Axel Kahn (Paris 5): "Pour bien décider, il faut des données objectives sinon c'est l‘arbitraire"

Propos recueillis par Grégory Danel Publié le
Axel Kahn (Paris 5): "Pour bien décider, il faut des données objectives sinon c'est l‘arbitraire"
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L’élection en décembre 2007, du remuant Axel Kahn à la présidence de Paris 5 n’est pas qu’un coup médiatique sans lendemain. Le célèbre généticien est bien décidé à imprimer sa marque à « l’université des sciences de l’homme ». Le premier président « de gauche » d’une université traditionnellement à droite a décidé de placer « l’évaluation » au cœur de sa stratégie présidentielle. Il explique à Educpros, le sens de sa démarche.

Qu’est-ce qui a changé depuis votre élection en décembre 2007 ?  

Nous avons créé trois missions d’évaluation : sur la recherche, la qualité pédagogique et l’administration. Pour décider, pour bien décider, il faut se baser sur des données objectives sinon on laisse la place à l‘arbitraire, celui du président, du conseil d’administration ou des autres composantes de l’université. Ces missions n’ont pas vocation à remplacer les évaluations externes de l’AERES ou de l’IGAENR mais à justifier notre nouvelle politique universitaire.  

Qui composent ces missions ?

Elles comportent 15 à 20 personnes qui ne font pas partie des différents conseils pour que l’évaluation soit déconnectée de la décision. J’ai nommé un chef de mission pour chaque groupe. Toutes les composantes désignent un représentant. Cela renforce l’aspect pluridisciplinaire de ces missions.  

Qu’évaluent-elles au juste ?  

Pour la recherche, la qualité de la créativité. En effet même si les critères entre la sociologie et la biologie ne sont pas les mêmes, l’exigence de la créativité reste. Elle peut être cernée par la bibliométrie classique mais aussi la liste de toutes les publications, l’utilité aux pairs, etc. Pour la pédagogie, ce n’est pas totalement différent. Il faut pouvoir faire l’analyse de la méthode pédagogique utilisée pour la faire évoluer. Il faut aussi pouvoir identifier un nouveau champ dans lequel il serait bon de développer un nouveau champ pédagogique (DU, licence pro). Pour l’administration, son but doit être le même que l’université : enrichir et transmettre les savoirs. Elle doit faciliter ces objectifs.  

Finalement vous redonnez leur pouvoir aux composantes ? 

Je n’ai pas compris certaines des critiques adressées à la loi et notamment celle du président despote dont on espère qu’il sera éclairé. Non pas que cela soit totalement impossible mais le pouvoir conféré aux présidents n’est pas si énorme que ça. L’une des principales prérogatives conférées aux présidents, c’est qu’ils auront désormais le pouvoir de s’opposer à certaines nominations. Honnêtement qui peut être contre ? En vérité, le vrai pouvoir est aujourd’hui entre les mains du conseil d’administration.  

Désormais les composantes joueront contre le CA ?  

Ce n’est pas du tout ma conception de l’université, qui si on me permet cette incartade religieuse, serait plus en adéquation avec la sainte Trinité. L’université est dans tout. Chaque conseil, chaque étudiant, chaque chercheur a une triple identité : celle de sa composante,  celle de sa discipline et celle de l’université.

Propos recueillis par Grégory Danel | Publié le