Christophe Romaro (professeur à l'INSA de Toulouse) : "L'apprentissage par projets développe chez les étudiants un esprit à la fois créatif et critique"

Propos recueillis par Frédéric Dessort Publié le
Christophe Romaro (professeur à l'INSA de Toulouse) : "L'apprentissage par projets développe chez les étudiants un esprit à la fois créatif et critique"
Christophe Romaro // © 
L'INSA de Toulouse et l'université de Louvain publient un « Guide pratique pour une pédagogie active : les apprentissages par problèmes et par projets » (1). Christophe Romano, professeur à l’INSA de Toulouse et coauteur de l’ouvrage, nous en explique les principes et la manière de mettre en œuvre cette pédagogie innovante.

Comment l'apprentissage par problèmes et par projets (APP) fonctionne-t-il ?
C'est une approche intuitive de l'apprentissage. Il s'agit de plonger l'apprenant dans le sujet au travers d'un problème à résoudre en quelques heures ou d'un projet à mener sur plusieurs jours, voire plusieurs mois. Ce qui l'amène à rechercher des informations pour élaborer une solution, sachant qu'on ne présente pas de concepts préalables. Autre caractéristique : il s'agit d'un travail d'équipe, constitué de groupes de 6 étudiants dans l'idéal guidés par un tuteur. Celui-ci les accompagne tout au long du processus en leur posant des questions clés. À la fin du projet, ils sont évalués tant sur le plan collectif qu'individuel. Ils reçoivent enfin une synthèse des savoirs acquis, sous forme d'un cours dit de restructuration, dont le contenu est élaboré en fonction des questions et attentes des étudiants. In fine, ceux-ci apprennent avec plaisir, développent un esprit à la fois créatif et critique.

Pourriez-vous présenter des exemples concrets ?
À la rentrée 2010-2011, une UV d'informatique en première année de l'INSA de Toulouse, dédiée à l'algorithmique, a été conçue en mode d'APP. Problème posé : développer un algorithme permettant à un robot de se déplacer au sein du campus suivant un trajet prédéfini. Pour faire des tests, nous leur avons fourni un minirobot pouvant évoluer sur un petit circuit dans une salle. Les étudiants ont planché, puis ont participé à un petit concours final.
Autres exemples de thématiques : le dimensionnement d'un réseau hydraulique, la conception d'un chauffage urbain… Les sujets ne manquent pas. A priori, tous les enseignements, y compris les cours fondamentaux, peuvent être dispensés avec cette technique pédagogique.

Cette méthode est-elle bien adoptée par les professeurs ? Comment est-elle pratiquée à l’étranger ?
En premier lieu, je précise que, bien entendu, à l'INSA de Toulouse comme partout, chaque enseignant est libre d'adopter cette approche. De manière générale, nous rencontrons un intérêt certain, mais souvent accompagné d'une réticence à la mise en pratique. Ce sont souvent des enseignants lassés par les cours magistraux qui testent cette innovation pédagogique.
De par le monde, l'APP est diversement intégré. Mais, par exemple, l'université d'Aalborg, au Danemark, a passé tout son enseignement dans ce mode, tandis que l'École polytechnique de Louvain a effectué cette transposition en première année.
Pour ma part, je n'ai pas de position radicale : l'apprentissage par problèmes et projets est une approche nouvelle et complémentaire, y compris pour l'enseignant.


(1) Guide pratique pour une pédagogie active : les APP, coédité par l'INSA de Toulouse et l'École polytechnique de Louvain, 25 €. Plus d'infos sur span style="font-style: italic;">http://enseignants.insa-toulouse.fr/fr/l_app/le_guide_app.html.

Propos recueillis par Frédéric Dessort | Publié le