Christian Lerminiaux : “PSL n'est pas un partenaire de Chimie ParisTech, mais sa maison mère”

Céline Authemayou Publié le
Christian Lerminiaux : “PSL n'est pas un partenaire de Chimie ParisTech, mais sa maison mère”
Chimie ParisTech accueillera en septembre 2016 un chercheur détenteur d'une bourse ERC, dont l'arrivée a été financée en partie par PSL. // ©  Chimie ParisTech
Après avoir obtenu une période probatoire de 18 mois dans de le cadre de l'Idex, PSL se donne jusqu'à octobre 2016 pour converger vers un modèle institutionnel. À la tête de Chimie ParisTech, Christian Lerminiaux essaie de mobiliser sa communauté dans la construction du regroupement universitaire.

Christian LerminiauxDans le cadre de l'évaluation Idex, PSL a jusqu'à mi-2017 pour présenter un nouveau dossier au jury international. Avez-vous déjà débuté les discussions ?

Les travaux ont débuté, en effet, car il nous reste seulement quelques semaines. Le texte présenté au jury devra avoir été validé par le conseil d'administration de tous les membres de PSL. Avec l'agenda des établissements, cela veut dire que tout doit être prêt fin décembre pour entamer le processus de vote dès le début de l'année 2017.

En octobre 2016, nous devrons donc converger vers un modèle institutionnel. Nous ne pouvons pas mettre en péril l'Idex, il nous faudra trouver un modèle intégrateur, au risque que certains ne s'y retrouvent pas.

Tous les dossiers Idex soulèvent quelques questions communes, que ce soit en matière de classement international ou en termes d'intégration des membres. Comment ces sujets sont-ils abordés à PSL ?

Concernant les classements internationaux, notre marqueur est celui des établissements les plus prestigieux, notamment l'ENS. Tout le challenge consiste à faire en sorte que PSL avec l'ENS soit mieux classé que l'ENS seule.

Au sujet de l'université cible, il est crucial de dresser une liste des compétences à gérer, puis de voir si ces dernières sont prises en charge au niveau de la structure même, ou non. Pour les finances, par exemple, la négociation des dotations pourrait être gérée par la présidence de PSL.

Tout cela mérite encore que nous en discutions, tout en sachant que PSL regroupe des établissements dépendant de cinq tutelles différentes. Ce qui ne simplifie pas toujours les échanges.

Dans cette compétition des Idex, PSL et l'université Paris-Saclay sont souvent comparées. En quoi les deux regroupements sont-ils proches ?

L'université Paris-Saclay et PSL sont deux outils originaux en matière de développement de l'enseignement supérieur et de la recherche français. Ailleurs, on revient le plus souvent à une situation antérieure à la loi Faure. Cette dernière avait découpé les entités, on s'efforce désormais de les recoller.

À Saclay et PSL, la situation est différente puisqu'on compte beaucoup de petits établissements, qui étaient déjà indépendants avant 1968. C'est aussi pour cette raison que les dossiers sont plus complexes à gérer, avec notamment le problème de la gestion des marques au sein du regroupement qui se pose. On ne fait pas du neuf avec du vieux.

Les deux projets sont-ils à ce point identiques ?

Il existe à mon sens une différence qui est loin d'être anodine. PSL n'a pas, en son sein, d'université de type traditionnel, Dauphine ayant un modèle sélectif. Elle ne dispose donc pas d'un établissement pouvant agréger autour de lui.

Cela revêt certains aspects positifs : à Saclay, la crainte de certains acteurs est que ce soit le modèle universitaire qui devienne la base. À PSL, nous n'avons pas ces questionnements. Nous sommes obligés d'inventer un nouveau schéma, dans lequel tous les établissements ont autant à perdre qu'à gagner.

L'université Paris-Saclay se définit comme la grande université de recherche et d'innovation. Quelle place pour votre regroupement, dans le paysage francilien ?

Il est clair que nous ne pouvons pas jouer la même carte que Saclay. Ils disposent de terrains, peuvent attirer les grandes entreprises, qui viennent y installer leurs laboratoires de recherche. Notre force, ce sont les start-up, à l'image de tout ce que fait l'ESPCI en la matière. Les lieux d'incubation sont à Paris, nous devons miser sur cette carte et jouer un rôle dans la pérennisation de ces start-up.

De même que nous devons nous concentrer sur l'invention disruptive. Nous n'avons pas de place pour les inventions lourdes. Nous pourrions imaginer louer des bureaux, comme le font l'EPFL ou le Technion. Il faut créer des lieux de rencontre informels et travailler sur l'aspect “campus”.

Nous devons arriver très vite à ce niveau de détail, pour pouvoir mobiliser toutes les parties prenantes, parmi lesquelles nos enseignants, nos chercheurs. Car PSL aura du mal à se créer uniquement par le haut.

Comment se situe votre établissement, Chimie ParisTech, au sein de PSL ?

Nous jouons le jeu, nous participons activement aux discussions et aux projets. En interne, nous demandons par exemple aux chercheurs et enseignants-chercheurs de se positionner et de s'impliquer sur les initiatives PSL. Nous accueillerons d'ailleurs en septembre un chercheur détenteur d'une bourse ERC, dont l'arrivée a été financée en partie par PSL.

L'un des points-clés est de faire comprendre à nos équipes que PSL n'est pas un partenaire, mais notre maison mère.

Idex : PSL, Sorbonne Universités et Paris-Saclay à l'épreuve de l'intégration
Le 29 avril 2016, les huit projets labellisés Idex dans le cadre du PIA 1 en 2012 ont obtenu une évaluation d'étape de la part du jury international. Évaluation validée par le Premier ministre.

Tout comme Sorbonne Universités et l'université Paris-Saclay, PSL a décroché une période probatoire de 18 mois, pour présenter mi-2015 au jury un projet plus avancé, notamment sur la question du modèle d'intégration.
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