Doter la France d’une véritable politique d’orientation. Voilà l’objectif poursuivi par Alexandre Portier, ministre délégué chargé de la Réussite scolaire et de l'Enseignement professionnel avec le lancement officiel, ce jeudi 28 novembre, d’une concertation sur l’orientation.
Pour EducPros, il revient sur les modalités de mise en œuvre à l’échelle nationale et territoriale, le calendrier des échanges et les objectifs poursuivis.
Pourquoi lancer une concertation sur l’orientation ?
En créant un ministère de la réussite scolaire, le Premier ministre a voulu rappeler ce qu’est la première mission de l'école : faire réussir tous les enfants, quelle que soit leur origine sociale, territoriale et quel que soit leur parcours.
Parce que je suis convaincu que l’orientation doit être un outil majeur de la réussite scolaire, j’ai souhaité m’engager sur cette question afin de remettre à plat la politique d’orientation dans notre pays.
Qu’est-ce qu’il manque selon vous ?
On n’a jamais eu de vraie clarification de l'objectif de l'orientation et même de ce qu'était tout simplement la définition d'une orientation réussie. L'orientation aujourd'hui, est principalement traitée au moment de l'affectation c’est-à-dire en bout de parcours. C'est problématique et je ne pense pas qu’on puisse être pleinement efficace en fonctionnant de cette manière.
On est donc dans un moment où l'on a besoin d'une remise à plat de notre politique de l'orientation.
L'étape fondamentale qu’on n’a plus le droit de rater dans ce pays, c'est la question de l’orientation au collège
L'étape fondamentale que l’on doit réussir dans ce pays, c'est la question de l’orientation au collège car plus on donnera des outils et des informations tard aux élèves moins on pourra les aider efficacement.
Aujourd’hui, il y a sans doute une trop grande dispersion des moyens. Certains sont entre les mains de l'État, d’autres des Régions, d’agences ou encore parfois des collectivités. Le problème, c'est que je ne connais pas de politiques publiques qui marchent en ordre dispersé.
En quoi va consister cette concertation ?
Je ne voulais pas qu'on arrive dans cette concertation, ayant déjà fait des conclusions qu'on viendrait imposer à tout le monde pour faire avaliser un schéma venu d'en haut, décrété depuis la rue de Grenelle qui ferait fi des réalités de terrain.
Il y aura deux niveaux de discussions : une concertation nationale et territoriale.
J'ai donc voulu, avec Anne Genetet, que l'on puisse donner la parole à un maximum d'acteurs. Il y aura deux niveaux de discussions : national et territorial.
Au niveau national, nous passerons par un questionnaire et un ensemble de rencontres bilatérales. Au niveau territorial, nous serons sur des formats d'échanges collectifs afin de donner la parole à tout le monde.
Quels sont les acteurs qui seront associés à cette concertation ?
Au niveau national, il s’agira de tous les acteurs de l’orientation et de la réorientation, en passant par les représentants des élèves, des parents d'élèves, des branches professionnelles, des organisations syndicales, ou les régions de France par exemple.
Les ministères de l'Agriculture, du Travail et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche vont participer également à la concertation.
Au niveau territorial, nous donnerons la parole aux acteurs de terrain. J'ai confié aux recteurs de région, qui associeront aussi les présidents de région, le pilotage de cette concertation et l'animation des débats.
Vous avez déjà défini un calendrier précis ?
Nous nous donnons deux mois pour identifier toutes les difficultés et les pistes d'amélioration en associant tous les acteurs qui veulent l'être. Mais je ne veux pas qu'on soit dans un exercice qui s'étire en longueur. Il faut qu'on soit efficace.
Le but est que nous ayons des propositions et des préconisations concrètes pour améliorer le système à présenter au Premier ministre et au gouvernement en février.
C'est l'inspection générale qui est missionnée pour faire la synthèse de tous ces échanges fin janvier. Le but est que nous ayons des propositions et des préconisations concrètes pour améliorer le système à présenter au Premier ministre et au gouvernement en février.
Deux mois pour parler d'orientation, vous pensez arriver à tenir les délais ?
Oui parce que l’orientation est un sujet vraiment fédérateur. J’ai partagé ce projet avec de nombreux acteurs. Tous ont montré l'envie de s'impliquer, j’ai senti une grande motivation parce que derrière on a compris qu'il y a un enjeu de justice sociale.
Ce sont des défis que nous devons prendre à bras le corps, qu'on identifie dans l’orientation ce qui ne marche pas, identifier toutes les difficultés et les résoudre ensemble.
Aujourd’hui, certains doutent de la capacité de l'école à permettre l'ascension sociale. On a un système qui ne permet pas toujours à nos jeunes d'exprimer tout leur potentiel, qui reproduit beaucoup de schémas territoriaux, familiaux et qui contribue à l'assignation à la fois sociale et caractérielle.
Ce sont des défis que nous devons prendre à bras le corps, qu'on identifie dans l’orientation ce qu'on peut améliorer, identifier toutes les difficultés et les résoudre ensemble.