François Paquis (président de l’Association des secrétaires généraux) : «Sur les primes et les référentiels, certaines universités ont pu déraper, mais les inégalités de départ jouent beaucoup»

Propos recueillis par Fabienne Guimont Publié le
Secrétaire général de Paris-Descartes, François Paquis a également exercé cette fonction à l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. Il participe à plusieurs groupes de travail au ministère de l’Enseignement supérieur et préside l’Association des secrétaires généraux (ASG) où son mandat s’achève au printemps 2013. Il revient pour EducPros sur les raisons qui expliquent les difficultés financières rencontrées par certaines universités.

Comment avez-vous établi votre budget 2012 à Paris-Descartes ?

Nous n’avons pas eu de difficultés particulières pour monter un budget en équilibre. Depuis que nous sommes passés aux RCE [responsabilités et compétences élargies], nous avons eu une gestion prudente de notre masse salariale. Concernant les primes d’excellence scientifique (PES), les montants ont été conservés, soit 3.600€ pour les maîtres de conférences et 6.000€ pour les professeurs, alors qu’on peut aujourd’hui monter jusqu’à 15.000 €. Les primes des BIATOS ont augmenté de 30%, mais nous avions préalablement calculé ce que cela représentait.

Le repyramidage des emplois s’effectue à coût constant, et non à effectifs constants. Concernant le référentiel d’activités des enseignants-chercheurs, nous avons défini une enveloppe pour répartir les primes.

Pour les universités en difficulté, est-ce un problème de gestion ou un problème de transfert de moyens de la part de l’État ?

Sur les primes et les référentiels, certaines universités ont pu déraper. Des créations de postes ont pu entraîner une dérive, mais les inégalités de départ entre universités, au moment de l’autonomie, jouent beaucoup. Les dotations en BIATOS, par exemple, fluctuent de 80 à 110% selon les établissements : tous ne sont donc pas au même niveau pour anticiper l’autonomie. Pour calculer les dotations au moment du passage aux RCE, l’État a fait une photographie des emplois à l’année n-1, sans que les établissements connaissent cette règle du jeu. Les universités qui n’avaient pas saturé leurs emplois l’année précédant l’autonomie mais l’ont fait l’année suivante ont rencontré des difficultés.

L’autonomie a également été assez coûteuse pour les universités qui ont dû investir dans des services de contrôle de gestion, des bureaux d’aide sociale, le recrutement de cadres en RH, finance, etc. Ces fonctions nouvelles sont plus facilement absorbées dans des universités de grande taille. Les difficultés qu’on connaissait déjà dans les universités nouvelles, de taille souvent restreinte, sont amplifiées par la masse salariale. Leur fond de roulement est moins élevé et elles sont plus vite en difficulté.

Avez-vous les moyens de votre autonomie ? Quelles ont été vos priorités depuis trois ans ?

Nous avons augmenté la dotation des laboratoires, lancé des appels à projets pédagogiques et de recherche et augmenté les BIATOS, mais nos marges de manœuvre se réduisent. À l’avenir, si nos dotations n’augmentent pas au même rythme que l’inflation, nous ne pourrons plus financer ces projets à la même hauteur.

Le système de répartition Sympa est-il utilisé pour répartir les dotations entre établissements ?

Sympa a tourné en 2009 où il y avait de véritables augmentations de budget, tant en masse salariale qu’en fonctionnement. En 2010, la CPU [Conférence des présidents d’université] a demandé des modifications pour mieux prendre en compte les besoins des universités de petite taille avec des minima fixés pour celles de moins de 10.000 étudiants.

Même si ce système n’est pas avantageux pour Paris-Descartes, je trouve normal d’équilibrer pour que des universités aient les moyens de vivre et pour faire vivre la politique d’aménagement du territoire. Il n’est pas possible de réduire le paysage à dix grandes universités. En 2012, on ne connaît pas les clés de répartition des budgets entre établissements. Je ne pense pas qu’il y ait des diminutions par rapport à l’an passé, mais les dotations ne suivent pas l’inflation : en pouvoir d’achat réel, on est en décroissance.

À Bercy, Laurent Wauquiez a parlé de « culture du résultat » diffusée aux universités…

La culture du résultat a été appliquée la première année, en 2009.

Propos recueillis par Fabienne Guimont | Publié le