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Éléonore de Lacharrière (déléguée générale de la fondation Culture & Diversité) : « Près de 11.600 écoliers, collégiens, lycéens et étudiants ont bénéficié de nos programmes »

Propos recueillis par Sophie de Tarlé Publié le
Éléonore de Lacharrière (déléguée générale de la fondation Culture & Diversité) : « Près de 11.600 écoliers, collégiens, lycéens et étudiants ont bénéficié de nos programmes »
Eléonore de Lacharriere // © 
Créée en 2006 par Marc Ladreit de Lacharrière, P-DG de Fimalac, la fondation Culture & Diversité a pour objectif de promouvoir la culture auprès de publics défavorisés. Elle vient de fêter ses 5 ans au théâtre du Rond-Point en présence de nombreuses personnalités (Jacques Chirac, Simone Veil, Luc Chatel, François Hollande, Jamel Debbouze…) et des bénéficiaires de la fondation. L’occasion de dresser le bilan de cette fondation avec la fille du fondateur, Éléonore de Lacharrière, qui en est déléguée générale.

Comment la fondation Culture & Diversité a-t-elle vu le jour ?

Fondation d’entreprise de Fimalac, elle prolonge l’activité de mécénat menée par cette société depuis le début des années 90. Fimalac est un grand mécène du Louvre, et Marc Ladreit de Lacharrière a été le vice-président jusqu’en 2003 de la fondation Agir contre l’exclusion (Face) créée par Martine Aubry. Il finance aussi la société de production audiovisuelle Elemiah, qui a produit le téléfilm Aïcha (France 2), et dont l’objectif est de promouvoir la représentation dans les médias des personnes issues de l’immigration. La fondation Culture & Diversité ne remplace pas ces programmes, mais les complète. L’objectif est de se doter d’un outil opérationnel afin de favoriser les arts et la culture pour des jeunes issus de l’éducation prioritaire en créant une passerelle entre le milieu culturel et l’éducation. Cette fondation est dotée d’un budget de 15 millions d’euros, et nous sommes trois à y travailler à plein temps.

Quel est le bilan de la fondation au bout de cinq ans d’existence ?
 
La fondation s’est développée sur deux axes : la cohésion sociale (découverte et pratique du théâtre, de la musique symphonique, de la danse) et l’égalité des chances (information et préparation aux grandes écoles artistiques et culturelles). Elle a été lancée en 2006 avec trois partenaires : l’École du Louvre, le théâtre du Rond-Point et l’association La Source. Aujourd’hui, elle compte 13 programmes et 30 partenaires ! Au départ, il n’y avait que 3 académies partenaires, contre 19 actuellement et 157 établissements scolaires. Près de 11.600 écoliers, collégiens, lycéens et étudiants ont  bénéficié des programmes de la fondation. Un exemple : aujourd’hui les écoles d’architecture ne comptent que 0,46 % d’élèves de bacs professsionels. Nous aidons des lycéens en bac pro et en bac technologique à intégrer une école d’architecture grâce à six écoles partenaires. Nos candidats réussissent cinq fois mieux en moyenne à ces concours d’entrée. Pourtant, ils passent le même concours que les autres. Sur 24 candidats présentés, 13 ont été admis en école d’architecture. Nous travaillons aussi avec l’APPEA (Association nationale des classes préparatoires publiques aux écoles supérieures d’art). Nous avons financé leur site, et avons organisé ensemble un concours d’entrée commun pour nos candidats. Sur les 9 qui ont passé le concours, 8 ont été sélectionnés en prépa. La fondation prend en charge les frais d’inscription aux concours et distribue des bourses équivalentes à celles du CROUS.

Comment a-t-elle évolué au fil du temps ?

Nous avons multiplié le nombre de programmes mis en place, étendu notre action à la France entière et approfondi chacun des programmes existants. Nous insistons également davantage sur l’accompagnement des jeunes une fois intégrés dans l’école, en étant à l’écoute des élèves. Car, s’il est difficile d’entrer dans ces écoles, il est aussi difficile d’y rester et de trouver du travail par la suite. Nous proposons des bourses, du tutorat, du matériel, une aide au logement, à l’insertion. Ainsi le musée d’Orsay va leur proposer dix emplois saisonniers, et France Télévision, cinq offres de stage. Nous avons en outre élaboré un réseau social qui leur est réservé afin de favoriser l’entraide et de créer une communauté. Enfin, nous nous sommes adressés à Frateli, spécialiste du parrainage, afin qu’ils aient des parrains (architectes, artistes, réalisateurs…) qui les suivent. Nous organisons aussi une fois par mois une sortie culturelle au théâtre, au concert.

Quels sont vos derniers projets ?

Cette année nous avons mené cinq nouveaux projets : deux nouveaux programmes d’accès à la culture (un programme de sensibilisation à la musique symphonique avec l’orchestre Colonne et un trophée d’improvisation parrainé par Jamel Debbouze avec la compagnie Déclic Théâtre) et trois nouveaux programmes d’égalité des chances dans l’accès aux grandes écoles de la culture (la classe préparatoire intégrée à l’INP-Institut national du patrimoine), une aide à l’entrée en écoles de journalisme, avec la classe préparatoire égalité des chances de l'ESJ Lille/Bondy Blog, ainsi qu’un manuel pour sensibiliser les jeunes au métier du journalisme et un programme de stage international en partenariat avec l’Unesco pour des jeunes diplômés des écoles d’arts appliqués. L’année prochaine, nous prévoyons, en partenariat avec la mairie de Paris, de lancer un nouveau programme d’égalité des chances en accompagnant des collégiens en ZEP à Paris vers les prestigieuses écoles Estienne, Boulle et Duperré.

Propos recueillis par Sophie de Tarlé | Publié le