Les écoles de commerce envisagent une baisse de 15 à 20% du nombre d’étudiants étrangers

Guillaume Lecompte Boinet, Dahvia Ouadia Publié le
Les écoles de commerce envisagent une baisse de 15 à 20% du nombre d’étudiants étrangers
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Alice Guilhon, présidente du chapitre des écoles de management et Christophe Germain, vice-président, évoquent les conséquences potentielles du coronavirus sur les écoles de commerce. Ils envisagent plusieurs scénarios, du plus sombre au plus optimiste pour conjurer la crise annoncée dans les écoles...

Les écoles de commerce travaillent actuellement sur différents scénarios de sortie de crise. Quels sont les impacts attendus ?

Dans le meilleur scénario, les écrits pourront se dérouler au plus tôt dans le calendrier, les frontières rouvriront rapidement et nous pourrons procéder sans encombre aux recrutements des AST et bachelor.

alice guihlon- christophe germain
alice guihlon- christophe germain © EducPros

Dans ce cas, la rentrée pourra avoir lieu en septembre et les impacts de la crise seraient amoindris. Nous essayons de nous raccrocher à ce scénario, même s’il reste perturbant, il aura un impact minimum sur les étudiants.

Nous pensons que la baisse probable du nombre d’étudiants étrangers serait située entre 15 et 20 %

Dans un scénario plus sombre, le maintien de la fermeture des frontières, tel que l’envisagent déjà certains pays - comme l'Allemagne, les Etats-Unis et la Chine - impacterait fortement le recrutement des étudiants internationaux au sein des écoles de commerce. Si c'est le cas, nous ne cachons pas que cela va être très dur...

Nous nous interrogeons aussi sur la manière dont va se passer le déconfinement dans les mois qui viennent. Si le déconfinement a lieu par zone, quelles seront les conséquences sur le déroulement des concours ? Nous le savons pas.

Avez-vous procédé à des estimations sur ces différents scénarios ?

Nous pensons que la baisse probable du nombre d’étudiants étrangers serait située entre 15 et 20%. Le modèle des écoles repose sur la mobilité des étudiants et il est clair que les conséquences seront lourdes, notamment pour les nationalités que nous avons l’habitude d’accueillir mais où nous n’avons pas de campus, comme l’Allemagne, les pays du Maghreb… Ces étudiants pourront faire le choix de rester étudier dans leur pays, même si nous leur proposons des enseignements en ligne.

Mais, pour les écoles qui ont des campus en propre, comme Skema, il sera possible de dire à nos étudiants chinois 'vous pouvez commencer votre cursus sur le campus chinois et vous pourrez aller sur un autre campus dès l’ouverture des frontières'.

Ce que nous craignons par ailleurs c’est l’effet surcharge de certains campus qui ne sont pas prévus pour cela.

Avec la crise qui s’annonce, pensez-vous que certaines écoles n’y survivront pas ?

C’est une question très difficile… Il y a des écoles fragiles et qui seront en difficulté. Certaines d’entre elles sont légitimement très inquiètes. Mais je ne pense pas que certaines disparaîtront, car les écoles sont soutenues par des gouvernances, des institutions. Nous devrions échapper au pire.

Nos écoles ont aussi l'atout d'être agiles et réactives. Quand nous avons dû basculer tous les cours en ligne, nous avons toutes été très réactives et solidaires. Les écoles ont cette chance de savoir agir très vite, parce que nos gouvernances sont légères. Nous n’avons pas les contraintes des institutions publiques. Il est plus facile de réajuster nos programmes, par exemple. Je pense que nous aurons peut-être moins d’impact négatif parce que nous savons nous adapter. Pour faire face à cette situation de crise, nous utilisons toutes nos ressources pour répondre.

Vous avez annoncé l’annulation des oraux, ce qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux notamment. Cette décision est-elle irrévocable ?

Oui, elle l’est. Cette décision n’a pas été simple à prendre et je tiens à rappeler que nous n’avons rien à gagner à supprimer les oraux. Mais, nous avons pris cette décision parce qu’on ne sait pas encore combien de temps va durer la situation sanitaire et nous n’avons pas encore de vision de sortie du confinement. C’était d’ailleurs une recommandation du ministère de l’Enseignement supérieur.

Par ailleurs, il y a aussi des raisons d’équité. Près de 20% du territoire n’est pas couvert par un réseau internet. Organiser des oraux à distance mettrait une tension supplémentaire et des candidats en difficulté.

Enfin, annuler les oraux permettait de faire des écrits sans faire peser de coût aux familles. Alors, nous comprenons le désarroi des familles mais à situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle qui ne durera pas. Nous avons fait le choix aussi de prévenir les candidats le plus tôt possible, ce qui nous semblait plus correct.

Mais la situation évolue, avec l’annulation du bac décidée la semaine dernière, la population a compris l'ampleur de la situation dans laquelle nous sommes.

Vous avez décidé une baisse de 50% des frais de concours. Est-ce une contrepartie à ces changements de modalités de concours ?

Pas du tout. Ce qui a prévalu, c’est la responsabilité que nous avons vis-à-vis des familles et des étudiants. C’est donc dissocié de la question des oraux et ce n’est pas une contrepartie. Cette décision n’a jamais été politique.

Guillaume Lecompte Boinet, Dahvia Ouadia | Publié le