Amadou Diaw : "un quart des étudiants sénégalais vont dans l'enseignement privé"

Sarah Masson Publié le
Amadou Diaw : "un quart des étudiants sénégalais vont dans l'enseignement privé"
L'ISM compte 18.000 diplômés à travers le monde. // ©  ISM
Président-fondateur de la première école privée sénégalaise, il y a 23 ans, Amadou Diaw milite pour une formation locale et de qualité, axée sur l'entrepreneuriat. Trois questions à cet entrepreneur pédagogique en marge du forum citoyen organisé par "Libération" au Gabon le 10 octobre.

L'idée était de créer une école sous une forme différente, dans laquelle créativité et esprit d'entreprise prenaient toute leur place. En 1992, au Sénégal, les universités intégraient de très bons étudiants, mais l'offre n'était pas adaptée à la demande des entreprises. Nous étions la première business school privée d'Afrique francophone.

Depuis, l'offre privée a connu un développement exponentiel au Sénégal et dans la région. Aujourd'hui, environ un quart des étudiants sénégalais vont dans l'enseignement supérieur privé.

Nous avons, dès le début, mis l'accent sur les outils et les techniques professionnelles. Non seulement, ces  techniques se banalisent au Sénégal, mais les universités publiques tentent de les introduire dans leurs cursus.

Quelle place occupe l'ISM au Sénégal et dans la région ?

Nous avons 10 campus au Sénégal. L'objectif est d'en construire 10 à 15 autres sur l'ensemble du continent. L'école forme des décideurs dans trois spécialités : management, droit et sciences, du bac + 3 au doctorat. Nous avons également bâti cinq lycées d'excellence.

Nous avons par ailleurs noué des partenariats forts à l'international, avec les États-Unis (Georgetown), la France (Sciences Po, l'Essec, GEM, l'Iéseg...) mais aussi vers l'Asie (Corée, Chine, Japon). Nous comptons 18.000 diplômés à travers le monde.

Les enfants de la bourgeoisie continueront à s'expatrier. Nous ouvrons nos portes à ceux qui restent et qui souhaitent une formation solide.

Comment convaincre les jeunes sénégalais de rester se former sur le territoire national ?

C'est une politique réaliste : nous accueillons de jeunes qui a priori n'auraient pas pu partir. Les enfants de la bourgeoisie, eux, continueront à s'expatrier. Nous ouvrons nos portes à ceux qui restent et qui souhaitent une formation solide.

L'année à l'ISM coûte 1.500 euros : c'est moins cher qu'un aller-retour en Europe ! La majorité de nos étudiants viennent de familles africaines désireuses de sécuriser l'avenir de leurs proches. Ce sont par exemple des enfants de fonctionnaires, des frères et sœurs de travailleurs immigrés à travers le monde...

Nos programmes d'échanges permettent aux étudiants de l'ISM de partir, mais un peu plus tard dans leur cursus. Je suis un fervent défenseur de la mobilité. Mais il faut que ce soit une mobilité pensée. Mon conseil aux jeunes : faites vos premières armes dans des écoles africaines. Ensuite, voyagez, mais pas forcément en Europe ! Il y a aussi l'Asie, qui est très dynamique, et bien sûr, l'Amérique du nord.

L'ISM, l'empire d'Amadou Diaw
Diplômé d'économie et de gestion en France, ancien chef du patronat sénégalais, Amadou Diaw est le président-fondateur de l'Institut supérieur de management (ISM) de Dakar, la première école de commerce privée au Sénégal.

Fondé sur ses propres deniers il y a 23 ans, l'ISM est aujourd'hui un empire : dix campus, cinq lycées d'excellence et des écoles primaires sont disséminés sur tout le territoire sénégalais. Chaque année, environ 4.000 jeunes de 30 nationalités y sont formés.

L'ISM est la seule école d'Afrique subsaharienne qui figure dans le classement du magazine "Jeune Afrique".

Sarah Masson | Publié le