Cyril Delhay (IEP Paris) : les classes expérimentales ont redonné « l’appétit d’aller à l’école »

Propos recueillis par Grégory Danel Publié le
Cyril Delhay (IEP Paris) : les classes expérimentales ont redonné « l’appétit d’aller à l’école »
Jean Marc Gourdon (c) // © 
Un an et demi après leur lancement les classes expérimentales dans les lycées de banlieue initiées par Sciences po ont fait l’objet d’un premier bilan entre les différents acteurs, parties prenantes du projet : Région, lycées, rectorat, établissements d’enseignement supérieurs et grandes entreprises. Cyril Delhay, responsable des « Programmes Egalité des Chances et Diversité » à Sciences po fait le point pour Educpros sur ce "très bon exemple de réaction concrète, pragmatique et non-idéologique". Un satisfecit du ministre de l’Education nationale Xavier Darcos.

Qui participe aujourd’hui au dispositif ?

Il compte 6 lycées partenaires, 1 250 élèves et 200 enseignants. Le dispositif a été mis en oeuvre dès la rentrée 2006 en Seine-Saint-Denis, et a d’emblée concerné 500 élèves de seconde dans quatre établissements, les Lycée Jacques Feyder à Epinay-sur-Seine, Jean Renoir à Bondy, Auguste Blanqui à Saint-Ouen et Alfred Nobel à Clichy-sous-Bois. Le Lycée Louise Michel de Bobigny (93) et le Lycée Félix Mayer de Creutzwald (57) ont rejoint le dispositif en 2007. Sept établissements d’enseignement supérieur se sont associés à Sciences Po pour oeuvrer avec les lycées, Paris 4, l’UPMC (Paris 6), Paris 13, l’Ecole Estienne, l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de Paris (ESPCI) et l’Institut National du Patrimoine (INP), Telecom Paris. 200 tuteurs de 24 très grandes entreprises se sont également mobilisées. La Comédie française et l’Opéra National de Paris sont également partie prenante.  

Quel bilan tirer, un an et demi après son lancement ?  

Les classes expérimentales feront l’objet d’un bilan complet en 2009, quand les élèves rentrés en seconde passeront leur bac. Plusieurs travaux d’évaluation sont en cours notamment ceux des sociologues Agnès van Zanten et Marco Oberti. Avec les équipes pédagogiques, nous travaillons aux choix des critères d’évaluation. Ce travail est très important. D’ores et déjà, cependant, on peut tirer quelques conséquences. Et ces résultats sont très encourageants. L’absentéisme scolaire a été réduit à quasi rien. Les élèves ne sont plus en relation frontale avec leur lycée. Leur orientation est mieux assurée. Le dispositif redonne aux jeunes l’appétit d’aller à l’école.  

Faut-il plus d’argent pour faire fonctionner ces classes ?  

Il y a un coût mais qui est relativement modéré. Le projet coûte en moyenne 500 000 euros par lycée. Le rectorat dote chaque établissement d’un emploi supplémentaire. Pour leur part, les entreprises financent des projets à hauteur de 100 à 150 00 euros par an et par lycée. Cet argent supplémentaire permet aux établissements de jouir pleinement de leur autonomie. C’est la preuve qu’avec un peu plus, on peut faire un grand, grand mieux.  

De nouveaux établissements doivent-ils intégrer le dispositif ?  

Six nouveaux lycées, dont deux situés en Normandie, un dans l'Est, un dans le Nord et deux en Ile-de-France se sont porté candidats. Mais la réponse n’appartient pas à Sciences po. Les conseils d’administration, les rectorats, les Régions doivent donner leur avis. Ces lycées doivent cependant savoir que le travail à fournir est immense.  

Propos recueillis par Grégory Danel | Publié le