Andrée Sursock, secrétaire générale déléguée de l’EUA : «définir leur stratégie et leur identité, une nécessité pour les universités»

Propos recueillis par Maëlle Flot Publié le
Andrée Sursock, secrétaire générale déléguée de l’EUA : «définir leur stratégie et leur identité, une nécessité pour les universités»
Andrée Sursock (EUA) // © 
Le colloque de l’association européenne des universités (EUA), qui se tient du 27 au 29 mars à Barcelone, se penchera sur la gouvernance des universités. La secrétaire générale déléguée de l’EUA, Andrée Sursock, revient sur les stratégies mises en oeuvre par les établissements pour asseoir leur positionnement.

Toutes les universités en Europe sont-elles confrontées aux mêmes interrogations ?
D’une certaine façon, oui. C’est pourquoi nous allons étudier lors du colloque de Barcelone les diverses stratégies à l’œuvre destinées à augmenter la masse critique des universités ainsi que leur efficacité. Il est intéressant de voir comment les établissements d’enseignement supérieur abordent les questions d'accès à l'enseignement supérieur et de cohésion sociale dans un contexte de concurrence mondiale. Toutes n'ont pas l'autonomie pour le faire même si aujourd’hui, définir sa stratégie et son identité est devenu une nécessité pour les universités, notamment face à la mondialisation. Afin d’être plus fortes, les institutions se regroupent entre elles. C’est le cas de la London Metropolitan University, née d’une fusion en 2002 entre la London Guildhall University et University of North London. En Belgique, des établissements flamands non universitaires ont créés leur association autour de grandes universités.

A quels autres types de stratégies assiste-t-on ?
Dans beaucoup de régions d'Europe, on resserre la coopération régionale pour une plus grande efficacité au niveau de la recherche. Il y a aussi des échanges de départements entre universités. L’université de Lausanne et l’Institut polytechnique ont ainsi choisi d’échanger des formations afin de renforcer leur spécificité propre. De même en Angleterre, où l’université de Newcastle et celle de Durham ont préféré échanger deux filières, d’études religieuses et de philosophie, au lieu d’être en concurrence dans des secteurs qui attirent peu d’étudiants.

L’enseignement supérieur français vit un profond changement suite au vote de la loi LRU l’été dernier, qu’en est-il pour les autres pays européens ?
Les universités de certain pays, tels que l'Autriche ou le Danemark, ont déjà changé profondément. Le Portugal a également voté cet été une loi qui renforce le pouvoir du président, développe des fondations et mise sur des conseils d’administration resserrés. La chercheuse française Christine Musselin nous brossera, à Barcelone, un tableau de ces changements. A mon avis, la loi LRU va dans la bonne direction bien qu'elle provoque actuellement un vrai « remue-ménage » au sein des universités, à cause de l'élection des nouveaux présidents. La question de l'implication de la communauté universitaire dans ce type de réforme est cruciale. C'est pourquoi, lors du colloque, nous allons également tenter de comprendre comment il est possible pour un président, d’impliquer la communauté universitaire mais aussi les partenaires extérieurs, à la définition de la stratégie de l’établissement.

Propos recueillis par Maëlle Flot | Publié le