EdTech Israel affiche bientôt trois ans d'existence. Pourquoi avez-vous pris cette initiative ?
Je suis parti d'un constat simple : alors qu'Israël est extrêmement bien positionné dans le secteur high-tech et en matière d'entrepreneuriat, son secteur EdTech n'apparaissait pas sur les radars il y a encore quelques années. Or le potentiel israélien est très élevé dans ce domaine. Notre base de données totalise pas moins de 126 start-up EdTech dans le pays. Et la grande majorité d'entre elles visent d'emblée le marché mondial, car dans ce domaine d'activité aussi, les débouchés domestiques restent trop étroits.
D'où l'idée de créer cette organisation ombrelle, dont le but est de mettre en contact la communauté EdTech israélienne avec des entrepreneurs, investisseurs ou partenaires internationaux.
Quelles ont été vos principales actions ?
Nous avons travaillé dans deux directions. En créant d'abord le premier sommet israélien de l'Edtech, qui a été lancé en juin 2016 à Tel-Aviv, avec la participation de 48 jeunes pousses. La seconde édition aura lieu en juin prochain, avec 60 start-up attendues et en présence d'acteurs venus de Chine ou des États-Unis.
Notre seconde priorité est la mise en place de délégations israéliennes d'EdTech à l'étranger. Nous avons ainsi convaincu les pouvoirs publics israéliens d'investir pour la première fois dans un pavillon national lors du dernier Bett Show, le grand rendez-vous de l'EdTech qui s'est déroulé fin janvier à Londres, avec une bonne vingtaine d'intervenants venus de la Silicon Wadi.
Pour l'heure, nous avons principalement initié des contacts avec des prospects du côté du Brésil, de la Chine, du Brésil ou de l'Inde, mais un partenariat avec la communauté EdTech francophone fait aussi partie de nos objectifs.
Existe-t-il une spécificité israélienne dans ce secteur ?
Il y a deux particularités. Comme je l'ai déjà mentionné, les EdTech israéliennes se sont pour l'essentiel tournées dès le premier jour vers l'international en raison de l'étroitesse du marché israélien (8,5 millions d'habitants). Ces jeunes pousses possèdent en outre une forte dimension technologique.
Nos EdTech ne se différencient en effet pas sur la production de contenus mais, le plus souvent grâce au caractère innovant de leurs algorithmes...
Nos Edtech ne se différencient en effet pas sur la production de contenus mais, le plus souvent grâce au caractère innovant de leurs algorithmes.
Quels exemples de start-up locales illustrent le plus cette dynamique ?
Je peux mentionner SenseEducation, une société de Tel-Aviv passée l'an dernier par les rangs de l'accélérateur américain Y Combinator, qui compte une quinzaine de collaborateurs, dont six chercheurs titulaires d'un doctorat. Grâce à l'intelligence artificielle, cette start-up tente de répondre à une problématique répandue dans le secteur de l'éducation supérieure en ligne : la possibilité pour les enseignants (ou les correcteurs) de fournir à grande échelle un retour personnalisé, apportant une réelle valeur ajoutée aux étudiants.
À quels défis l'écosystème EdTech israélien est-il confronté ?
Notre plus grand défi reste celui du financement. Certes quelques EdTech israéliennes génèrent des revenus. E-Teacher, académie digitale de langues pour adultes qui existe depuis déjà seize ans, revendique un chiffre d'affaires de 21 millions de dollars et propose des cours en ligne payants à 30.000 étudiants partout dans le monde. Le mois dernier, deux autres sociétés israéliennes – CodeMonkeys, une interface basée sur le jeu pour apprendre à coder aux enfants, et TinyTap, qui aide parents et enseignants à créer des applications interactives – ont chacune levé 1,5 million de dollars.
Les fonds d'investissements restent frileux même si de nouvelles perspectives semblent se dessiner, avec la montée en puissance des fonds spécialisés dans l'impact social.
Mais les fonds d'investissements restent frileux. Même si de nouvelles perspectives semblent se dessiner, avec la montée en puissance des fonds spécialisés dans l'impact social. Des investisseurs tels que Quartet Ventures (Australie) ou EduLab (Japon) ont également montré leur intérêt pour les EdTech israéliennes.
Quelle est l'institution académique israélienne la plus entreprenante dans ce domaine ?
L'université de Tel-Aviv, qui est le partenaire académique du sommet de l'EdTech israélien, s'est montrée particulièrement dynamique. Cette institution est notamment à l'origine de la création, en juillet dernier, de Minducate, un centre de recherche interdisciplinaire spécialisé dans les sciences de l'apprentissage. Il s'agit d'une collaboration entre son école des neurosciences et Tel-Aviv University Online, le centre pour l'innovation dans l'apprentissage de l'établissement.
Les premiers projets sélectionnés concernent l'amélioration des problèmes de langue et de dyslexie à l'aide de la réalité augmentée, l'intégration de robots dans de petits groupes d'apprentissage ou un système basé sur l'intelligence artificielle pour des cours à audience multiples. Une démarche holistique, qui aura aussi un pendant entrepreneurial.
Du 14 au 19 mai 2017, EducPros organise son deuxième voyage d'étude en Israël. L'objectif : mettre en relation les universités et les grandes écoles françaises avec l'écosystème d'innovation israélien.
Au programme : visites du Technion, de l'Institut Weizmann, de l'université hébraïque de Jérusalem, de l'incubateur MindCet, du Jerusalem Venture Partners, mais aussi des échanges avec des patrons de start-up innovantes et le French Tech Hub.
Programme complet de la #LexSN et inscriptions.