Elections municipales 2014. Louis Vogel : "Pourquoi je suis candidat à Melun"

Camille Stromboni Publié le
Elections municipales 2014. Louis Vogel : "Pourquoi je suis candidat à Melun"
Louis Vogel - ancien président université Paris 2 Assas - candidat aux municipales - Fév 2014 © C.Stromboni // © 
Ancien président de l’université Paris 2 Assas, du pôle Sorbonne Universités et de la CPU (Conférence des présidents d’université) : le professeur de droit Louis Vogel a occupé de nombreuses responsabilités dans le monde universitaire. Il s’attaque désormais à l’univers politique, en se présentant aux élections municipales 2014 à Melun, sur un ticket commun avec le maire sortant UMP, Gérard Millet. Entretien.

Pourquoi êtes-vous candidat aux élections municipales 2014 à Melun ?

C'est à l'occasion de mes fonctions à l’université Paris 2 que j'ai découvert Melun. Pendant six ans, j'ai en effet travaillé avec la municipalité autour de notre centre universitaire de droit et d'économie, qui comptait au départ quelques centaines d’étudiants et en réunit désormais 1.800.

C'est aussi la suite naturelle de mes fonctions universitaires. Sans les collectivités, l'université ne peut pas faire grand-chose. C'est l'un des axes de notre programme : faire de Melun une vraie ville universitaire. Notamment en ouvrant un nouvel institut, cette fois-ci sur la santé, ce qui correspond aux besoins du bassin d'emploi.

Le principe serait le même que pour l’institut de droit : un centre rattaché à une université parisienne. C'est ça l'intelligence qu'a eu Melun : ne pas s'autonomiser comme l'ont fait d'autres antennes de banlieue, et ce dans l'intérêt des deux parties. L’université parisienne peut trouver de nouveaux locaux. Pour les étudiants, cela leur permet de suivre trois années d’études près de chez eux et de manière très encadrée, en effectif réduit, avant de rejoindre une grande université parisienne en master. Cela fonctionne très bien.

Mon engagement aux élections municipales est la suite naturelle de mes fonctions universitaires

Le monde politique vous semble-t-il plus dur que celui de l’université ?

La politique universitaire est aussi un monde très dur ! Il faut évidemment aimer ça, avoir la vocation. Je me suis toujours battu pour certaines idées. Le pays a besoin de se réformer. La politique me semble donc le prolongement de mon engagement dans le monde universitaire. Avoir été président m'a donné envie d'aller plus loin.

Ces deux univers se ressemblent tout de même comme deux gouttes d’eau. Avoir des objectifs, les réaliser, manager des équipes… Dans les deux cas, il faut se battre pour quelque chose. Et l'on arrive à rien tout seul : il faut convaincre, rassembler, créer un mouvement et réussir à toucher les gens pour qu'ils croient en vous.

En revanche, l’échelle n’est pas la même : on sort du bocal universitaire avec des préoccupations bien plus larges.

L'enseignement supérieur et la recherche ne sont justement pas des missions clés pour les municipalités…

La communauté d'agglomération est compétente sur l'université. C'est par exemple elle qui gère une partie des personnels du centre universitaire de Melun. Les collectivités sont fondamentales dans le système.

Mais je ne suis pas "M.Université" : s’il s’agit d'un élément important du programme, nos grands thèmes sont le développement économique, l'emploi, la fiscalité locale, le cadre de vie, la sécurité.

Pensez-vous revenir ultérieurement à des responsabilités universitaires, notamment en cas d'échec ?

Non, je pense en avoir fait le tour et espère poursuivre dans le monde politique. Nous faisons un ticket commun avec le maire, dont je deviendrai le premier adjoint. Il est aussi prévu que le temps venu, je prenne sa suite. Mais je suis bien conscient que rien n’est gagné d’avance.

Ce qui ne m’empêche pas de poursuivre ma vie d’universitaire : j’enseigne et je continue mes recherches. Egalement comme directeur de l'institut de droit comparé de Paris 2 et du master 2 dans ce domaine.

La réforme des universités est à l'arrêt : il faut la reprendre et la poursuivre. Les universités sont loin d’être autonomes pour l’instant

De nombreuses d'universités sont en grande difficulté budgétaire. La loi sur l’autonomie mise en place par le gouvernement UMP en 2007 est pointée du doigt par certains comme la cause de ces situations. Qu’en pensez-vous ?

La réforme des universités est à l'arrêt : il faut la reprendre et la poursuivre. Les universités sont loin d’être autonomes pour l’instant, il faut aller au bout du mouvement car la France n’a toujours pas les grandes universités qu’elle mérite.

Mais dire que les difficultés des universités aujourd'hui sont dues à l'autonomie, ce n'est pas correct. Il faut bien dissocier l’autonomie, sur laquelle il ne faut surtout pas revenir, au contraire, et les moyens. Ces deux sujets cruciaux sont totalement différents.

Les universités ont besoin d’un réel effort financier de l’Etat. Le gouvernement, quel qu’il soit, doit en prendre conscience. Valérie Pécresse est allée dans la bonne direction : il n'y a jamais eu autant d'argent pour l'université, même si l’investissement n’est jamais suffisant. Mais aujourd'hui c’est pire. Si nous faisions le même effort financier que sous Valérie Pécresse pour les universités, cela irait très bien.

Camille Stromboni | Publié le