.000 personnes ont suivi ses différentes formations sur mobile. Prochaine étape ? Des formations sur Oculus Rift, les lunettes de réalité virtuelle.
ProctorTrack, la traque de la fraude à l'heure des MOOC
La triche est relativement facile à contenir dans une salle de partiels. Mais qu'en est-il lorsque les étudiants passent leurs examens en ligne, chez eux ? C'est sur ce créneau que s'est positionné Proctortrack, logiciel développé par la start-up new-yorkaise Verificient Technologies depuis début 2014.
Pour 30 dollars par session (payés soit par l'université, soit par l'étudiant, selon les cas), ce logiciel garantit que l'examen s'est déroulé dans de bonnes conditions. S'il détecte une fraude, il fournit un rapport à l'institution, avec les preuves (enregistrement vidéo du moment problématique).
Le logiciel permet de reconnaître visuellement l'étudiant, de voir s'il s'absente, s'il est aidé par une autre personne, s'il cherche la réponse sur Internet... Il utilise pour cela des techniques de reconnaissance visuelle, spatiale, différents procédés de "machine learning" (intelligence artificielle).
"Nous avons une douzaine d'universités clientes. Nous avons mené une étude montrant que la triche aux examens en ligne diminuait de 91% lorsque notre logiciel était utilisé, notamment car il a un effet dissuasif", explique Tim Dutta, fondateur de la start-up.
Reste que ce type de technologie, qui filme l'étudiant pendant toute la durée de l'examen, pose certaines questions éthiques. "Les vidéos ne sont regardées par personne, et supprimées au bout d'un mois. Nous n'envoyons que les sections identifiées comme problématiques aux institutions", assure Tim Dutta. Qui estime qu'environ 27.000 étudiants ont passé des examens en utilisant sa solution. L'entreprise emploie 21 personnes, a levé 1,8 millions de dollars, et boucle actuellement une nouvelle levée de fonds.
Voxy, les langues en contexte, sur son portable
L'endroit le moins adapté à l'apprentissage d'une langue est la salle de classe. Telle est la philosophie de Voxy, une start-up qui développe des applications mobiles pour apprendre des langues étrangères. Elle mobilise pour cela différents matériaux : chansons, articles de journaux, vidéos, podcasts, le tout assorti de différents quiz et jeux pour vérifier l'acquisition des connaissances.
Mais la plus grande innovation de Voxy, c'est d'utiliser la géolocalisation pour fournir des thèmes de cours adaptés à l'environnement immédiat de l'apprenant : restaurants, banque, supermarché, bar... Le cours que l'étudiant reçoit est fonction de l'endroit où il se trouve.
L'application Voxy a d'autres fonctions ludiques : elle reconnaît un objet photographié, et fournit son nom dans la langue étudiée. L'idée est de transformer chaque expérience en opportunité d'apprendre quelque chose, en se fondant sur le fait qu'apprendre en contexte est plus stimulant.
On accède à l'application via un abonnement mensuel au service – tandis que certaines fonctionnalités sont gratuites. Voxy a aussi développé des partenariats avec des universités (qui peuvent personnaliser les applications et les utiliser en marque blanche) et revendique, au total, 3 millions d'utilisateurs. . Voxy, créé en 2010, emploie 43 personnes à New York, et a déjà levé 18,8 millions de dollars au cours de cinq campagnes de levées de fonds successives. Les EdTech, un secteur d'avenir...
EducPros organise sa quatrième Learning Expedition, à New York et Boston, du 26 avril au 1er mai 2015. Véritable plongée au cœur de l'innovation et de l'écosystème de la côte Est (universités, écoles, alumni, entreprises), ce voyage d'étude est l'occasion pour les participants de nouer de nouveaux partenariats et de faire émerger de nombreux projets.
Au programme : visite de NYU, Cornell, Columbia University, MIT, Harvard, Babson College, rencontres avec des fondateurs et représentants d'entreprises et d'établissements emblématiques de la région (EdX, Broad Institute, Campus Dassault Systèmes, Cambridge Innovation Center...), mais aussi échanges avec des patrons de start-up innovantes, des Français expatriés et le French Tech Hub.
Programme complet et inscriptions