Une Idex, une dotation de 800 millions d'euros conforme à votre demande, on vous imagine satisfait de ces résultats...
En effet. C'est la consécration de plusieurs années de travail. Nous étions candidats à l'Idex, dans le cadre du PIA 1. Notre candidature n'avait pas été retenue, sans pour autant être totalement rejetée [Lyon avait été qualifié de "prometteur"].
Pendant trois ans, nous avons bénéficié de fonds importants pour mettre en place des actions structurantes pour le site. C'était intéressant, mais ce n'était pas une labellisation...
Les derniers mois ont été complexes, certains membres de la Comue ayant exprimé des craintes envers le projet, comme Lyon 3. Cette labellisation sonne-t-elle l'heure de l'apaisement ?
Nous avons un projet ambitieux et novateur, puisque nous voulons construire une université d'un type nouveau, qui rassemblera en son sein universités et grandes écoles. Il est donc normal que cela suscite des débats, des remises en cause...
Ce n'est pas toujours agréable, on s'en passerait, mais c'est un processus naturel, qui sert également à faire mûrir le projet.
Si le jury a noté la qualité de votre projet scientifique, il vous a néanmoins demandé de travailler sur deux points : la mise en place d'une signature commune pour tous les membres, ainsi que sur un modèle d'université intégrée plus détaillé...
Concernant la signature commune, il est vrai que cela devrait déjà être fait. Mais nous n'avons peut-être pas mis autant d'énergie qu'il l'aurait fallu sur ce dossier. Nos communautés doivent s'emparer du sujet. Pour cela, nous devons convaincre nos collègues.
Quant au modèle d'université, le jury n'a fait que rappeler les engagements que nous nous sommes fixés. Nous lui avons soumis un projet, à savoir la création d'une université unique, intégrée, pour le 1er janvier 2020. Nous avons une feuille de route assez claire pour y parvenir, avec des jalons, notamment en 2019. C'est un travail relativement lourd et complexe qui nous attend, mais nous y croyons.
Est-ce pour cette raison que votre dossier Idex sera examiné à mi-parcours, dans deux ans, tout comme Montpellier ?
Lyon est un site dont on attend beaucoup. Mais, encore une fois, ce jalon à deux ans correspond exactement aux étapes que nous avions proposées au jury. Pour moi, cela constitue une sorte de "clause de revoyure", un encouragement à bien tenir nos délais...
Nantes, qui a décroché une Isite, défend une université d'un genre nouveau. Vous sentez-vous proche de ce modèle ?
En effet, nous sommes proches de Nantes, en ce sens où nous cherchons nous aussi à construire un nouveau modèle, dans lequel universités et écoles s'intègrent. Il y a une vraie nécessité de changer les règles existantes. Nous verrons, en temps voulu, ce que le gouvernement proposera pour adapter la réglementation aux nouveaux statuts que nous attendons.
Nous effectuons un travail au niveau local mais aussi au sein de la CPU, pour recenser les points clés à faire évoluer. Ces derniers seront à discuter dès qu'un nouveau gouvernement sera en place.
Bon nombre de sites détenteurs d'une Idex-Isite ne sont-ils pas intéressés par ces modifications de statuts ?
À ma connaissance, une bonne dizaine de sites sont dans la même attente que Lyon. Cergy, Grenoble, Marne-la-Vallée, Nice... Même les trois Idex confirmées (Aix-Marseille, Bordeaux et Strasbourg) se sont dites intéressées par un assouplissement. L'attente est très forte, les acteurs veulent que leurs contraintes soient desserrées pour qu'ils puissent proposer des modèles en rapport avec leurs spécificités propres.
Lire la biographie EducPros de Khaled Bouabdallah