Vincent Peillon, plus proche de Robespierre que de Condorcet

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A l'heure des réflexions sur la formation des enseignants ou le statut des professeurs de prépas, Jean-Luc Chappey, maître de conférences en histoire moderne à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, rappelle, dans une interview accordée à Chercheurs d'actu, que ces débats enflammaient déjà les révolutionnaires français. Extraits.

La question du statut des enseignants est brûlante. Elle l'était déjà pendant la Révolution française. Dans les mêmes termes?

Avant 1789, les professeurs et les instituteurs sont majoritairement issus des rangs du clergé. Dans les cahiers de doléances, les membres du tiers état, principalement dans les campagnes, demandent déjà de meilleurs instituteurs, signe évident de l'intérêt populaire pour l'instruction. Dès lors, les députés de la Constituante s'emparent du sujet et proposent plusieurs plans pour l'éducation et l'instruction.

Parmi les préoccupations, le statut des professeurs. Condorcet, dans son plan de 1792, prévoit encore de confier l'instruction aux plus "savants". À l'inverse, dans les plans de Lepeletier (posthume) ou de Bouquier, en 1793 et 1794, il est prévu d'étendre le statut d'enseignant à toute personne titulaire d'un certificat de civisme pour enseigner. 

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Quelles différences faites-vous entre ces débats et ceux d'aujourd'hui?

Avec la Révolution, il s'agit d'un sujet clé pour tous. Tous les jeudis (à partir de 1793), l'Assemblée ne parlait que d'éducation. Les politiques avaient pris le sujet à bras-le-corps, il y avait une profusion de productions. L'école et les débats sur la pédagogie ou sur le statut des enseignants se sont imposés comme des objets centraux dans l'oeuvre de reconstruction politique, sociale et culturelle de la période révolutionnaire. Par la suite, et dès le Directoire, le débat sur l'école est confisqué par des spécialistes. 

Aujourd'hui, il me semble que la France possède plusieurs modèles issus de cette histoire riche et contradictoire, qui se chevauchent, suscitant souvent crispations et malentendus. Le brouillage est total et personne ne sait, faute d'une explicitation des enjeux sur le rôle des enseignants et la fonction assignée à l'école, ce que l'on veut faire de tout cela... 

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