Quel est le rôle de l’association Udice, créée en octobre 2020 ?
Les dix universités qui forment l'association sont des universités de recherche intensive. Neuf d’entre elles ont un IDEX et elles se sont beaucoup transformées pour pouvoir se placer à un niveau international. Les universités membres sont par ailleurs globalement toutes issues de la fusion de plusieurs universités afin de concentrer leurs activités de recherche. Ces transformations ne se sont pas opérées à la même vitesse dans chaque établissement, nous échangeons donc sur de nouvelles pratiques.
L’idée que l’on souhaite faire passer, c’est que cette capacité à se transformer pour se hisser aux premiers rangs doit être reconnue à l'échelle nationale. Il faut que l’on nous entende et nous considère au même titre que les organismes de recherche. Le rôle de l’Udice est donc de porter notre voix au niveau des tutelles et des collectivités territoriales et d’être force de proposition dans le débat public.
Cette capacité à se transformer pour se hisser aux premiers rangs doit être reconnue à l'échelle nationale.
L’autre point important, c’est qu’au niveau international, ce sont les universités de recherche qui sont les opérateurs de recherche. Nous voulons donc former des réseaux d'excellence avec des pays européens comme l’Allemagne et le Royaume-Uni ou même l’Australie et la Chine, afin de partager nos problématiques et d’avoir une visibilité internationale. C’est une dynamique déjà lancée : nous sommes en lien avec l’Allemagne, le Canada et le Russell Group au Royaume-Uni.
L’Udice a publié en juin 2021 une étude sur la contribution économique des universités françaises de recherche à l’économie. Quels enseignements en tirez-vous ?
Nous souhaitions montrer dans cette étude que les universités de recherche intensive de l’Udice participent à l'économie au niveau national. Si l'on prend les dix universités membres, chaque euro investi dans la recherche génère quatre euros et chaque emploi génère trois emplois pour le monde économique.
Quand on dit qu’on génère quatre euros, c’est parce que la recherche que l’on produit engendre ensuite de la valorisation et participe à l'innovation. Et sur le plan de la formation, avoir des étudiants qui ont un niveau élevé permet aussi de générer des salaires plus importants.
La recherche représente 41 milliards d'euros de valeur ajoutée et près de 380.000 emplois pour les dix universités de l’Udice et les organismes de recherche qu'elles hébergent. Si on se compare à l'industrie manufacturière, c’est 247 milliards d’euros de valeur ajoutée pour 2,8 millions de salariés.
Ce n’est pas un coût pour la nation d'investir dans la recherche mais un moyen de contribuer à l'économie nationale, cela nous semble important de le dire.
Pourquoi est-il important de montrer cet impact ? Attendez-vous une hausse des investissements dans la recherche ?
Il y a un sous-investissement en recherche qui date de plusieurs dizaines d’années, c’est d’ailleurs ce qui a été à l’origine de la LPR (Loi de programmation de la recherche, NDLR). Il faut montrer que cet investissement n’est pas une dépense : on produit de la connaissance et de la technologie qui sont ensuite utilisés. Nous espérons en effet qu’il y aura un investissement plus important.
Si l'on prend les dix universités membres, chaque euro investi dans la recherche génère quatre euros et chaque emploi génère trois emplois pour le monde économique.
L’investissement dans la recherche représente globalement 3% dans les pays européens. En France, nous ne sommes même pas à 2%. Nous n'atteindrons pas les 3% du PIB avec la LPR, même si cela donne un souffle financier à la recherche.
Quels sont les impacts des universités de recherche en région ?
Sur les dix universités de l’Udice, six sont en région. Quand on a une université de recherche intensive sur le territoire, c’est une source vitale d’innovation. Il y a des contacts importants entre les industriels du territoire et les universités de recherche. Par exemple, dans la région Auvergne Rhône-Alpes, l’université Grenoble-Alpes génère une valeur ajoutée de 2,4 milliards d’euros et 23.200 emplois.
Cela induit aussi un écosystème de recherche et d’innovation. Autour d’une université, il y a dans le territoire des pôles de compétitivité, des parcs scientifiques, des incubateurs… Il y a un essor du tissu productif localisé dans cet écosystème. C'est un atout pour les régions.
Quel est l’impact des universités de recherche sur les étudiants, notamment en termes de CV et de salaire ?
Effectivement, les universités de recherche ont un impact sur la rémunération de leurs étudiants. [Les étudiants de ces universités ont en moyenne un supplément de rémunération de 124.000 euros pour une licence classique et de 165.000 euros pour un master sur la durée de leur carrière, selon l’étude de l’Udice menée par le cabinet BiGGAR, NDLR.]
Quand on a une université de recherche intensive sur le territoire, c’est une source vitale d’innovation.
Dans les universités d’Udice, nous avons bien sûr des licences mais surtout des masters et des doctorats, dans une proportion plus élevée que la moyenne nationale. Ils ont une formation très adossée à la recherche, avec des enseignants-chercheurs et des chercheurs dans leur formation.
Il y a aussi un environnement international grâce à notre positionnement dans les classements internationaux : cinq universités sont dans les cent premières du classement de Shanghai. Les étudiants sont par ailleurs confrontés à plusieurs disciplines, car nous pouvons offrir des formations pluridisciplinaires ou au moins bidisciplinaires. C’est une demande des étudiants d’avoir des formations qui peuvent leur permettre de choisir des diplômes en fonction de l'évolution de leur cursus.
L’UDICE EN CHIFFRES
Les membres d’Udice sont Aix-Marseille Université, Sorbonne Université, Université Claude Bernard Lyon 1, Université Côte d'Azur, Université de Bordeaux, Université de Paris, Université de Strasbourg, Université Grenoble-Alpes, Université Paris-Saclay, Université Paris Sciences et Lettres. Ces 10 universités rassemblent 487.000 étudiants et 74.000 membres du personnel. Elles représentent les deux tiers des publications académiques françaises les plus citées dans le monde.