Pour toutes les régions de France, l'enseignement supérieur et la recherche se positionne comme un levier d'attractivité, de dynamisme et de revenus économiques. La région des Pays de la Loire compte près de 143.000 étudiants pour 3,7 millions d'habitants. Dans un entretien pour EducPros, Christelle Morançais, présidente de la Région, fait le point sur les priorités de l'ESR sur son territoire.
Quelle importance donnez-vous à l'enseignement supérieur dans vos politiques ? Quel est son poids dans votre budget ?
La région des Pays de la Loire est pleinement engagée pour le développement de la recherche et de l'enseignement supérieur, vecteurs de compétitivité et d'attractivité du territoire, et se place aux côtés des acteurs académiques ligériens qui préparent les compétences et les emplois de demain.
En 2023, la région des Pays de la Loire consacre un budget de près de 43 millions d'euros pour mener une politique en faveur de l'enseignement supérieur et de la recherche (ESR). Pour preuve, le dernier rapport du Sénat sur la recherche et l'innovation, en 2019, plaçait la région des Pays de la Loire en première position pour l'investissement en euros par habitant.
La Région est particulièrement volontariste pour soutenir l'enseignement supérieur et la recherche, un secteur sous-doté de la part de l'État en la matière.
La région est particulièrement volontariste pour soutenir l'enseignement supérieur et la recherche, un secteur sous-doté de la part de l'État en la matière. Je suis fière d'être la région de France qui soutient le plus fortement l'enseignement supérieur, y compris en se substituant à l'État pour financer des opérations de rénovation, d'isolation des Universités.
À ce titre, nous avons signé un Contrat Plan État Région (CPER) "Enseignement supérieur" inédit, il y a un an et demi. Au-delà des chiffres - 300 millions d'euros engagés dont 84 pour la région -, cela exprime notre ambition pour notre modèle universitaire, qui a besoin de soutien, pour se moderniser et rester compétitif.
Quels sont les caractéristiques et les enjeux propres à votre territoire dans le domaine de l'enseignement supérieur ?
À l'image de notre territoire, l'offre de formation de l'enseignement supérieur est distribuée entre les trois métropoles : Nantes, Angers, Le Mans ainsi que sur les sites "relais" St-Nazaire, Laval, la Roche sur-Yon, Cholet et Saumur.
La croissance des effectifs d'étudiants est continue sur tous les sites, démontrant la vitalité de tous ces territoires infra-régionaux.
L'objectif est de simplifier l'accès à l'enseignement supérieur car notre taux de poursuite d'études est plus faible que la moyenne nationale
La première ambition de la politique régionale est consacrée aux territoires. L'objectif est de simplifier l'accès à l'enseignement supérieur car notre taux de poursuite d'études est plus faible que la moyenne nationale, ce qui s'explique également par une plus forte proportion de bacheliers professionnels que la moyenne nationale.
Aussi, il s'agit de rendre possible la poursuite d'études de nos concitoyens qui le souhaitent. En signant le CPER, j'ai veillé à ce que les territoires - hors des trois métropoles - soient avantagés dans ce contrat, avec une sélection de leurs projets, proportionnellement supérieure à leur poids en effectifs étudiants.
Quel est le projet le plus ambitieux que porte votre région dans ce secteur ?
La région Pays de la Loire est maître d'ouvrage du futur bâtiment qui accueillera en face du futur CHU de Nantes, l'ensemble des trois facultés en santé (médecine, pharmacie, dentaire) ainsi qu'11 instituts de formation sanitaires et sociales. Il s'agit d'un projet de plus de 30.000 m² qui accueillera près de 7.000 apprenants.
Ce lieu permettra, dès les études, de travailler dans une perspective d'équipe de soins centrée sur le besoin des patients. L'innovation bâtimentaire sera au service de l'innovation pédagogique. Ce projet s'inscrit dans un nouveau quartier hospitalo-universitaire, en cohérence avec le secteur d'excellence de la "santé du futur", reconnu dans le projet d'Isite Next de la place nantaise.
Mettez-vous en place des dispositifs ou aides financières pour attirer des établissements du supérieur sur votre territoire ? Lesquels ?
Bénéficiant d'un héritage historique, portant une forte proportion d'établissements privés, nous accompagnons aussi l'installation et le développement de ces établissements sur notre territoire.
Nous accompagnons aussi l'installation et le développement de ces établissements [privés] sur notre territoire.
Nous le faisons dès lors qu'il correspond au choix d'études de nombreux jeunes et de leurs familles et sous réserve que ces établissements soient reconnus par l'État comme établissement d'intérêt général [il existe une qualification "Établissement d’enseignement supérieur privé d'intérêt général" ou EESPIG, NDLR].
Les établissements de l'enseignement supérieur représentent-ils, aujourd'hui, un outil d'aménagement du territoire ?
Rapprocher l'offre de la demande de formation - qu'elle émane des usagers ou des entreprises - est au cœur du travail que nous menons avec les collectivités locales dans une instance dédiée, le comité des territoires académiques.
En tant que chef de file de l'enseignement supérieur et de la recherche, la Région s'est nourrie des enjeux remontés des territoires pour élaborer sa stratégie régionale et anime ce collectif de pouvoirs publics, au bénéfice de nos usagers.
On travaille notamment sur l'adéquation du logement étudiant aux besoins, sur la création de campus A2pas (à l'image des campus connectés), au développement de l'entrepreneuriat étudiant, de l'organisation d'actions de dialogue science-société… Ce comité aussi un lieu de partage de pratiques et d'initiatives remarquables.
Quelles sont les retombées économiques des acteurs du supérieur et de la recherche pour les villes et les territoires ?
Le bénéfice d'un dynamisme des acteurs de l'ESR sur un territoire n'est pas propre à notre région. Il ne fait pas débat.
La montée en compétences de nos concitoyens et ce tout au long de la vie, la participation des étudiants et des personnels à la vie et l'économie de la cité, les liens avec les entreprises locales pour les partenariats et le transfert, la participation au dialogue science société… : les sources de valeurs et de richesses sont immenses.
J'ajouterai qu'aux vues des transitions qui sont à l'œuvre dans notre société, l'apport du savoir, des données probantes pour aider les territoires et les décideurs locaux à conduire ces changements apparait déterminant pour réussir ces mutations de notre société.
Notre série : les enjeux de l'enseignement supérieur dans le territoires, vus par les présidents de Région
Pour comprendre les enjeux de chaque territoire, Educpros vous propose une série d'interviews des présidents de région.
À tous, nous avons posé les mêmes questions, pour pouvoir saisir les spécificités de leur Région, et permettre également de comparer les situations.
L'interview de Christelle Morançais est la dixième de notre dossier. Vous pouvez également consulter :
- Hervé Morin, président de la Région Normandie
- Carole Delga, présidente de la Région Occitanie
- Renaud Muselier, président de la Région Sud
- Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France
- Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine
- Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne Franche-Comté
- François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire.