Françoise Moulin Civil (rectrice de Lyon) : "Il faut estomper les contrastes territoriaux dont souffre l'académie"

Sophie Blitman Publié le
Françoise Moulin Civil (rectrice de Lyon) : "Il faut estomper les contrastes territoriaux dont souffre l'académie"
Françoise Moulin Civil // DR // © 
Rectrice de Lyon depuis la rentrée 2012, Françoise Moulin Civil dresse un panorama de cette académie dotée de quatre universités et de multiples écoles. Elle affiche ses priorités : assurer un continuum pour l'ensemble du système éducatif et réduire les inégalités territoriales. Nouveau volet de notre série d'entretiens avec les recteurs nommés depuis mai 2012.

Présidente de l'université de Cergy-Pontoise de 2008 à 2012, vous connaissez bien l'académie de Versailles. Dans quelle mesure arriver à la tête de l'académie de Lyon a-t-il été pour vous un changement important ?

Il n'y a pas deux académies qui se ressemblent. Celle de Versailles, dont je venais, a pour première particularité de faire partie d'une région elle-même tout à fait spécifique puisqu'il s'agit de l'Ile-de-France. Elle est aussi la plus grande académie de France en termes numériques.

De son côté, Lyon constitue le deuxième ensemble universitaire du pays : ses 160.000 étudiants représentent 7 % des effectifs nationaux. 60 % d'entre eux sont inscrits dans l'une des quatre universités de Lyon ou Saint-Etienne, 25 % dans des écoles, 12 % dans ses STS ou des CPGE et 3 % à l'université catholique de Lyon.

Au-delà des chiffres, l'académie rassemble des établissements de très bonne qualité, dans l'enseignement supérieur comme dans le secondaire. C'est un potentiel exceptionnel que je connaissais et dont j'ai pu constater la réalité sur le terrain.

Cependant, il existe d'importants déséquilibres territoriaux au sein de l'académie.

Du point de vue scolaire et universitaire, l'académie de Lyon souffre de très forts contrastes entre des territoires très urbanisés, à commencer par l'agglomération lyonnaise mais aussi Saint-Etienne et Roanne, et d'autres où il faut sans doute développer l'offre de formation, notamment à Bourg-en-Bresse et plus généralement dans l'Ain.

Mais cela ne signifie pas que nous allons multiplier les centres universitaires ! Il s'agit plutôt de répondre à des besoins de proximité, par exemple en ouvrant des formations postbac de type BTS ou CPGE. Le tout en concertation avec les collectivités territoriales et en travaillant sur le lien entre l'enseignement scolaire et universitaire.

De quelle manière entendez-vous renforcer ces liens ?

Pour moi, il existe un continuum à assurer pour l'ensemble du système éducatif, et en particulier sur le bac -3/ bac+3 qui est la clef de voûte de la réussite dans l'enseignement supérieur.

Dans le cadre des Cordées de la réussite, nous souhaitons renforcer ce qui existe déjà, comme l'a fait, par exemple, l'Insa qui a élargi ses actions au-delà de Lyon, dans des lycées de l'Ain et de la Loire.

Il s'agit aussi de travailler sur l'information et l'orientation des élèves. Outre les salons traditionnels, nous organisons pour la première fois en mars 2013 un "e-salon", un espace virtuel qui répond à un enjeu de modernisation de l'information.

Enfin, nous voulons œuvrer au rapprochement des universités et des CPGE en promouvant les échanges d'enseignants et d'étudiants. Une expérimentation de ce type est actuellement en cours à Saint-Etienne et je voudrais l'étendre. Mais il n'est pas question d'imposer ces décloisonnements : nous allons engager des actions avec un phasage très progressif et sur la base du volontariat.

 

 

Sophie Blitman | Publié le