UPMC : un président pro-LRU face aux anti

Fabienne Guimont Publié le
UPMC : un président pro-LRU face aux anti
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Réélu le 13 mars face à une liste anti-LRU, le président de l’UPMC (Paris 6) Jean-Charles Pomerol, entouré de son équipe, a défendu le positionnement de son université - première française du classement de Shanghaï - lors d'une conférence de presse, le 18 mars. Une communication qui intervient quelques jours avant le vote, le 31 mars, de son projet d’établissement, par un nouveau conseil d’administration pas forcément acquis à ses idées.

« Même les présidents qui se font élire sur la base de propositions anti-LRU évoquent, dans leurs premiers discours les opportunités de la loi ». A fortiori donc ceux qui ont défendu la nécessité de se saisir de toutes les opportunités de la loi, aurait pu ajouter Jean-Charles Pomerol, le président de l’UPMC nouvellement réélu après une campagne largement politisée entre les pros et les anti-LRU. « Une partie des collègues font de l’abrogation de la loi LRU leur fonds de commerce teinté de démagogie, qui fonctionne assez bien du coup. Nous aurons un CA avec une opposition certaine mais pas forcément constructive composée d’un front assez large. »

Un CA où le président Pomerol devra affronter 6 opposants sur les 14 sièges au total. Pour faire passer son projet d’établissement, le président pourra s’appuyer sur les voix du SGEN-CFDT et de celles des représentants étudiants qui leur ont apporté leurs suffrages. A l’attention de ces derniers, il a rappelé l’intérêt que la loi pouvait représenter avec des propositions sur l’insertion, les tuteurs, les enseignants référents et une diversification des parcours de licence. Autre marge de manœuvre utilisable, l’élargissement du CA à des personnalités extérieures, permis par la nouvelle loi, lui offre aussi la possibilité de consolider sa mince majorité.

L’autonomie façon grand établissement

Dans son discours d’investiture devant son conseil d’administration le 13 mars,  le président de l’université française la mieux placée du classement de Shangaï y a défendu des universités « ouvertes à toutes les classes sociales, gratuites et excellentes » pour lutter contre les dangers du « statu quo » ou des « menées des élites autoproclamées des grandes écoles bien placées dans les coulisses du pouvoir ». « Là est l’enjeu, alors qu’on veut nous faire croire que c’est l’abrogation d’une loi qui ne mérite ni cet excès d’honneur, ni cette indignité ».

L’équipe élue a défendu sa conception de l’autonomie de fonctionnement permise par la loi-LRU à l’image de ce qui existe déjà pour les grands établissements. « On comprends les inquiétudes des anti-LRU. On demande simplement l’autonomie telle que l’ont déjà le CNRS ou l’Inserm, tout en élaborant des garde-fous », rassure Jean Chambaz, chargé des écoles doctorales.

Pas de compétences immobilières en vue

Suite aux audits réalisés par l’IGAENR et à l’IGF, le président a demandé que les compétences en matière de budget, de ressources humaines mais également en matière d’immobilier lui soient dévolues. Une dernière compétence que l’Etat n’est pas prête à céder, malgré la lenteur et le coût exorbitant du chantier de désamiantage de Jussieu. « Si on avait eu en charge ce chantier, on est persuadé qu’on aurait été plus efficace que l’EPCJ [Etablissement public du campus de Jussieu]. C’est une aberration de confier la réhabilitation d’un établissement à un organisme indépendant de l’université qui l’utilise. En quoi est-ce pertinent qu'il décide des mètres carrés qui doivent être affectés à la physique par exemple », s’énerve André Mariotti, chargé de mission pour le contrat quadriennal de l’université. Un agacement alors que les dernières discussions avec Valérie Pécresse ne laissent pas de doute au président. « Je n’aurai pas la dévolution immobilière car les énarques de Bercy ne veulent pas. Ils ne veulent pas lâcher 13 hectares en bord de Seine. Si Pécresse était décisionnaire, ça se ferait », note-t-il avec une pointe de dépit.

De la théorie à la pratique, l'apprentissage de l'autonomie n’est pas simple non plus. Et l’équipe présidentielle note une discordance entre la volonté politique de la ministre et les freins de ses services centraux pour sortir les décrets relatifs à l’application de la loi LRU. Le chemin est encore long pour passer d’un contrôle a priori à un contrôle de l’université a posteriori.

Fabienne Guimont | Publié le