Concrètement, les administrations devront appliquer la charte déjà établie pour le privé. A elle de favoriser la transparence dans les offres et les recrutements et de fixer une rémunération obligatoire pour les stages de plus de trois mois. Et là, cela se complique un peu… Les stages dits "d’observation" (en gros, les stages "photocopieuse") devront être distingués des stages à responsabilités, aux tâches clairement identifiées, c'est-à-dire les stages où l’étudiant est pris en charge "comme s’il était agent public".
30% du SMIC minimum
Dans le cas des stages d'observation, les stagiaires auront le droit à un défraiement équivalent à au moins 30 % du SMIC et à des petits plus comme l’accès aux restaurants de l’administration. Dans le second cas, ils toucheront une somme au minimum égale au SMIC et auront le droit à des avantages similaires à ceux des agents (notamment protection sociale et congés).
Problème : pour le moment, les critères retenus pour définir s’il s’agit d’un stage d’observation ou à responsabilités restent flous… et à la discrétion des administrations. Un groupe de travail sur les modalités d’application devrait être mis en place. Dans tous les cas, Éric Woerth a déclaré que ces mesures ne pourraient pas s’appliquer, pour la plupart, dès l’été 2008. Il faudra encore être patient…
Les étudiants restent prudents
Dans l’ensemble, ces annonces ont été bien accueillies par les représentants des étudiants. Même si beaucoup ont fait part d’interrogations ou de frustrations persistantes. La FAGE (le réseau des associations étudiantes), par exemple, a salué "une bonne surprise" tout en regrettant que les critères de distinction des stages n’aient pas été encore définis. Génération-Précaire reste vraiment sceptique sur ce sujet. "Au-delà d’un mois, comment parler d’un stage d’observation ?", s’interroge un membre du collectif. "Finalement, trois ministres se sont déplacés pour annoncer une avancée… potentielle... A quand la vraie régulation, à quand le volontarisme ?" soupire Fanny, également de Génération précaire. De son côté, PDE (Promotion et défense des étudiants) regrette que la rémunération ait été préférée à la gratification. "Le stagiaire ne doit pas être considéré comme un travailleur mais bien comme un étudiant en cours de formation professionnelle. Et il ne doit donc pas payer de cotisation sociale, d’autant plus qu’il est couvert par la sécurité sociale étudiante et sa mutuelle étudiante", note son communiqué.
Le cas particulier des stagiaires des écoles en travail social
Enfin, reste la question des étudiants en travail social. Depuis plus d’un mois, ils manifestent pour obtenir d'une part la rémunération des stages dans le secteur public et d'autre part une aide permettant aux associations de payer également leurs stagiaires. Sur le premier point, Valérie Pécresse a annoncé que les étudiants en travail social seraient "gratifiés au même niveau qu’un agent public en travail social". "C’est bien, c’est ce que l’on demande… Mais pourquoi les stagiaires seraient payés le SMIC dans le public et 30 % du SMIC dans le privé ?", rétorque Marie-Charlotte Lallemand, l’une des responsables du collectif des travailleurs sociaux du Grand Nord. Soit.
Et dans les associations ? "La situation s’est un peu débloquée dans quelques régions, comme le Nord, puisque des fonds ont été accordés par l’État et les collectivités locales. Mais pour beaucoup d’associations, rien n’a encore bougé", déplore-t-elle. Les revendications des stagiaires avancent... à pas mesuré.