Réseaux d’anciens : les nouvelles pratiques

Morgane Taquet Publié le
S’appuyant sur le modèle anglo-saxon, universités et grandes écoles soignent leurs relations avec leurs anciens élèves. Levée de fonds, insertion professionnelle à la clé... Elles rivalisent d'imagination pour renouer et entretenir les liens coûte que coûte. Tour d’horizon des tendances qui font mouche.

De Barack Obama à George W. Bush, Mark Zuckerberg ou Ban Ki-Moon, les illustres anciens de Harvard sont nombreux. Et pour cause, la première université du monde dispose de plus de 300.000 alumni à travers le globe. Une belle performance, liée au prestige de l'établissement mais aussi à la tradition de levée de fonds américaine et, bien sûr, au mode de financement de l'enseignement supérieur. Les universités américaines, dans lesquelles la vie de campus tient une place importante, vivent en effet beaucoup des frais de scolarité, des contrats de recherche et du mécénat.

En France, le contexte est autre et la politique en matière d'alumni beaucoup moins développée. Si les écoles de commerce et d'ingénieurs ont lancé depuis une dizaine d'années des politiques de fidélisation de leurs diplômés, la prise de conscience est bien plus récente du côté des universités. Exemple, l'université de Strasbourg a récemment initié une campagne active pour lancer son réseau d'anciens. Mais, selon le baromètre 2012 de l'agence de collecte de fonds Excel, seuls 7% des diplômés de l'enseignement supérieur ont déjà fait un don à leur établissement d'origine. Et si la majorité dit son attachement à son école ou son université, seul un quart d'entre eux conserve des relations avec elle. Même si le lien semble se renforcer dans les jeunes générations, il reste des efforts à faire...

Pourtant, garder le contact avec les diplômés est primordial pour les établissements et les entreprises. Outre les avantages en termes d'insertion professionnelle future pour ses étudiants, un établissement dispose là d'un moyen efficace pour renforcer son image de marque et attirer de nouvelles recrues. Les anciens constituent également, seuls ou via leurs entreprises, des partenaires et des mécènes potentiels. D'autant que, dans un contexte de restriction budgétaire, diversifier les sources de financement devient urgent.

Pour les entreprises aussi, les intérêts sont nombreux : au-delà des déductions liées aux donations, trouver des ambassadeurs de leur marque dans un établissement participe de leur renommée et facilite le sourcing de talents, puis le recrutement. S'inspirant de leurs homologues anglo-saxons, certains établissements et entreprises rivalisent ainsi d'imagination pour créer et exploiter ce sentiment d'appartenance. Petit tour d'horizon des nouvelles tendances pour créer et surtout maintenir le lien avec les anciens.

Retrouver les anciens : l'option ludique

Première étape pour constituer un réseau efficace : retrouver ses anciens. Et aussi évident que cela puisse paraître, ce n'est pas toujours une mince affaire ! À un traditionnel mailing ou phoning, l'association Dauphine Alumni a préféré la carte ludique avec un concours, "Le réseau, c'est nous !". Lancé en mai 2012, le jeu de marketing viral a permis aux diplômés de l'université de se situer dans une promotion et de fournir à Dauphine d'autres noms de "copains" de promo. Avec, à la clé, un voyage à Berlin pour le gagnant. "Les diplômés présents dans la base de l'université ont tous reçu un mail mais le jeu était également accessible via les réseaux sociaux Facebook, Viadeo et LinkedIn", précise Brigitte Dugas, chargée de mission à Dauphine Alumni. Objectif : récolter un maximum de mails d'anciens pour élargir la base de données.

Le succès est au rendez-vous : 41.000 visites uniques ont été recensées en sept mois et, sur les 5.000 personnes ayant participé à l'opération, 3.500 sont de nouveaux inscrits retrouvés grâce à l'opération. "Les anciens se sont même pris au jeu en chargeant leurs photos sur leurs profils !", se souvient Brigitte Dugas. Cependant, "même si l'objectif était de nous adresser à tous nos anciens sans distinction d'âge, cette campagne virale a compté ses meilleurs taux de réponse auprès des promotions les plus récentes."

Préalable toutefois avant de lancer ce type d'initiative : "Disposer d'une base "propre", avec des mails mis à jour, est essentiel, estime Brigitte Dugas. Il faut aussi être en possession d'une liste de diplômes claire et compréhensible pour les alumni, et donc bien connaître l'organisation et l'histoire des formations car des diplômes ont pu disparaître et beaucoup ont changé de nom en 40 ans d'existence."

Pour cela, l'association a pu compter sur les compétences de la Fondation et de l'université.

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Morgane Taquet | Publié le