Règlements de comptes à la "fac Pasqua"

Grégory Danel Publié le
Règlements de comptes à la "fac Pasqua"
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Attention grands fauves. Révélée par le site internet de Marianne, la crise qui secoue le pôle universitaire Léonard de Vinci dépasse de loin la simple gestion d’un établissement d’enseignement supérieur, aussi hors norme, soit-il. Le PULV semble aujourd’hui l’otage de rivalités politiques entre l’ancien président du conseil général des Hauts-de-Seine, Charles Pasqua et son nouveau patron, Patrick Devedjian.

Rappel des faits. Le 6 mars, Guillaume Bigot, directeur de l’école de management (EMLV) et Frédéric Teulon, directeur du département économie et mathématiques de la fac Pasqua sont mis à pied par le directeur général, Michel Bera. Selon le récit de Marianne, les deux responsables pédagogiques ont été convoqués par le président du conseil d’administration, Charles Pasqua puis renvoyés « manu militari ». L’objet du courroux de l’ex-ministre de l’Intérieur : un rapport d’audit « accablant » commandé par le nouveau chef du Département, Patrick Devedjian. Un document arrivé le 25 février sur le bureau de M. Devedjian et qui après avoir un peu trop circulé dans les couloirs de l’hôtel du département, aurait malencontreusement « fuité » jusqu’à M. Pasqua dont le sang n’a fait qu’un tour.  

Mais qu’y a t-il donc dans ce rapport pour provoquer un tel courroux ? Dans ce document dont Educpros a eu connaissance, nulle question de détournement d’argent ou autre malversation qui ont déjà fait la joie des gazettes mais le constat d’un « joyeux bordel », selon un protagoniste de l’affaire. Communication « inexistante », personnel « démobilisé », administration « hypertrophiée », népotisme, « erreurs de casting », relations avec les entreprises « inexistantes », le tout dans une atmosphère « délétère ». Les deux auditeurs n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Ils dénoncent « la promotion systématique dont profitent une vingtaine de personnes particulièrement improductives » et plus globalement un système « dans lequel la relation personnelle au chef et le copinage sont érigés en système de gouvernement ».  

2 106 étudiants

Du côté de la direction générale du pôle universitaire, on conteste bien évidemment les allégations contenues dans le rapport. Et parmi les plus chauds partisans de la fac Pasqua, on n'hésite pas à parler de « complot » destiné à discréditer l’action du pôle et plus précisément encore celle de Charles Pasqua. Dans un département qui n’en manque pourtant pas, le PULV serait le théâtre d’un nouveau règlement de comptes politique.  

Au-delà des invectives et peaux de bananes, partisans ou détracteurs de la gestion Pasqua s’accordent sur un point, le PUVL serait un « succès pédagogique ». Le pôle accueille aujourd’hui 2 106 étudiants (contre 193 en 1995) . L’insertion professionnelle et la mobilité sociale seraient à l’heure actuelle « exceptionnelles », selon l’analyse de MM. Teulon et Bigot.  

Structure du financement

La fac Pasqua semble cependant confrontée à de réels problèmes comme la structure de son financement. La taxe d’apprentissage versée par les entreprises qui devait assurer l’essentiel de ses revenus, plafonne à 500 000 euros en 2007/2008. Soit autant que l’ESC Troyes alors que le PULV regroupe 4 écoles. La subvention du ministère de l’Enseignement supérieur (300 000 euros pour l’école d’ingénieurs) serait menacée. Pas de commentaire au ministère où le cabinet indique qu’il revient à la DGES et à l’AERES d’évaluer les formations. Quoi qu’il en soit, l’établissement privé est toujours largement dépendant de la subvention annuelle versée par le conseil général qui détient également les murs. Une subvention qui s’élève en 2007/2008 à 16,5 millions d’euros.  

Là est sans doute une des clés de l’imbroglio. Auquel un certain Nicolas Sarkozy, lorsqu’il présidait aux destinées du département le plus riche de France,  s’était lui-même confronté avant de faire machine arrière. La fac privée coûte chère et Patrick Devedjian n’entend plus dépenser autant d’argent sans droit de regard sur le pilotage.   Dans ce climat pour le coup franchement « délétère », le vote de son budget le 11 avril prochain, risque d’être quelque peu crispé… Tout comme, le 20 avril, l’élection du nouveau président du conseil général.

Grégory Danel | Publié le