C. Bernault (université de Nantes) : "Je porte des projets de transformation de l'établissement"

Amélie Petitdemange Publié le
C. Bernault (université de Nantes) : "Je porte des projets de transformation de l'établissement"
Université de Nantes // ©  Francks Tomps/Nantes Université
Carine Bernault a été élue présidente de l'université de Nantes le 1er juillet. Elle raconte ses projets à venir, notamment la création de Nantes Université propulsée par le projet I-SITE NEXT.

Vous avez été élue présidente de l'université de Nantes en juillet dernier. Quels sont vos premiers projets ?

Je porte des projets de transformation de l'établissement. Tout d'abord, le projet d'Université européenne autour des objectifs de développement durable de l'ONU. C'est un projet très fédérateur et très positif, qui prend un tour particulier au regard de la crise que nous sommes en train de traverser.

Carine Bernault
Carine Bernault © Alice Grégoire/université de Nantes

L'accord réunit sept universités européennes : l'université de Birmingham (Royaume-Uni), l'université de Leiden (Pays-Bas), l'université de Florence (Italie), l'université de Cologne (Allemagne), l'université de Semmelweis (Hongrie) et l'université de Linnaeus (Suède). La finalité, c'est qu'un étudiant inscrit dans une de ces universités puisse passer d'une université à l'autre, de façon très facile et fluide pendant son diplôme.

Le projet a été labellisé l'été dernier, nous sommes désormais dans la phase de lancement et d'appels à projets. Il s'est construit début 2020 en impliquant les étudiants qui ont participé aux choix des thématiques. Centrée sur le bien-être, l'université européenne abordera plusieurs domaines : santé, bien-être individuel et collectif et justice sociale, éducation, et un axe autour de l'urbanité.

La création de Nantes Université, prévue dans le cadre de l'I-SITE, est elle aussi relancée.

Après le vote négatif de Centrales Nantes, la création de Nantes Université a été mise à l'arrêt avant d'être relancée. Quels sont les objectifs de ce projet qui regrouperait l'université de Nantes, l'Ecole centrale de Nantes, l'INSERM et le CHU de Nantes ?

Nous voulons préserver l'identité de chacun mais nous rapprocher en termes de recherche et de formation. L'IRT Jules Vernes (Institut de recherche technologique), l'école des Beaux arts et l'école d'architecture vont aussi nous rejoindre, ce qui prouve l'attractivité de ce projet.

En termes de recherche, nous avons déjà des laboratoires en commun, avec Centrale Nantes par exemple. L'objectif est de renforcer les synergies. Avec l'école des Beaux-arts, nous avions financé des contrats doctoraux.

Nous voulons préserver l'identité de chacun mais nous rapprocher en termes de recherche et de formation au sein de Nantes Université.

Sur le champ de la formation, nous travaillons à créer des liens et des passerelles entre les formations. Entre notre pôle Humanités et l'école des Beaux-arts, par exemple. Les diplômes feront mention de l'établissement composante mais aussi de Nantes Université, y compris ceux de nos graduates schools.

Cela représentera aussi un changement pour la vie étudiante, avec des initiatives culturelles et des pratiques sportives communes.

Les établissements qui composeront Nantes Université garderont-ils leur personnalité juridique et morale ?

Oui, les établissements conserveront leur personnalité juridique et morale. Chaque établissement restera employeur de ses personnels mais nous poserons des chartes communes sur les modalités de recrutement. Nous travaillerons ensemble sur la qualité de vie au travail, l'égalité femme-homme, la lutte contre les discriminations…

Chaque établissement de Nantes Université restera employeur de ses personnels.

Un nouveau chantier est aussi ouvert pour qu'un enseignant chercheur puisse enseigner dans un autre établissement de façon simple et fluide.

Vous travaillez actuellement à un nouveau projet qui sera voté en janvier avant l'adoption des statuts en mars ou avril prochain. Après un premier rejet du conseil d'administration de Centrale Nantes, avez-vous des craintes quant à l'adoption des statuts en mars-avril 2021 ?

Nous avons des signaux positifs. L'été dernier, le conseil d'administration de Centrale Nantes s'est choisi un directeur qui porte le projet. Il était par ailleurs le directeur opérationnel de l'I-SITE, il connaît donc très bien ce projet. Chaque conseil d'administration reste souverain mais les échanges sont aujourd'hui constructifs.

Alors que de nombreuses universités sont en période d'élection, seules 11% des présidents sont des femmes. Pour quelles raisons et pensez-vous que les prochaines élections vont changer la donne ?

L'université est le reflet de la société. Je ne suis pas sûre qu'on arrive à la parité mais il y a de plus en plus de femmes élues. L'enjeu, c'est que ce ne soit plus un sujet, que cela devienne normal. Le sujet, ce n'est pas qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme, mais le projet qu'il ou elle porte.

Nous voyons dans certaines disciplines que le profil des enseignants chercheurs s'est féminisé depuis seulement quelques années. Je suis juriste, et quand je suis arrivée à la fac de Nantes, il y avait une seule femme présidente. Les femmes n'ont pas eu accès à certaines fonctions qui pouvaient leur permettre d'accéder à la direction. La transformation est en cours.

Amélie Petitdemange | Publié le