WPRN : un répertoire mondial des recherches sur les impacts sociaux du Covid-19

Juliette Loiseau Publié le
WPRN : un répertoire mondial des recherches sur les impacts sociaux du Covid-19
Le Réseau mondial des recherches sur la pandémie centralise tous les projets de recherche sur les impacts du Covid-19. // ©  DEEPOL by plainpicture
Face aux conséquences de la pandémie, les communautés scientifiques s’organisent. Le Réseau mondial des recherches sur la pandémie ou WPRN (World pandemic research network), lancé en avril 2020, souhaite centraliser, à une échelle mondiale, tous les projets de recherche sur les impacts sociaux et économiques du Covid-19 sur nos sociétés. Au service des communautés de chercheurs, la plateforme souhaite accélérer les projets et développer une science des communs.

Au fur et à mesure que l’épidémie de Covid-19 s’étend, les projets de recherche se lancent. Il s’agit d’une part de trouver des vaccins et remèdes, mais également d’analyser les conséquences sociales et économiques de la pandémie.

Favoriser le partage d'expérience

Début mars, alors que la France n’a pas encore été confinée, à Pékin, le professeur d’économie Xiaobo Zhang présente déjà les résultats de l’impact pour les entreprises chinoises. Le lendemain, à Paris, l’Institut d’études avancées (IEA) réplique l’étude. "Ce partage d’expérience nous a fait prendre conscience qu’en se coordonnant sur les études, à l’échelle mondiale, nous pourrions gagner énormément de temps et développer des projets complémentaires", explique Saadi Lahlou, professeur à la London School of Economics et directeur de l’IEA de Paris.

Pour cela, il faut savoir qui travaille sur quoi et à quel endroit, mais un tel outil n’existe pas. L’idée du WPRN (World pandemic research network) était née. Initié par l’IEA, le réseau se présente comme un répertoire de projets en sciences sociales et humanités en temps réel à l’échelle de la planète.

Concrètement, il s’agit d’une plateforme sur laquelle n’importe quel chercheur peut déposer un projet sur lequel il travaille pour le partager à des communautés de recherche.

Des projets validés par un réseau de référents

Le réseau s’appuie sur une structure technique et robuste, ainsi que sur une validation institutionnelle pour légitimer les projets. Des référents commentent, éditent et valident les projets de leurs pairs en fonction de leurs domaines de recherche.

"Les technologies permettent d’accélérer le partage des connaissances, précise Olivier Bouin, directeur de la fondation RFIEA et président du réseau européen EASSH. Le répertoire est édité par les pairs du domaine. Les projets 'featured by the WPRN Community' sont les projets distingués par différents référents comme les plus innovants et intéressants, et mis en avant".

Mais pour que des chercheurs et référents adhèrent au projet, le WPRN doit rester neutre. "Si la plateforme était pilotée par une personne ou une institution en particulier, les chercheurs n’y enregistreraient pas leur projet, poursuit Olivier Bouin. L’enjeu du WPRN est de s’appuyer sur des réseaux de réseaux, à des échelles européennes et internationales, pour dépasser les nationalismes institutionnels".

Un soutien de plusieurs réseaux scientifiques

La plateforme a déjà reçu le soutien de plusieurs réseaux scientifiques européens et internationaux qui réunissent plus de 150 institutions dans 60 pays, et continue d’élargir ce cercle institutionnel. "L’idéologie sous-jacente est de faire fonctionner la science avec des communs, sans logique marchande, une science du 21e siècle", précise Saadi Lahlou.

Fin juin, 446 projets étaient déjà enregistrés. Avec le WPRN, les chercheurs donnent et récupèrent des informations, saisissent des opportunités de partenariats internationaux, ainsi que des conseils de chercheurs seniors. A terme, cette communauté scientifique collaborative pourrait se tourner vers d’autres sujets que le Covid-19 et dupliquer ce modèle de répertoire de projets en temps réel.

Juliette Loiseau | Publié le