A. Guilhon (Chapitre) : "Pour le moment, nous évitons les croissances exponentielles de frais de scolarité"

Dahvia Ouadia Publié le
A. Guilhon (Chapitre) : "Pour le moment, nous évitons les croissances exponentielles de frais de scolarité"
Le retour des étudiants dans les salles de classe est l'un des dossiers sur lequel planche le chapitre des écoles de commerce. // ©  South Champagne BS
Après un premier mandat de deux ans, Alice Guilhon vient d'être réélue à la tête du Chapitre des écoles de commerce (CGE). Alors que le nouveau classement des grandes écoles de commerce de l'Etudiant est paru début décembre, la présidente revient sur les enjeux majeurs du Chapitre dont la question des frais de scolarité qui s'impose au cœur des réflexions.

Quels sont les enjeux qui agitent aujourd’hui les écoles de commerce ?

Nous travaillons évidemment sur la gestion de la crise sanitaire et notamment l'enjeu du retour des étudiants sur les campus et sous quelle forme.

Alice Guilhon
Alice Guilhon © Skema BS

Le deuxième point important est le financement des écoles. Pour le moment, les écoles évitent les croissances exponentielles des frais de scolarité parce que nous avons d’autres sources de financement comme la taxe d’apprentissage. Mais cette dernière est aujourd’hui en danger.

En effet, la réforme de la taxe d’apprentissage avec le coût contrat met un coup de canif dans nos sources de financement. A partir de ce moment-là, il est essentiel de nous interroger sur nos modèles économiques et nos leviers d'action.

Justement, la question des frais de scolarité est aujourd'hui centrale. Allons-nous voir les frais s'envoler encore plus ?

Aujourd’hui, notre modèle économique repose en grande partie sur les frais de scolarité d’autant plus que nous voyons toutes nos sources de financement se tarir. Auparavant la majorité des écoles de commerce étaient financées par les chambres de commerce. Or ces dernières se sont fortement désengagées de nos écoles. De la même manière, la réforme de l’apprentissage réduit les sources de financement qui émanaient de la taxe.

Si on n’augmente pas les frais de scolarité ou si on ne diversifie pas notre portefeuille de formation, nous allons mettre la clé sous la porte.

Nous avons donc de moins en moins de ressources. Dès lors, si on n’augmente pas les frais de scolarité ou si on ne diversifie pas notre portefeuille de formation, nous allons mettre la clé sous la porte.

Il faut aussi être clair. Le "coût de fabrication" d’un étudiant de niveau master est de 24.000 euros que ce soit dans une école privée ou à l’université. Nous avons les mêmes contraintes que les universités mais pas le même financement.

Aussi, ce que nous demandons à l’Etat c’est de stabiliser les financements, de nous laisser avancer avec des sources stables pendant quatre ou cinq ans. Dans ce cas-là, nous pourrons nous engager à ne pas augmenter nos frais de scolarité pendant cette période-là.

Pourtant, aujourd'hui des étudiants en école de commerce et leurs familles remettent en cause les frais de scolarité et demandent une remise au moins partielle liée au passage au distanciel. Comprenez-vous ces demandes ?

Nous comprenons la question et le besoin de transparence. Or beaucoup d’étudiants n’ont pas conscience que la plupart des écoles sont à but non lucratif, des associations loi 1901. Une fois qu’ils ont pris conscience que le budget de l’école sert à investir dans l’école, beaucoup de choses ont été désamorcées.

Aujourd’hui, la crise sanitaire a évidemment touché la manière dont nous enseignons et les écoles ont énormément investi pour faire des cours à distance qui soient le moins dégradés possibles. Les étudiants sont dans des salles de classe immersives et vivent une vraie expérience.

Par ailleurs, on mène des enquêtes tous les six mois pour mesurer le degré de satisfaction des étudiants. Aujourd’hui, dans mon école (Skema NDLR), nous sommes à 85% d'étudiants très satisfaits, ce qui est stable par rapport aux enquêtes précédentes. Nous n’avons pas d’alerte grave et le dialogue a été central pour apaiser les tensions.

Vous souhaitez aussi voir les évaluations des formations des écoles simplifiées. Pourquoi ce chantier maintenant ?

Les écoles de commerce doivent en permanence justifier de leur qualité académique et de leurs formations. alors que nos diplômes sont visés nous devons passer plusieurs évaluations - nationales et internationales - pendant l’année ce qui nous mobilise au quotidien. C’est un temps considérable pour justifier de notre qualité alors que d’autres établissements ne sont pas soumis à la même pression.

Tout ce que nous demandons c’est d’avoir du temps et de relâcher cette pression.

Tout ce que nous demandons c’est d’avoir du temps et de relâcher cette pression. Une des pistes serait que les écoles qui ont les accréditations internationales EQUIS et AACSB puissent voir leur procédure d’évaluation nationale allégée par le ministère de l’Enseignement supérieur.

Comment envisagez-vous la suite de l’année scolaire ?

Nous travaillons toujours sur des hypothèses avec des plans A et B. Nous allons continuer sur ce modèle pendant tout le deuxième semestre. Si nous le pouvons, nous reprendrons en hybride dès que possible, nous sommes prêts. Aujourd’hui, nous travaillons notamment sur les concours 2021 pour déterminer comment ils pourront se tenir dans de bonnes conditions.

Dahvia Ouadia | Publié le