E. Crépon (CTI) : "La CTI est en ordre de marche et les premiers Bachelors seront accrédités en novembre"

Clément Rocher Publié le
E. Crépon (CTI) : "La CTI est en ordre de marche et les premiers Bachelors seront accrédités en novembre"
L'évolution des programmes bachelor et de son statut au cœur des enjeux de la CTI pour les prochains mois. // ©  Syda Productions / Adobe Stock
Élisabeth Crépon a été réélue à la présidence de la CTI (Commission des titres d'ingénieurs), courant juillet. Elle revient sur la gestion de la crise sanitaire auprès des écoles d'ingénieurs et s'exprime sur les chantiers qui vont se poursuivre pendant son second mandat, notamment l'évaluation des programmes de bachelor et le changement de statut de l'organisme.

Comment la CTI a-t-elle travaillé avec les écoles d'ingénieurs pendant la période de la crise sanitaire ?

Ces derniers mois ont été une période intense d'activités avec une adaptation permanente à la situation sanitaire. Dans un premier temps, nous avons rapidement donné des conseils aux établissements concernant les critères majeurs d’accréditation de notre référentiel R&O (Références et orientations). Nous avons souhaité adapter les critères du référentiel à l'évolution de la situation sanitaire. Ainsi, nous avons pu accorder des réductions de durée de stage obligatoire pour certains établissements.

elisabeth crepon
elisabeth crepon © Jérémy Barande - Ecole polytechnique

L'idée a été de donner de la souplesse pour que chaque école d'ingénieurs s’adapte à cette situation, et qu'elle trouve les clés pour aménager la formation au mieux à cette crise inédite. Nous avons vraiment insisté auprès des établissements pour que cet aménagement se réalise dans le cadre d’une démarche compétences.

La CTI a également initié une nouvelle procédure d’audits en distanciel à l'issue du confinement...

Nous avons effectivement travaillé à l'adaptation de notre campagne d'évaluation. L'ensemble des audits de la fin de la vague A et les premiers audits du début de la vague B ont été reportés au début du mois de juillet. Au fur et à mesure de l'actualité, nous avons adapté nos modalités d'évaluation jusqu'à définir une procédure en distanciel.

L'idée a été de donner de la souplesse pour que chaque école d'ingénieurs s’adapte à cette situation.

Actuellement, toutes les missions d'audit sont réalisées à distance, et 17 audits de la campagne 2019-20 ont été reportés à 2020-21. Nous n’avons pas conçu ce processus d’évaluation comme un plan B par rapport au présentiel mais bien comme une voie d'audit que nous souhaitons pérenne et que nous souhaitons mobiliser hors crise sanitaire. Pour l'instant, il est encore trop tôt pour en tirer un bilan mais nous allons le faire et il sera partagé avec les écoles. Nous contribuons aussi aux réflexions sur la mise en œuvre d'un référentiel d'audit en distanciel au niveau européen.

La CTI s’est-elle mise en relation avec la Cdéfi pour accompagner les établissements durant la crise ?

Cette période a été l'occasion d'un échange assez nourri avec la Cdéfi (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs), notamment en ce qui concerne les méthodes pédagogiques. Nous avons envoyé un questionnaire assez détaillé sur les pratiques des établissements. Cette enquête nous permet d'avoir une vision précise de la manière dont les écoles ont aménagé leurs méthodes pédagogiques et leurs cursus avec la question du distanciel.

Nous avons interrogé les écoles d’ingénieurs sur les mesures prises, les enseignements qu’elles tirent de cette expérience et nous voulons savoir comment elles se projettent dans cette nouvelle année académique. Un groupe de travail a été mis en place afin de faire évoluer la rédaction du référentiel R&O en lien avec la pratique du présentiel et du distanciel.

Depuis la mi-juin, les écoles d'ingénieurs ont la possibilité de soumettre à la CTI leur propositions de bachelor pour l'obtention du grade de licence. Êtes-vous satisfaite de cette première campagne ?

La question de l'évaluation des bachelors est un dossier important qui a mobilisé la CTI pendant la période du confinement. Nous nous sommes mis en ordre de marche pour donner un cadre et répondre aux demandes des écoles pour l'obtention du grade de licence pour leurs formations de bachelor. Nous avons construit sur une courte période l'ensemble du dispositif et nous venons de faire valider le modèle de rapport d'évaluation pour les équipes d'audit. Nous avons vraiment mis tous les moyens pour proposer aux écoles un dispositif d'évaluation cohérent.

En tout, nous avons aujourd'hui une trentaine de projets de bachelor éligibles à examiner : 23 établissements nous ont transmis leurs propositions de bachelor et certaines écoles d’ingénieurs ont déposé plusieurs dossiers. Ces chiffres sont supérieurs à ceux que nous anticipions. Les disciplines les plus représentées sont l’informatique, la construction, l’agriculture et l’environnement. La réponse à ce premier appel à projets a montré que les établissements se saisissaient de ces formations actuelles. Les premiers programmes seront accrédités au mois de novembre lors d’une séance plénière. Cela permettra une inscription sur Parcoursup, et aux formations de bénéficier du grade de licence dès la rentrée 2021.

Sur quels points la CTI va-t-elle se montrer particulièrement attentive dans l’évaluation du bachelor ?

Le premier point concerne la stratégie de l'établissement et l'insertion de la formation de bachelor dans sa politique de site et son environnement local. Nous prenons pour acquis le fait que l'école d’ingénieurs possède une politique internationale et des relations entreprise, mais nous allons regarder plus spécifiquement comment l'école mobilise tous ces éléments au profit de la formation de bachelor.

Nous nous sommes mis en ordre de marche pour répondre aux demandes des écoles pour l'obtention du grade de licence.

En termes de recrutement, il faut également une politique de l'établissement en faveur de la diversité sociale pour développer l'accès des jeunes femmes et des boursiers à ces formations et accompagner ces publics jusqu'à la réussite. Nous allons aussi veiller à l'insertion professionnelle, il est vraiment essentiel de suivre la façon dont les diplômés se placent au sein des entreprises.

Vous êtes en concertation avec la CEFDG au sujet de l’évaluation des formations hybrides. Où en êtes-vous de vos réflexions ?

Nous avons effectivement reçu de nombreuses propositions de bachelors hybrides ingénieur-manager. Aujourd'hui, nous avons besoin de définir un dispositif qui soit pertinent et qui corresponde au standard qualité de la CTI et de la CEFDG (Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion). Notre objectif est d'accompagner les écoles et de ne pas mettre en place un système trop complexe.

Vous aviez aussi entamé des échanges avec le Hcéres au sujet de l'évaluation de formations professionnalisantes. Où en êtes-vous ?

Nous avons formé un groupe de travail avec France compétences et le Hcéres sur le label Qualiopi pour les formations évaluées par nos instances. Il s’agit d’un label du ministère du Travail donné aux formations continues et aux organismes de formation professionnelle. La question est de savoir comment s'appuyer sur l'évaluation réalisée par le Hcéres et la CTI pour que les formations de l'enseignement supérieur puissent bénéficier de ce label sur la base des évaluations que nous menons.

Comment avancent vos réflexions au sujet de l’évolution de la structure juridique de la CTI ? Le statut d’association est-il toujours à l’ordre du jour ?

La question du statut de la CTI est un chantier que nous avons initié avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Le statut d’association est toujours à l’ordre du jour mais les réflexions ont été stoppées pendant la période du confinement. Nous allons reprendre les discussions à l’automne sur ce sujet. L’enjeu est de donner à la CTI une structure administrative qui lui permet de remplir ses missions au niveau national et international, comme l’attribution du label EUR-ACE à des formations d’ingénieurs à l’étranger.

Clément Rocher | Publié le