Delphine Manceau : "Je souhaite faire de Neoma BS un modèle en matière de pédagogie"

Cécile Peltier Publié le
Delphine Manceau : "Je souhaite faire de Neoma BS un modèle en matière de pédagogie"
Delphine Manceau // ©  Neoma BS
Renforcement de son positionnement international, croissance de l'offre de formation continue, valorisation de nouveaux outils pédagogiques... Deux semaines après sa prise de fonction à la tête de l'école de commerce, Delphine Manceau détaille à EducPros les enjeux de son mandat, qu'elle place sous le signe du développement.

Vous avez été nommée directrice générale de Neoma BS le 12 septembre 2017, après presque dix-huit mois à la tête de l'EBS. Quelles raisons ont motivé ce changement ?

J'ai été contactée par le chasseur de tête en charge du recrutement. Le poste conjuguait un certain nombre de caractéristiques et d'éléments auxquels je m'étais déjà intéressée durant ma carrière. Neoma BS est une école triplement accréditée, qui porte des ambitions fortes en matière de formation continue et de relations entreprises, un sujet sur lequel j'ai travaillé dans des fonctions antérieures. Elle propose aussi un portefeuille de 22 programmes, allant du Bachelor au PhD, dont certains correspondent à des produits que je connais bien, pour en avoir piloté des similaires à l'ESCP Europe puis à l'EBS.

Enfin, l'école est à un moment passionnant de son histoire : la fusion est terminée et elle passera sous le statut EESC (établissement d'enseignement supérieur consulaire) le 1er janvier 2018. Elle pourra désormais se déployer et se lancer dans une nouvelle phase de développement.

Vous évoquez la fusion entre Rouen Business School et Reims Management School. Peut-on la considérer aujourd'hui comme véritablement achevée ?

En effet, c'est bel et bien le cas. Depuis mon arrivée, j'ai rencontré une trentaine de personnes pour établir un diagnostic. Chaque fois, je constate qu'ils travaillent tous pour le même établissement, Neoma BS, et qu'ils adhèrent à un seul et même projet.

Certes, les équipes des managers sont réparties sur les deux campus, ce qui demande des pratiques d'encadrement spécifiques. Mais, aujourd'hui, c'est courant. Cette dimension multi-campus, que j'avais connue ailleurs, m'a attirée. C'est une richesse qui nécessite de savoir fédérer les spécificités locales, au service d'un esprit d'école.

Comment se porte l'établissement dans lequel vous arrivez ?

J'ai trouvé une école robuste sur le plan financier, avec de bons équilibres économiques. Les liens étroits avec les entreprises ont permis de collecter davantage de taxe d'apprentissage cette année (en hausse de 25 %), dans un contexte pourtant difficile. C'est également un établissement solide, concernant l'académique et la recherche, avec une part élevée de professeurs internationaux (56 %).

En matière d'attractivité auprès des étudiants, Neoma BS maintient sa place au 9e  rang du Sigem et, tous programmes confondus, affiche une croissance de 4 % des recrutements d'étudiants en cette rentrée 2017.

Les liens étroits avec les entreprises ont permis de collecter davantage de taxe d'apprentissage cette année, dans un contexte pourtant difficile.

L'école est sous une double tutelle, les CCI Seine Mer Normandie et Marne. Cette situation n'ajoute-t-elle pas de la complexité dans la gestion quotidienne ?

Elle constitue le cœur même de notre gouvernance. Les deux chambres resteront d'ailleurs les actionnaires de la nouvelle EESC, et continueront d'accompagner le développement et la croissance de l'école. Elles devraient fortement contribuer d'ici à cinq ans au financement, à Reims comme à Rouen, de nouveaux campus pour une somme globale de plusieurs dizaines de millions d'euros. Dans les deux villes, plusieurs hypothèses d'emplacement sont à l'étude.

Vous vantez la solidité du modèle Neoma, pourtant, on en a peu entendu parler. Quelles sont vos marges de progression ?

Neoma renforcera encore sa dimension internationale, en recrutant davantage d'étudiants étrangers (environ 30 % aujourd'hui). Dans ce domaine, nous nous appuyons sur l'expertise du Cesem et sur son modèle très international (parcours en 2 x 2 ans dans deux pays avec deux diplômes). L'école, qui ne possède pas de campus à l'étranger, a fait le choix d'une stratégie internationale fondée sur des programmes communs avec des institutions locales de renom, comme le Politecnico de Milan, en Italie, ou l'université de Nankai, qui figure dans le top 10 chinois. Nous continuerons dans cette voie, qui permet d'allier les points forts de nos partenaires. Nos liens avec Nankai déboucherons d'ailleurs sur d'autres diplômes joints.

Nous avons également des objectifs de croissance en matière d'Executive education – notamment du côté de notre Executive MBA, qui vient d'entrer dans le top 100 du "Financial Times". Nous renforçons aujourd'hui notre gamme post-graduate et nos MS en part time. Du côté des relations entreprises, nous souhaitons étoffer le nombre de chaires et de contrats avec les entreprises, en capitalisant sur le réseau d'alumni, très dynamique.

Enfin, nous valoriserons mieux nos spécificités. L'école compte plusieurs pépites, comme le programme IMLux, un master en management du luxe conjoint avec le Politecnico de Milan, porté par Taittinger et Gucci. Je pense aussi à l'accompagnement Talents et carrière, qui travaille avec les étudiants autour de la connaissance de soi et les nouveaux métiers, tout en les préparant aux techniques de recrutement les plus récentes.

Et surtout, nous devons garder notre avance en matière de pédagogie expérientielle. Grâce à une technique développée par des enseignants-chercheurs de l'établissement, les étudiants, équipés d'un casque de réalité virtuelle, peuvent s'immerger dans un contexte donné dans le cadre de leur cours. C'est une dimension à laquelle je crois beaucoup et que je veux développer. Je souhaite faire de Neoma BS un modèle en matière de pédagogie.

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- Lire la biographie EducPros de Delphine Manceau
Cécile Peltier | Publié le